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Braquage de G4S : la défense plaide l’acquittement


L'attaque contre le siège de la firme avait été violente. Les malfrats n'ont pas hésité à mitrailler les policiers. (Photo archives François Aussems)

Au 16e jour du procès du braquage de G4S, les avocats ont commencé par étayer leurs arguments. Ils pointent du doigt des carences dans l’instruction.

Le procès du braquage de G4S a entamé, lundi après-midi, sa cinquième semaine. Après l’audition des prévenus Anouar B. (35ans), Dogan S. (44ans), Cihan G. (31ans) et Simon S. (26ans), la semaine passée, la parole est désormais à leurs avocats. Selon la défense, l’ADN retrouvé sur les lieux du crime «ne prouve pas grand-chose».

Il y a eu des pas importants de faits dans cette recherche de vérité. Mais il reste des zones d’ombre qui nous posent certains problèmes importants.» Voilà les mots employés par Me Luc Balaes, au tout début de sa plaidoirie, hier après-midi. L’avocat de Liège à la défense du prévenu Cihan G. a félicité l’instruction minutieuse menée par la chambre criminelle durant les quatre dernières semaines d’audience. Il a toutefois pointé du doigt certaines carences dans l’instruction judiciaire. «J’ai peur que la violation de la présomption d’innocence ait joué un rôle», a soulevé l’avocat qui craint qu’on ait voulu réduire le dossier aux traces ADN.

Les traces ADN font partie du faisceau d’indices qui expliquent qu’aujourd’hui le prévenu Cihan G. comparaît devant la chambre criminelle. Or pour son avocat, «l’ADN retrouvé sur le bouchon d’essence à Garnich ne prouve pas grand-chose. La seule certitude, c’est qu’il a touché le bouchon.» Il estime que l’explication donnée par son client à la barre peut tout à fait être considérée comme «plausible» et «conforme à sa vie professionnelle» : «Pour Cihan G., les bidons d’essence sont un outil de travail. Il a son hangar. D’autres personnes ont pu manipuler le bidon.» La défense regrette donc que le hangar à Herstal, devant lequel Cihan G. garait les véhicules de sa société de déménagement, n’ait pas été perquisitionné lors de l’enquête.

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Me Balaes note, par ailleurs, que sur les lieux du crime ont été découverts au moins neufs profils ADN. Certes tous n’ont pas été identifiés, mais, selon l’avocat, il y a plus de traces que d’auteurs : «Je tiens à ce que la chambre criminelle se penche sur cette problématique.»

Quant au gilet pare-balles saisi chez Simon S. sur lequel figurait l’ADN de Cihan G., Me Balaes soulève le problème de la datation de l’ADN. Il critique aussi le fait que les enquêteurs n’aient pas vérifié la date d’achat malgré la présence d’un numéro d’identification sur le gilet.

«Nous n’avons pas de preuves manifestes»

«Nous n’avons pas de preuves manifestes», a fini par récapituler Me Balaes. Enfin, il note qu’au moment du braquage le 3 avril 2013 Cihan G. n’était pas dans une dynamique de banditisme. À l’époque, il était père de deux enfants et son entreprise aurait marché.

Après une heure et demie de plaidoiries, c’était au tour de Me Frédéric Mioli, l’avocat à la défense du prévenu Simon S. Comme son confrère, il plaide l’acquittement. «On est en présence d’un faisceau d’indices, mais aucun élément n’est indiscutable. Si on se penche sur chacun des éléments, on constate qu’ils ne sont pas suffisants pour impliquer Simon S.»

Sur les lieux du crime à Gasperich et Garnich, on n’avait pas retrouvé de traces ADN de Simon S. Or lors d’une perquisition à son domicile en juin 2013, les enquêteurs avaient saisi des chargeurs kalachnikov similaires à ceux utilisés par les auteurs du braquage. «Cette façon de scotcher les chargeurs ensemble a été popularisée par le cinéma. C’est quelque chose que n’importe quel groupe de criminels a pu savoir», soulève Me Mioli. L’avocat regrette que les chargeurs retrouvés chez Simon S. n’aient pas été analysés pour vérifier s’ils contenaient des traces de poudre. «On ne sait donc pas si ces chargeurs ont été utilisés sur une arme ayant fait feu récemment.»

Selon l’avocat, le braquage de G4S était «un coup d’une ampleur indéniable». Simon S. n’aurait pas eu le profil. «Je ne peux pas croire que des personnes prennent le risque de prendre une personne inexpérimentée», note-t-il. Le procès se poursuit cet après-midi avec les plaidoiries pour les deux autres prévenus, Anouar B. et Dogan S.

Fabienne Armborst

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