Accueil | Police-Justice | Bébé secoué : un homme de 26 ans à la barre

Bébé secoué : un homme de 26 ans à la barre


Le prévenu est poursuivi pour coups et blessures involontaires sur un nourrisson de 10 semaines ayant entraîné une incapacité permanente. Il risque la perpétuité. (illustration Editpress)

Pour le médecin légiste, le nourrisson présentait les symptômes du syndrome du bébé secoué. À la barre, le prévenu, qui risque la perpétuité, a contesté.

« Ce n’est pas vrai. » Voilà les premiers mots mardi matin à la barre du jeune homme (26 ans) poursuivi pour coups et blessures involontaires sur un nourrisson de 10 semaines ayant entraîné une incapacité permanente. Les faits reprochés remontent au printemps 2013. Le prévenu était alors le copain de la sœur de la mère du bébé.

Plusieurs pédiatres avaient examiné le nourrisson à la Kannerklinik au CHL. Il était vers 22h ce soir du 30 mai 2013, quand la victime avait été confiée aux services médicaux. La mère avait signalé que son fils respirait de façon bizarre le soir. «J’ai constaté des hématomes et un bébé qui était mou. Or à cet âge-là, les hématomes sont plutôt inhabituels», a rapporté un pédiatre qui avait examiné le nourrisson.

Outre des hématomes au niveau de l’épaule et de l’oreille, l’hypotonie et la fracture d’une clavicule, les analyses médicales avaient révélé un hématome sous-dural et trois côtes cassées. «Cet ensemble est typique du syndrome du bébé secoué», a conclu mardi matin le médecin légiste qui s’est basé sur les photos et le dossier d’instruction pour son expertise.

Le spécialiste note toutefois que les blessures ont été perpétrées en deux temps. La fracture des trois côtes et l’hématome sous-dural, typiques du le syndrome du bébé secoué, semblent en effet plus anciens que le 30 mai. «Une fois le bébé a été secoué, et une autre fois il a été victime d’autres violences qui seraient à l’origine de la fracture de la clavicule», en déduit le médecin légiste.

Une chose est néanmoins sûre pour l’expert : la version livrée par le prévenu lors de l’instruction ne correspond pas à l’ensemble des blessures diagnostiquées. Dans ses dépositions, le jeune homme explique que le 30 mai 2013 au soir, il s’était retrouvé quelques minutes seul avec le petit. Le nourrisson se serait mis à pleurer. C’est alors qu’il l’aurait sorti de son Maxi-Cosi. Mais en voulant le prendre, l’enfant aurait glissé. Il dit avoir réussi à le rattraper et éviter la chute au sol. «Si l’enfant n’est pas tombé, je ne vois pas comment la clavicule a pu se casser», complète l’expert.

De l’enquête, il ressort que l’après-midi vers 16h30, la mère s’était rendue avec son fils chez un pédiatre parce qu’il régurgitait régulièrement après ses biberons de lait. Lors de cet examen médical, le médecin n’avait relevé aucunes traces suspectes de violences.

Vers une expertise complémentaire

Le nourrisson était resté un certain temps hospitalisé à la Kannerklinik. Lors d’un contrôle en novembre 2013, le pédiatre avait pu constater un certain recul de son hypotonie. Entretemps, l’enfant a quatre ans. Mardi, le médecin légiste a déclaré qu’il est encore trop tôt pour exclure une incapacité permanente. Il faudrait attendre encore quelques années. «Le recul d’éventuelles séquelles peut durer jusqu’à l’âge de 10 ans», a précisé le médecin pédiatre à la demande de la chambre criminelle.

Trois audiences étaient prévues pour ce procès. Après l’audition des deux premiers témoins, l’enquêtrice du service protection de la jeunesse de la police judiciaire aurait dû être entendue. Or après une courte suspension, la 13e chambre criminelle a proposé de demander une expertise complémentaire. «Pour les faits qui lui sont actuellement reprochés, le prévenu risque la réclusion à vie. Mais dans le dossier, il n’y a aucune pièce attestant une incapacité de travail permanente de la victime, a constaté la présidente. La chambre criminelle aimerait donc avoir une expertise complémentaire.» Me Eric Says, l’avocat du prévenu, et la représentante du parquet ne s’y sont pas opposés.

Le procès a donc été suspendu. La chambre criminelle rendra sa décision sur la mission de l’expert le 31 mai.

Fabienne Armborst

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.