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Affaire Lunghi : le procès reprendra le 17 avril


Une chute malencontreuse a freiné l’ardeur des avocats de la défense, pourtant bien décidés à faire valoir leurs droits. (Photo : sophie kieffer)

À peine commencé, le procès de l’affaire Lunghi a été mis sur pause jusqu’à ce mercredi matin en raison d’un accident survenu à un des avocats de la défense, qui n’ont pourtant pas perdu leurs moyens.

D’abord mis sur pause, le procès est finalement repoussé

Le procès de l’affaire Lunghi a été repoussé après avoir été mis sur pause mardi. Me Vogel s’était plaint de douleurs à la jambe après une chute et avait dû être emmené à l’hôpital par les secours. Le tribunal a été informé hier que le ténor du barreau s’était cassé la jambe et ne pouvait représenter sa cliente. L’affaire a été remise pour permettre le rétablissement de l’avocat et éviter une disjonction. Elle devrait reprendre les 17, 18, 19 et 20 avril prochain face à la 7eme chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Vogel, Lutgen, Baulsich. Des grands noms du barreau qui ont usé hier après-midi de tous les moyens à leur disposition pour demander l’irrecevabilité des poursuites à l’encontre de leurs clients, prévenus dans l’affaire Lunghi. Face à eux, le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, qui ne s’en laisse pas compter non plus. Tout comme le représentant du parquet, qui a demandé à ce que ces moyens soient joints au fond pour que l’instruction de l’affaire puisse enfin débuter.

Enfin presque. Après une suspension d’audience durant laquelle les juges ont délibéré de la suite à donner aux moyens soulevés par la défense – les joindre au fond –, Me Vogel a quitté la salle d’audience, confié aux bons soins des sapeurs-pompiers. Il a dit être tombé à son domicile et avoir des difficultés à marcher. Pour éviter des complications éventuelles, il a été transporté à l’hôpital. Le procès a été interrompu. Il devrait reprendre ce matin, à moins que l’état de santé du ténor du barreau ne lui permette pas de représenter sa cliente. Auquel cas, le procès devrait alors être ajourné.

Des faits qui remontent à septembre 2016

Alain Berwick, ancien CEO de RTL Luxembourg, Steve Schmit, chef des programmes de la chaîne à l’époque des faits, ainsi que les journalistes Sophie Schram et Marc Thoma sont accusés de coups et blessures involontaires, de calomnie et de diffamation par Enrico Lunghi, ancien directeur du Mudam, le musée d’Art moderne de Luxembourg. Les faits remontent à septembre 2016. Sophie Schram interviewe Enrico Lunghi dans le cadre de l’émission de RTL Nol op de Kapp. Elle l’interroge sur le cas de Doris Drescher qui s’était plainte que les artistes luxembourgeois soient sous-représentés dans les espaces d’exposition. Une question qui aurait mis Enrico Lunghi hors de lui au point de brutaliser la jeune femme, la blessant au poignet en essayant de se saisir de son micro.

Les images sont diffusées, tronquées. Le montage ne montrait pas que la journaliste avait posé la même question encore et encore avant le coup de sang de l’ancien directeur. Un premier reportage diffusé quelques jours plus tôt ne faisait pas état de l’agression. La rédaction en chef s’y serait opposée. L’interview est finalement rendue publique dans son intégralité le 14 novembre. Mais le mal est fait. Lunghi est mis à pied, une enquête disciplinaire est lancée et l’ancien directeur finit par démissionner avant de porter plainte. Tout s’emballe : perquisitions à RTL et au CHL, commission rogatoire, audit interne à RTL… L’affaire est lancée. Les quatre prévenus sont inculpés le 20 novembre 2020.

Ils sortent les grands moyens

Aujourd’hui, Enrico Lunghi demande réparation. Il s’est constitué partie civile. Son avocat, Me Jean Lutgen, réclame plus de 50 000 euros en réparation des dommages moraux subis à la suite des faits pour atteinte à son intégrité ainsi qu’en compensation de revenus perdus et en frais de procédure pénale.

Avant lui, les avocats de la défense s’étaient succédé à la barre pour donner le ton de ce procès, s’écharpant au passage avec le président de la chambre correctionnelle, fin bretteur. Me Vogel a évoqué le libellé obscur et la violation des droits de la défense pour tenter d’obtenir la nullité de la procédure et de la citation à comparaître de sa mandante et s’est plaint que des extraits du dossier médical de la journaliste figurent dans le dossier répressif qui lui a été transmis alors qu’une décision de la chambre du conseil de la Cour d’appel les en avait pourtant écartés. Il a dénoncé «un procès complètement absurde» et «le curieux acharnement du parquet».

«Vous voulez dire que nous avons été trop méticuleux ?»

Me Baulich s’est joint à son confrère pour demander l’irrecevabilité des poursuites. Le secret de l’instruction aurait été violé par l’épouse du plaignant, dont le livre sur l’affaire comporte des éléments comme des pages du dossier médical de Sophie Schram. En outre, il aurait contribué à ce que l’affaire soit débattue et tranchée sur la place publique. Me André Lutgen s’est rallié à eux et a, quant à lui, invoqué le dépassement du délai raisonnable et la prescription. «Vous voulez dire que nous avons été trop méticuleux?», a lancé le président. Seul Me Reisch, avocat de Steve Schmit, a gardé le silence.

Le parquet a rejeté l’ensemble de ces moyens. Il a estimé avoir enquêté à charge et à décharge et imputé la durée de la procédure à la défense elle-même malgré les protestations des avocats. Il leur a notamment reproché «d’avoir essayé de tirer la procédure en longueur par le biais de recours». L’instruction en tant que telle de l’affaire n’a donc pas pu commencer hier après-midi. Elle dépend à présent de l’état de santé de Me Vogel.

Un commentaire

  1. pouquoi travailler encore comme avocat à 86 ans ???

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