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Venezuela : match nul à l’ONU entre Moscou et Washington


La communauté internationale est profondément divisée sur la question vénézuélienne. (photo AFP)

Les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont étalé jeudi leur incapacité à s’entendre sur le Venezuela, avec le rejet de deux projets de texte, l’un américain, objet d’un rare double veto russo-chinois, l’autre russe, écarté faute de voix suffisantes.

« C’est un échec collectif, de nous quinze assis à cette table, car nous sommes tous venus ici aujourd’hui en sachant que nous ne parviendrions pas au consensus nécessaire à l’adoption d’une résolution », a résumé l’ambassadeur indonésien, Dian Triansyah Djani, dont le pays, membre non permanent du Conseil, s’est abstenu lors des deux scrutins. « C’est une perte de temps », a confirmé un diplomate sous couvert d’anonymat. « Ça ne sert à rien », a renchéri une autre source en se demandant pourquoi les États-Unis avaient voulu un vote sur leur texte, entraînant une contre-proposition russe.

Outre la Russie et la Chine, l’Afrique du Sud a aussi voté contre le projet américain qui appelait à des élections présidentielles « libres, justes et crédibles » et à des « livraisons d’aide humanitaire sans entraves » au Venezuela. Il aurait été sans précédent à l’ONU et revenait à « limoger un président », Nicolas Maduro, s’est insurgé l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia. « L’objectif, c’est le changement de régime », a dénoncé le diplomate russe.

C’était un « texte a minima », a jugé au contraire l’ambassadeur du Pérou, Gustavo Meza-Cuadra, qui a voté en sa faveur avec les États-Unis, les cinq membres européens du Conseil (France, Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Pologne), le Koweït et la République dominicaine. Trois pays se sont abstenus : la Guinée équatoriale, la Côte d’Ivoire et l’Indonésie.

Dénonciation des «menaces de recourir à la force»

L’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre, a plaidé en vain pour un texte qui « ne représentait pas une base légale pour un recours à la force, pas plus qu’une atteinte à la souveraineté du Venezuela ».

Le texte russe, qui visait à dénoncer « les menaces de recourir à la force » contre Caracas, agitées régulièrement par les États-Unis, n’a recueilli de son côté qu’un soutien de quatre pays (Russie, Chine, Afrique du Sud, Guinée équatoriale), un score faible. Les États-Unis, les cinq Européens et le Pérou ont voté contre. Quatre pays se sont abstenus : Indonésie, Koweït, République dominicaine et Côte d’Ivoire.

En ayant voté contre le texte américain, la Chine et la Russie « continuent de protéger (Nicolas) Maduro et ses acolytes et de prolonger les souffrances du peuple vénézuélien », a regretté l’émissaire américain pour le Venezuela, Elliott Abrams.

Interrogé pour savoir si le départ de Nicolas Maduro, selon les États-Unis, était une question de jours ou de mois, il a répondu : « Nous espérons dès que possible.

« Comme attendu, le double rejet des deux textes à l’ONU a illustré la profonde division internationale sur le Venezuela. Juan Guaido, qui s’est autoproclamé président par intérim le 23 janvier, est soutenu par une cinquantaine de pays, dont les États-Unis, le Brésil ou la Colombie et une majorité des membres de l’Union européenne. Nicolas Maduro, qui a succédé en 2013 au défunt président Hugo Chavez et entamé un deuxième mandat le 10 janvier, est appuyé de son côté par un nombre équivalent de pays, incluant la Russie, la Chine, l’Iran, la Corée du Nord, la Syrie ou Cuba.

AFP

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