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Un navire américain à Cuba, pour une croisière inédite en 50 ans


Des Cubains observent l'arrivée du premier navire de croisière américain en un demi-siècle au port de La Havane, le 2 mai 2016. (Photo : AFP)

Cuba a accueilli lundi son premier navire de croisière américain en un demi-siècle, à la faveur du rapprochement diplomatique entre Washington et La Havane, synonyme d’arrivée de nouveaux touristes sur l’île communiste.

Peu avant 10H30 heure locale, le paquebot Adonia de la compagnie Fathom, filiale du groupe américain Carnival, a accosté à La Havane, sous un ciel ensoleillé et devant une foule de curieux agitant des drapeaux des deux pays. Son arrivée a été accueillie avec émotion par les Cubains suivant son entrée dans le port, en ce lundi férié sur l’île communiste.

«Pour moi, c’est incroyable, très émouvant», a confié Yaney Cajigal, danseuse de 32 ans venue attendre sa nièce qui voyageait à bord du navire. Ces passagers du paquebot, «nous les accueillons avec les drapeaux de Cuba et des États-Unis pour que tout soit union, paix et tranquillité», ajoute-t-elle.

Parti la veille de Miami, bastion de la diaspora cubaine aux États-Unis, l’imposant bâtiment de douze étages, avec 700 passagers à bord, réalisera une croisière d’une semaine autour de l’île. Des activités culturelles sont prévues dans plusieurs ports, notamment Cienfuegos jeudi et Santiago de Cuba vendredi: rencontres avec des artistes et musiciens, cours de danse et visites guidées. Un voyage facturé 1 800 dollars pour une cabine, jusqu’à 7 000 pour une suite.

«Entrer dans l’histoire et préparer un meilleur avenir pour tous est l’un des plus grands honneurs pour une entreprise», avait déclaré dimanche le président de Carnival, Arnold Donald, sur le port de Miami, alors que les passagers montaient à bord au son d’un orchestre de musique cubaine. Il s’agit en effet de la première entreprise à être autorisée, à la fois par les États-Unis et par Cuba, à naviguer entre les deux pays qui avaient interdit ces voyages après la révolution cubaine en 1959.

Afflux de touristes ?

Les deux anciens ennemis de la Guerre froide ont rétabli leurs relations diplomatiques en 2015, mais leurs échanges commerciaux et touristiques restent conditionnés à l’embargo américain en vigueur depuis 1962, malgré les protestations de La Havane. Le Congrès américain, dominé par les républicains, refuse pour l’heure de lever cet embargo économique. Certaines des restrictions ont toutefois été levées et la croisière, que Fathom prévoit de réaliser deux fois par mois, pourrait donner le coup d’envoi à un afflux de touristes sur l’île.

Dans quelques mois, ce sont les vols commerciaux réguliers qui devraient reprendre entre les deux pays, dans la limite de 110 vols quotidiens. Ces voyages profiteront d’abord aux deux millions de Cubains réfugiés aux Etats-Unis tandis qu’à Cuba, beaucoup espèrent que l’arrivée de ces nouveaux touristes dopera l’économie de l’île et leurs maigres revenus. Les touristes américains ne peuvent toujours pas se rendre individuellement sur l’île, mais l’administration Obama a assoupli les restrictions pour les voyages à but éducatif, culturel, sportif ou religieux.

L’an dernier, ils ont été 160 000 à voyager sur l’île communiste, 57% de plus qu’en 2014. En mars, la plateforme d’hébergement chez l’habitant Airbnb a obtenu le feu vert du gouvernement américain pour accepter à Cuba les réservations de clients du monde entier. Elle propose déjà 4 000 offres sur l’île. La chaîne hôtelière Starwood, qui détient Le Meridien, le Sheraton, W, Westin, a également conclu des accords avec les autorités cubaines portant sur des millions de dollars d’investissements.

Le groupe hôtelier va en outre gérer l’hôtel Inglaterra, ouvert en 1875 et disposant de 83 chambres en plein cœur de La Havane, qui va rejoindre son portefeuille de propriétés de luxe.

Le Quotidien/AFP

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