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Syrie : la diplomatie patine à Genève, violences sur le terrain


Un homme prend une photo des ruines de la ville frontalière d'al-Babn, reprise par les rebelles à l'EI, le 23 févier 2017. (Photo : AFP)

Attentat suicide, bombardements du régime: plusieurs dizaines de rebelles ont été tués en Syrie au moment où les belligérants réunis par l’ONU à Genève tentent péniblement d’amorcer des discussions pour un règlement du conflit.

Vendredi matin, un kamikaze a tué au moins 42 personnes, en majorité des rebelles, en faisant exploser sa voiture piégée dans une localité près d’Al-Bab, dans le nord de la Syrie. Al-Bab, fief des jihadistes du groupe Etat islamique, avait été repris la veille par les insurgés. Le bilan pourrait encore s’alourdir car «il y a des dizaines de blessés dont certains se trouvent dans un état critique», a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Par ailleurs, une trentaine de rebelles ont aussi été tués jeudi dans des raids aériens du régime syrien à l’ouest de la métropole d’Alep (nord), reconquise fin décembre par les forces de Damas. «Le régime veut renforcer ses positions autour d’Alep et prend les tirs de roquettes des rebelles comme prétexte pour bombarder leurs positions et tenter de les chasser des banlieues», a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

En dépit d’un cessez-le-feu conclu fin décembre sous les auspices de la Russie, alliée de Damas, et de la Turquie, soutien de l’opposition, la violence n’a jamais réellement cessé en Syrie. Le cessez-le-feu ne concerne pas les groupes jihadistes, particulièrement l’EI, qui opèrent sur le théâtre syrien, mais il est censé s’appliquer au régime et à l’opposition armée. La guerre en Syrie, commencée après la répression sanglante de manifestations prodémocratie en mars 2011, a fait plus de 310.000 morts et provoqué le déplacement de la moitié de la population, soit 13 millions de personnes.

Réunions et conciliabules

Alors que ce conflit, devenu international avec l’implication de dizaine de pays, entrera dans quelques jours dans sa septième année, les représentants des belligérants sont à Genève pour tenter d’amorcer un règlement sous l’égide de l’ONU. Ces pourparlers ont été présentés par l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura comme une «opportunité historique» de mettre fin au conflit. Ils ont officiellement été lancés jeudi, mais semblent déjà s’enliser dans des questions de procédure avant même d’avoir réellement commencé.

L’infatigable et souriant Staffan de Mistura, qui a déjà organisé en 2016 trois sessions de négociations indirectes, toutes soldées par un échec, devait rencontrer successivement vendredi les représentants du régime et de l’opposition pour les convaincre d’entrer dans la discussion, et si possible en face à face. Il aura fort à faire, compte tenu de la tension palpable entre les deux parties, et du fossé immense qui les sépare après six années de conflit. Lors de la cérémonie d’ouverture jeudi au Palais des Nations, les deux délégations se faisaient face en silence, avec une extrême défiance.

Si le Haut comité des négociations (HCN, délégation principale de l’opposition), s’est prononcé pour des négociations directes, le régime n’a pas encore donné sa position. «C’est toujours plus efficace quand on se parle directement. Ne pas engager de discussions directes risque de retarder les choses», plaide une source occidentale. Une autre question non encore réglée porte sur la composition de la délégation de l’opposition. Des représentants du Groupe de Moscou et du Groupe du Caire, considérés comme plus modérés vis-à-vis du régime de Damas et soutenus par son allié russe, sont présents à Genève. Mais la délégation du HCN conduite par le cardiologue Nasr al-Hariri refuse qu’ils aient le statut de négociateurs. Enfin et surtout, l’ordre du jour des discussions reste une question très délicate.

La «transition politique», prévue dans la résolution 2254 du Conseil de Sécurité qui sert de base aux négociations de paix, est au coeur du débat. Mais elle n’a pas le même sens pour Damas et ses alliés russe et iranien d’un côté, pour l’opposition de l’autre. «Dans l’esprit des Russes et du régime, on met en place un gouvernement d’union nationale, Bachar Al-Assad reste président et on fait entrer des opposants qui s’occuperont de la Chasse et des Sports. Dans l’esprit de l’opposition, il est clair que le président syrien ne peut pas rester au pouvoir», résume la source diplomatique occidentale.

Le Quotidien/AFP

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