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Retraites en France : l’heure du vote sur les motions de censure, sur fond de vives tensions


Le centriste Charles de Courson est devenu à 70 ans un farouche opposant à la réforme des retraites œuvrant pour tenter de censurer le gouvernement. (photo AFP)

À quitte ou double : les deux motions de censure contre le gouvernement d’Élisabeth Borne vont être mises au vote lundi de l’Assemblée nationale et la réforme des retraites pourrait être adoptée définitivement, malgré la colère dans le pays qui ne faiblit pas.

Le déclenchement jeudi de l’arme constitutionnelle du 49.3 par la Première ministre pour faire passer sans vote la réforme n’a fait que redoubler la contestation, qui dépasse souvent le sujet du recul de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.

Dans une manifestation à Lille dimanche soir, David Duthoit, agriculteur de 54 ans, disait son « écœurement », avec « le 49.3, les parlementaires qui ne répercutent pas la parole du peuple ». Depuis jeudi, des rassemblements organisés ou spontanés se déroulent sur tout le territoire, dans le calme ou avec des débordements.

Face à cette situation, Emmanuel Macron souhaite que la réforme « puisse aller au bout de son cheminement démocratique dans le respect de tous », a indiqué dimanche l’Élysée. Le président a rappelé les « mois de concertations politique et sociale » et les « plus de 170 heures de débat qui ont abouti sur le vote d’un texte de compromis » entre sénateurs et députés en commission mixte.

Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, estime lui que « c’est de la responsabilité » d’Emmanuel Macron « si la colère est à ces niveaux-là ».

Deux tiers des Français (68%) assurent ressentir de la colère devant l’utilisation du 49.3 par le gouvernement pour faire adopter la réforme sans vote à l’Assemblée, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié ce lundi. Ils sont autant à espérer que le gouvernement soit censuré lundi par l’adoption d’une des deux motions présentées à partir de 16 h.

Appel aux députés LR 

L’une est transpartisane du groupe LIOT et l’autre du RN. Cosignée par des députés de la Nupes, la motion LIOT (Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires) a davantage de chances d’être votée par des élus de droite défavorables à la réforme des retraites. Mais la barre de la majorité absolue de 287 voix paraît difficile à atteindre.

Il faudrait qu’une trentaine de LR, soit la moitié du groupe d’Olivier Marleix, joignent leurs suffrages à ceux de la gauche, du RN et de LIOT. Or le parti de droite a soutenu la réforme et ne veut pas « rajouter du chaos au chaos » en faisant tomber le gouvernement.

Une poignée de députés LR ont cependant indiqué qu’ils voteraient la motion LIOT, voire les deux motions. Aurélien Pradié a annoncé lundi qu’il la voterait. « Je pense que ces motions de censure peuvent être votées pour peu que quelques députés LR fassent preuve d’un peu de courage », a estimé Marine Le Pen lundi sur RTL.

Elle a renouvelé sa proposition de ne pas mettre de candidat de son parti contre les députés LR qui auraient voté la censure du gouvernement, dans l’hypothèse de nouvelles législatives à la suite d’une dissolution: « Ceux qui sont capables de s’opposer à cette réforme des retraites avec nous doivent pouvoir y trouver un intérêt ».

« Cette réforme est nécessaire », avait martelé jeudi à la tribune Elisabeth Borne, en déclenchant sous les huées son 11e 49.3. Il y aura bien « un vote », entre « ceux qui sont pour ou ceux qui sont contre la réforme », avait-elle assuré ensuite, alors que les députés n’auront finalement jamais voté l’ensemble du texte.

« Ce sera un moment de vérité » et de « clarté », a insisté durant le week-end la majorité présidentielle. Et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire de tacler « un attelage clownesque » entre « Mathilde Panot (LFI), Marine Le Pen (RN) et Charles de Courson (LIOT).

Promulgation 

La suite des événements reste incertaine tant la crise est profonde. L’intersyndicale a appelé à une neuvième journée de mobilisation, jeudi, tandis que la grève s’est durcie dans les raffineries et que les éboueurs poursuivent leur mouvement à Paris, Rennes ou Nantes.

Lundi, des arrêts de travail de surveillants sont redoutés dans les lycées, pour la première journée des épreuves de spécialité du bac 2023. En cas de retard dû à une grève des transports, il y aura aménagement du temps d’épreuve.

Le rejet probable des motions vaudra adoption définitive de la réforme, avant sa promulgation par le chef de l’État.

Même si les motions sont rejetées, la gauche n’a pas dit son dernier mot : un référendum d’initiative partagée est dans les tuyaux, et des recours au Conseil constitutionnel se préparent.

Pour le dirigeant de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, « tant que la réforme à 64 ans est proposée, il faut continuer » la mobilisation.

Une intervention d’Emmanuel Macron pourrait avoir lieu dans les prochains jours.

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