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Régionales : les Français aux urnes, vers une abstention record


L'abstention risque pourtant d'être le grand vainqueur de ce premier tour, au moment où la vie retrouve un semblant de normalité. (Photo AFP)

Les Français ont commencé à voter dimanche pour le premier tour des élections régionales et départementales. Un double scrutin menacé par une abstention record lors duquel le Rassemblement national espère remporter la première région de son histoire.

Quelque 48 millions d’électeurs sont appelés aux urnes jusqu’à 18H00, 19H00 ou 20H00, selon les communes, pour ce dernier rendez-vous électoral avant la présidentielle dans dix mois. Même si l’épidémie du Covid-19 est en net recul, un protocole sanitaire strict a été mis en place lors de ce scrutin, repoussé de trois mois à cause de la crise sanitaire.

Le Premier ministre Jean Castex, qui a reçu sa deuxième injection d’AstraZeneca samedi, a rempli son devoir d’électeur vers 09h45 dans son fief de Prades, dans les Pyrénées-Orientales, où il a salué les assesseurs du poing. Le président de la République Emmanuel Macron votera à 12H00 au Touquet dans le Pas-de-Calais, le même département où son adversaire Marine Le Pen glissera un bulletin dans l’urne, à 11H30 à Hénin-Beaumont.

Les enjeux sont multiples: le RN va-t-il décrocher sa première région ? Quel avenir pour les candidats potentiels à l’Elysée, nombreux à droite ? La majorité limitera-t-elle la casse ? Quelles alliances pour le second tour dimanche 27 juin ?

L’abstention risque pourtant d’être le grand vainqueur de ce premier tour, au moment où la vie retrouve un semblant de normalité. Les instituts de sondages l’estiment autour de 60%. Le taux de participation à la mi-journée donnera de premières indications. Les compétences dévolues aux régions (transports, lycées, formation professionnelle…) et départements (collèges, RSA, aides sociales…) touchent pourtant au plus près à la vie quotidienne des Français.

Tremplin vers l’Elysée

Mais, au bout d’une campagne anesthésiée par la crise sanitaire, l’intérêt n’a jamais décollé pour un scrutin. « Si on vote pas, on n’a pas le droit d’ouvrir sa bouche », estime pourtant Pierrette Chambreuil, 74 ans, présente dès l’ouverture du bureau de vote à Saint-Georges-de-Mons, village de 2.000 habitants dans le Puy-de-Dôme.

Melissa Gendre, 27 ans, qui vient de faire ses courses, ne sait en revanche « pas de quelles élections il s’agit ». « Je n’ai plus confiance… je vote seulement pour la présidentielle », dit-elle à l’AFP. La proximité de l’élection présidentielle exacerbe les enjeux de ce scrutin qui sert parfois même de « pré-primaire ».

La sécurité s’est ainsi immiscée parmi les sujets majeurs, alors qu’elle n’est pas une compétence des régions. Deux candidats potentiels de la droite à l’Elysée, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, ont annoncé qu’ils arrêteraient la politique s’ils n’étaient pas réélus dans les Hauts-de-France et en Ile-de-France, contribuant à nationaliser l’échéance.

Le Rassemblement national compte, lui aussi, utiliser ces régionales comme tremplin pour Marine Le Pen, candidate déjà déclarée pour 2022. Favorisé par un scrutin à la proportionnelle, le RN est donné en tête au premier tour dans six régions sur treize, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca), Centre-Val-de-Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne. Dans les sondages, il talonne les présidents sortants dans les Hauts-de-France, Grand Est et en Normandie.

En 2015, l’élan du parti d’extrême droite était déjà fort à l’issue du premier tour. Mais il s’était brisé contre la digue du front républicain, dressée notamment par le sacrifice du Parti socialiste en Paca et dans les Hauts-de-France.

Tractations

Cette fois, les partis traditionnels semblent plus réticents à s’effacer complètement pour les six prochaines années. L’entre-deux tours promet des tractations intenses, jusqu’au dépôt des listes mardi 18h00, avec des triangulaires et quadrangulaires à prévoir. Le psychodrame en Paca, où le rapprochement entre le président LR sortant Renaud Muselier avec LREM a précipité la droite dans une crise ouverte, a donné un avant-goût des empoignades à venir.

Il y a six ans, la droite et le centre étaient parvenus à conserver sept régions et le PS cinq. Depuis, ces deux grandes forces de gouvernement ont dévissé au niveau national, mais comptent sur leur ancrage local pour limiter les dégâts. Les ex-LR Valérie Pécresse et Xavier Bertrand restent bien placés, tout comme Laurent Wauquiez, autre postulant possible à l’Elysée, en Auvergne-Rhône-Alpes.

La position du PS est plus précaire, alors que les Verts comptent profiter de la dynamique qui les a portés à la tête de plusieurs grandes villes aux municipales. Les écologistes misent notamment sur un succès en Pays de la Loire avec Matthieu Orphelin. La majorité présidentielle aborde le scrutin avec des ambitions modestes, avec le ministre Marc Fesneau, un MoDem comme principal atout dans le Centre-Val-de-Loire. La majorité cultive surtout l’espoir de se placer en position de faiseurs de rois.

En cas de grosse claque, la question d’un remaniement gouvernemental risque de se poser, alors qu’Emmanuel Macron doit exposer début juillet la feuille de route pour la dernière année de son quinquennat qu’il souhaite « utile ».

Pour les élections départementales, le scénario est identique: les sortants devront faire face à la poussée du RN, qui là non plus ne détient aucun département. Cinq collectivités d’outre-mer – Mayotte, la Réunion, la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique – sont également appelées aux urnes pour renouveler les élus de leur département, régions ou collectivité territoriale.

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