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Réfugiés : l’UE propose une aide humanitaire inédite à des États membres


Des réfugiés à la frontière gréco-macédonienne, le 1er mars. (photo AFP)

Pour la première fois, l’UE a proposé mercredi un budget humanitaire inédit de 700 millions d’euros pour aider ses Etats membres en première ligne face à l’afflux massif de migrants, comme la Grèce, où quelque 10.000 personnes sont toujours bloquées à la frontière macédonienne.

Les restrictions décidées récemment par les pays situés sur la route des Balkans ont piégé en Grèce des milliers de migrants, faisant planer, selon l’Onu, la menace d’une crise humanitaire imminente.

Lors d’une visite à Madrid, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a à nouveau dénoncé mardi soir les restrictions imposées aux migrants aux frontières dans les Balkans, qui ne « sont pas conformes au droit international ou à la décence humaine ». Selon le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 131.000 migrants sont arrivés en Europe par la Méditerranée depuis début janvier, davantage que pour les cinq premiers mois de 2015.

Incapables d’apporter une réponse coordonnée, les Européens n’en finissent plus de se déchirer alors que les flux sont loin de diminue. La quasi-totalité sont venus par la Grèce, principale porte d’entrée dans l’Union, depuis les côtes turques où continuent d’affluer des demandeurs d’asile fuyant la Syrie, où un cessez-le feu fragile est entré mercredi dans son cinquième jour.

« C’est une crise qui teste notre Union dans ses limites », a reconnu mercredi le président du Conseil européen Donald Tusk. Il s’exprimait lors d’une visite en Croatie, étape d’une tournée dans les Balkans qui doit s’achever jeudi et vendredi en Turquie, avant un sommet extraordinaire européen le 7 mars à Bruxelles auquel participera Ankara.

Une aide sans précédent

En attendant d’obtenir des Turcs qu’ils en fassent davantage, la Commission européenne a dévoilé mercredi un projet sans précédent: il s’agit de fournir une aide humanitaire d’urgence, non seulement à des pays tiers pauvres, mais désormais à des membres de l’UE.

« La proposition d’aujourd’hui rendra 700 millions d’euros disponibles pour fournir de l’aide là où elle est le plus nécessaire », a déclaré le commissaire européen chargé de l’Aide humanitaire, Christos Stylianides, proposant 300 millions d’euros pour 2016, et 200 millions par an les deux années suivantes. L’aide pourra être mobilisée pour tout pays en difficulté exceptionnelle.

Mais elle « ira, dans une large mesure, vers la Grèce, parce que c’est là que nous avons la crise humanitaire la plus grave », a assuré M. Stylianides, appelant les Etats membres et le Parlement européen, autorités budgétaires de l’UE, à soutenir « rapidement » sa proposition. Athènes, confrontée à une situation dramatique à sa frontière avec la Macédoine, où quelque 10.000 migrants sont bloqués par les restrictions imposées par les pays voisins, a évalué ses besoins à 480 millions d’euros pour organiser l’accueil de 100.000 réfugiés.

Les autorités grecques ne sont « pas en mesure de faire face à l’ensemble des réfugiés qui arrivent », ont-elles prévenu, alors que le pays abrite actuellement 23.000 migrants. Skopje a laissé passer mercredi environ 250 réfugiés syriens et irakiens: un premier groupe de 170 réfugiés dans la nuit, puis 80 ont graduellement franchi la frontière.

Il s’agit des premiers groupes de migrants autorisés à traverser cette frontière, point de passage de la route des Balkans à destination des pays de l’Europe du Nord, depuis des incidents survenus lundi entre des migrants et des policiers macédoniens, qui avaient riposté au gaz lacrymogène. Alors que la Commission européenne s’est dite mardi « très inquiète » face à ces incidents, la Macédoine a justifié les tirs de gaz en évoquant « une tentative violente » d’intrusion. Skopje a également dépêché des renforts militaires et policiers.

Près du village grec frontalier d’Idomeni, dans un camp dimensionné pour 1.600 personnes, la situation humanitaire continuait de se dégrader. « Entre vendredi et dimanche, le camp est passé de 4.000 à 8.000 personnes. Là, on est a plus de 9.000. On se lève tous les matins en se demandant comment on va faire aujourd’hui », a expliqué Jean-Nicolas Dangelser, responsable logistique de Médecins sans frontière (MSF) à Idomeni qui gère la distribution des repas, passés à 30.000 par jour.

L’Italie, la France et la Suède aussi concernées

En Italie, autre pays d’entrée, une douzaine d’associations ont dénoncé le traitement des nouveaux arrivants dans les « hotspots », ces centres d’enregistrement et de tri mis en place à la demande de Bruxelles.

A deux mille kilomètres de là, en France, sur la route de migrants qui veulent rejoindre le Royaume-Uni, les travaux du démantèlement controversé de la partie sud de « jungle » de Calais (nord), ont repris mercredi dans le calme pour le troisième jour consécutif. « Il faut sortir, ça va démolir », avertissaient les policiers sur place mercredi matin, en tapant sur les abris de fortune encore sur pieds pour en déloger les occupants.

Des heurts avaient opposé lundi migrants et militants associatifs aux policiers anti-émeutes. La partie sud de la « jungle » abrite entre 800 et 1.000 migrants selon les autorités, mais près de 3.500 d’après les associations. Entre 3.700 et 7.000 migrants au total, surtout Syriens, Afghans et Soudanais, survivent dans des conditions précaires sur l’ensemble du camp.

Plus au nord, en Suède, l’une des destinations les plus recherchées par les migrants, l’agence nationale chargée des migrations a réclamé mercredi une rallonge budgétaire de trois milliards d’euros pour améliorer l’accueil des nombreux demandeurs d’asile.

Le Quotidien / AFP

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