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Pluie de missiles russes, menaces biélorusses : jour d’escalade en Ukraine


Ce lundi matin, dans les rues de Kiev. (photo AFP)

La pluie de missiles russes lundi et les menaces biélorusses sur l’Ukraine font craindre un changement de dimension du conflit, répondant à une logique d’escalade de Moscou et juste après la spectaculaire attaque contre le pont de Crimée, un camouflet infligé au Kremlin.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé ce lundi « une escalade inacceptable de la guerre » en Ukraine. Le président français Emmanuel Macron a quant à lui déploré un « changement profond de la nature » du conflit après cette série de frappes qualifiées par les Occidentaux de « crimes de guerre ».

Selon les autorités ukrainiennes, 83 missiles ont été tirés par les Russes, dont 43 ont pu être interceptés. Des infrastructures énergétiques mais aussi des cibles civiles, dont une aire de jeux pour enfants, ont été atteintes.

« Il n’était pas possible de ne pas répondre » à l’attaque contre le pont de Kertch en Crimée, a lancé lundi le président russe Vladimir Poutine.

L’explosion sur ce pont stratégique, une voie routière et ferroviaire reliant la Russie à cette péninsule annexée en 2014, constitue « une humiliation personnelle pour Poutine et va ajouter aux difficultés logistiques des troupes russes déployées sur le front sud », dans la région de Kherson, fait valoir Iordan Bojilov, le directeur du centre de réflexion bulgare Sofia Security Forum.

Les multiples frappes de lundi sont plus généralement « une réponse à l’insuccès militaire russe sur le théâtre » des opérations militaires, ajoute-t-il, les forces ukrainiennes ayant repris des milliers de kilomètres carrés depuis fin août. En réaction, « Poutine tente de mettre la pression sur la société ukrainienne, mais aussi sur les pays occidentaux, pour essayer de les diviser. Il veut se montrer comme étant quelqu’un de prêt à tout. »

Toutefois, nuance Wojciech Lorenz, de l’Institut polonais pour les affaires internationales, la Russie « ne serait pas en mesure de lancer quotidiennement des attaques de cette échelle pendant des semaines, car ses ressources ne sont pas illimitées ».

Tirs à partir du Bélarus 

Pour William Alberque, un expert militaire à l’Institut international d’études stratégiques (IISS) de Londres, Moscou met en réalité en œuvre un plan en vue d’une escalade depuis plusieurs semaines. « La Russie a entamé un cycle fait de chocs et de pics de violence, qui a commencé avec la mobilisation partielle (NDLR : en Russie) et les annexions (de quatre régions ukrainiennes), puis avec des menaces nucléaires et aujourd’hui avec des attaques aveugles contre des civils », a déclaré cet expert, estimant que « Poutine cherche à augmenter le niveau des violences pour forcer l’Occident et Kiev à négocier ».

L’explosion sur le pont de Crimée aurait-il servi de simple prétexte à un déluge de feu déjà programmé ?

L’ambassadeur d’Ukraine à Paris, Vadym Omelchenko, assure que « l’attaque d’aujourd’hui a été planifiée début octobre, selon nos services de renseignement. Le 8 octobre, sept bombardiers stratégiques russes, des Tupolev 160 et des Tu 95 équipés de missiles ont été transférés vers l’aérodrome d’Olenia. Et des navires équipés de missiles Kalibr ont été déployés en mer Noire » d’où la Russie a visé l’Ukraine ce lundi.

Autre signe d’escalade : le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a accusé ce lundi l’Ukraine de préparer une attaque contre son pays et annoncé qu’en conséquence Minsk allait déployer un groupement russo-biélorusse, sans préciser où.

Le Bélarus, un allié de Moscou, met son territoire à la disposition de l’armée russe pour son offensive contre l’Ukraine mais ne participait pas militairement jusqu’ici au conflit. Or « des tirs de roquettes guidées ont eu lieu ces dernières heures depuis le territoire biélorusse vers l’Ukraine. Les frappes depuis le sol biélorusse vers Kiev sont une première depuis fin mars », a dit Pierre Grasser, un chercheur français associé au centre Sirice à Paris.

Des drones iraniens ont aussi été lancés à partir du Bélarus, selon Kiev. Des cargaisons en provenance d’Iran y ont été acheminées la semaine dernière par des avions de transport russes, sur la base de Luninets (300 km de Kiev), d’après Pierre Grasser.

« Loukachenko subit des pressions de son maître russe », a commenté lundi l’ambassadeur ukrainien. « Nous n’avons pas l’intention d’aller au-delà de notre territoire. Mais nous n’excluons pas la possibilité que Minsk et la Russie veuillent ouvrir un front dans le nord. »

 

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