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Nucléaire : Engie et la Belgique prolongent bien la durée de vie de leurs réacteurs


Le CEO d'Engie,Thierry Saegeman aux côtés de la ministre belge de l'Energie, Tinne Van der Straeten et le Premier ministre belge, Alexander De Croo. Photo : AFP

Après un long bras de fer, le groupe français Engie et la Belgique ont signé un accord de prolongation de dix ans pour deux centrales nucléaires en contrepartie d’un engagement de la part du groupe français chiffré au total à 23 milliards d’euros.

L’accord inclut « la fixation d’un montant forfaitaire pour les coûts futurs liés au traitement des déchets nucléaires » pour « 15 milliards d’euros », a annoncé jeudi Engie dans un communiqué.

A cette somme s’ajoutent 8 milliards d’euros prévus pour le démantèlement des centrales exploitées par l’électricien en Belgique et pour lesquels « Engie est l’unique payeur », se félicite pour sa part le gouvernement belge dans un autre communiqué.

Les engagements d’Engie vis-à-vis de l’État belge se montent donc au total à 23 milliards d’euros, soit 4,5 milliards de plus que ce qu’avait provisionné le groupe au 31 décembre 2022 pour le démantèlement plus les déchets, selon ses comptes à la fin de l’année dernière.

En conséquence, « le groupe anticipe une augmentation de la dette nette économique du même ordre de grandeur », soit 4,5 milliards de dollars, a annoncé l’électricien jeudi.

Cet accord débloque le processus de prolongation de dix ans de deux réacteurs nucléaires, Doel 4 et Tihange 3, « dès novembre 2026 », qui avait été demandée l’an dernier in extremis à Engie par la Belgique pour faire face aux pénuries d’électricité et à l’envolée des prix en Europe.

« Cet accord est important pour notre futur énergétique et pour les ménages belges. Il renforce notre approvisionnement en électricité, réduit la dépendance énergétique de notre pays et garantit la production en Belgique d’une électricité décarbonée et bon marché », s’est félicité le Premier ministre belge, Alexander De Croo, dans un communiqué.

Contreparties

Le montant de 15 milliards d’euros englobe le coût des traitements des déchets de toutes les installations nucléaires d’Engie en Belgique, soit sept centrales.

« Ce montant est payable en deux fois » dont une première tranche pour les déchets les plus hautement radioactifs et destinés au stockage géologique à la clôture de l’opération au premier semestre 2024.

En contrepartie, Engie ne sera plus soumis à une réévaluation des coûts futurs liés au traitement des déchets jusque-là revus tous les trois ans par la Commission belge des provisions nucléaires (CPN).

La directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, s’est félicitée d’un accord « équilibré », qui « donne à Engie la visibilité nécessaire sur le montant global lié à la gestion des déchets nucléaires et réduit significativement les risques liés à la prolongation des deux unités », selon le communiqué du groupe.

Le modèle économique trouvé repose sur un mécanisme dit de « Contrat pour Différence » qui permet de sécuriser l’électricien en lui garantissant un revenu fixe de l’électricité et un prix stable pour le consommateur.

L’accord, qui doit être mis en œuvre en juillet, confirme par ailleurs que les deux centrales prolongées seront exploitées dans le cadre d’une coentreprise à 50/50 entre Engie et l’Etat belge.

Débat en Belgique

Le sujet du prolongement de la vie des deux centrales avait suscité des frictions dans la coalition au pouvoir en Belgique dirigée par le libéral Alexander De Croo.

La sortie totale du nucléaire avait été scellée par une loi de 2003 lors de la première participation des écologistes au gouvernement fédéral.

Mais la guerre en Ukraine a rebattu les cartes, poussant le gouvernement à négocier avec Engie la prolongation pour dix ans de Tihange 3 et Doel 4, deux réacteurs qui étaient censés s’arrêter pour de bon en 2025.

Jeudi, le parti Ecolo a salué un accord « historique » démontrant à ses yeux l’application du principe clé « pollueur payeur ».

La Belgique, qui comptait sept réacteurs en activité jusqu’à l’été 2022, en a « débranché » deux le 23 septembre 2022 puis le 31 janvier 2023, respectivement Doel 3 et Tihange 2 après 40 ans de service. Trois autres sont censés s’arrêter courant 2025.

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