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Néonicotinoïdes : « Un enjeu de santé publique qui dépasse les abeilles »


Un lien entre une exposition chronique aux néonicotinoïdes et des conséquences défavorables chez l'humain a été établi par des études. (illustration AFP)

Des apiculteurs français et militants anti-OGM ont mené lundi plusieurs actions en Occitanie pour alerter contre un projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour sauver la filière betteravière, pointant un « enjeu de santé publique qui dépasse les abeilles ».

Ces actions ont lieu à la veille de l’examen au Sénat du texte autorisant, à titre dérogatoire, les producteurs de betteraves à sucre à utiliser jusqu’en 2023 des semences traitées avec des pesticides de la famille des néonicotinoïdes, interdits depuis 2018, au nom d’une « urgence agricole et industrielle ».

« Non aux plans sociaux chez les abeilles », ou « #lesamishdesabeilles », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par la trentaine de manifestants devant le site de Bayer-Monsanto à Monbéqui, dans la Tarn-et-Garonne. Au même endroit, un cheval de trois mètres de haut en carton était accompagné de l’inscription « La betterave : cheval de Troie de l’industrie ».

« Juridiquement le principe d’égalité fera, si les sénateurs confirment cette loi, un angle d’attaque permettant aux firmes d’obtenir une réautorisation générale des néonicotinoïdes », craint Olivier Fernandez, président du syndicat des apiculteurs d’Occitanie. Des actions similaires doivent avoir lieu dans la journée devant les bâtiments de Syngenta et de BASF en Haute-Garonne, « toutes, des firmes mortifères », selon lui.

Des pesticides « qui touchent tout le vivant »

Pour lui, la perte importante de rendement des producteurs de betteraves sucrières cette année due à une arrivée massive et prématurée des pucerons en raison d’un hiver doux, aurait pu être résolu autrement. Notamment « si on rajoutait quatre euros à la tonne, par le biais de l’État ou du consommateur pour qui ça ne fait pas une grande différence au kilo », dit-il.

« La santé humaine et animale ne vaut-elle pas quelques kilos de sucre ? », s’interroge son syndicat dans un communiqué.

Car au-delà de l’effet dévastateur sur les abeilles, « on fait face aujourd’hui à un enjeu de santé publique qui dépasse totalement » celui de la mortalité des hyménoptères, affirme Olivier Fernandez.

« Là, on est sur des pesticides à large spectre, qui touchent tout le vivant, y compris l’homme », ajoute-t-il, citant quatre études scientifiques qui ont démontré un lien entre une exposition chronique aux néonicotinoïdes et des conséquences développementales ou neurologiques défavorables, des troubles de la mémoire et de tremblements ou de malformation du cœur.

LQ/AFP

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