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Migrants : Orban ne lâche rien, malgré l’invalidité de son référendum


Viktor Orban a de nouveau jugé lundi que le référendum anti-migrants était un succès, bien qu'invalide puisque le quorum n'a pas été atteint. (photo AFP)

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban reste inflexible dans son bras de fer avec l’Union européenne sur l’accueil des réfugiés, même s’il a échoué à obtenir le plébiscite espéré lors du référendum dimanche en faveur de sa politique anti-immigration.

Comme il l’avait fait dès la proclamation des résultats, le contempteur de la solidarité européenne dans l’accueil des réfugiés a de nouveau jugé lundi que le scrutin était un succès, bien qu’invalide puisque le quorum n’a pas été atteint. « La Hongrie a décidé (…) de dire clairement, une fois pour toute, ce que les Hongrois pensent des migrations de masse », a-t-il déclaré devant le parlement. Ceux qui ont voté ont en effet massivement (98,32%) exprimé leur rejet des relocalisations de réfugiés.

Mais les votes exprimés n’ont représenté que 40% des inscrits, en-deça du quorum des 50%. Sourd aux commentaires de l’opposition hongroise qui le décrit en dirigeant affaibli par l’invalidité du scrutin, le chef de l’exécutif ne retient que l’écrasante majorité obtenue par le camp du non aux quotas de relocalisation des demandeurs d’asile dans l’UE.

Le Premier ministre y voit néanmoins un large soutien des électeurs à sa politique qui veut donner « à Budapest, le droit de décider » en matière de politique migratoire. Il a aussi réaffirmé lundi qu’il entendait « amender la constitution dans l’esprit du référendum ». « Nous allons nous battre pour ce droit », a-t-il promis lundi, ne laissant aucun doute sur sa volonté de poursuivre sa campagne, aux côtés du groupe de Visegrad (Hongrie, Slovaquie, République tchèque, Pologne), pour renforcer le poids des parlements nationaux face aux traités européens.

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Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a souhaité au contraire « du dialogue » plutôt que des « tensions artificielles » au sein de l’UE, après un vote où les « citoyens hongrois n’ont pas tenu compte des appels d’Orban », a-t-il constaté dans un tweet. Au sein d’une Union déjà fragilisée par une succession de chocs, de la crise migratoire au Brexit, Viktor Orban trouve des soutiens au-delà de ses alliés des pays de l’Est.

Le ministre autrichien des Affaires étrangères Sebastian Kurz s’est agacé, dans un entretien dimanche soir à la télévision allemande, que certains se focalisent sur l’invalidité du référendum plutôt que sur la victoire du non. D’autres Etats européens, à l’instar de la Hongrie, ne sont « pas satisfaits de la politique (des quotas de réfugiés, ndlr) », a relevé le ministre, très critique envers un mécanisme qu’il juge surtout poussé par la chancelière allemande Angela Merkel.

Plus de 3 millions de votes

Même si l’exécutif européen continue de rejeter toute remise en cause du caractère obligatoire des relocalisations, les réticences de la Hongrie et de ses alliés pourraient être débattues et prises en compte, indiquaient des sources européennes avant le référendum. D’autres formes de contributions, comme une participation accrue à la protection des frontières extérieures, pourraient être discutées.

Les partisans de Viktor Orban soulignent qu’avec 3,23 millions de votes « non » sur 8,2 millions d’inscrits, le Premier ministre au pouvoir depuis 2010 n’a jamais reçu autant de soutiens. Les électeurs de son parti conservateur, le Fidesz, avaient été 2,2 millions aux dernières législatives de 2014. Pour l’analyste Csaba Toth, de l’institut Republikon, ce score va pousser Orban à continuer à surfer sur le thème de l’immigration, comme il le fait depuis plus d’un an, en vue des législatives de 2018.

D’autant que face à une opposition de gauche et libérale fragmentée, son principal rival reste le parti d’extrême droite Jobbik, deuxième formation du pays, au discours antisémite, xénophobe et eurosceptique.

L’opposition, qui avait appelé au boycott ou au vote nul, clame elle l’échec d’Orban, sans pouvoir dire si les 60% de suffrages non exprimés relèvent plutôt d’une stratégie de boycott ou davantage de l’indifférence d’une partie de la société hongroise. « Aucun parti n’a jamais mené une campagne aussi mensongère et haineuse et malgré cela, le référendum est invalide », faisait remarquer Gyula Molnar, président du parti socialiste, soulignant la disproportion entre les sommes, au moins 30 millions d’euros, engagées dans la campagne et la faible participation.

Peter Balazs, ancien ministre hongrois Affaires étrangères et critique d’Orban, le projet d’amender la constitution « est une manoeuvre de diversion typique alors qu’il a clairement perdu et cherche à sortir de l’impasse ».

La Hongrie est censée accueillir au moins 1.294 migrants en vertu du plan européen de répartition de 160.000 demandeurs d’asile adopté il y a un an. Celui-ci est toutefois largement resté lettre morte, seuls quelques milliers de personnes ayant été « relocalisées ».

Le Quotidien / AFP

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