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Manifestation à Jérusalem avant un vote sur la réforme de la justice


Plusieurs centaines de personnes sont rassemblées à proximité de la Knesset, le Parlement israélien, pour dénoncer le projet de réforme de la justice. (Photo : afp)

Des milliers de manifestants convergent, ce lundi, vers le Parlement israélien à Jérusalem pour protester contre un projet de réforme de la justice qu’ils estiment dangereux pour la démocratie, avant un vote sur une partie de cette loi prévu dans la soirée.

En ce lundi, ils sont plusieurs centaines rassemblés à proximité de la Knesset, le Parlement israélien, alors que des milliers d’autres, venus souvent de loin, convergent vers le point de ralliement avec des drapeaux israéliens. Les accès au Parlement sont interdits à la foule par un déploiement policier, et les organisateurs ont déployé des bannières comme «Ministre du crime» ou «Marre des corrompus», alors qu’un mouvement appelle à abattre «les murs de la dictature».

Le projet de réforme de la justice annoncé début janvier par le gouvernement mobilise une forte partie de l’opinion publique contre lui. À Tel-Aviv, des manifestations ont lieu tous les samedi soirs, rassemblant des dizaines de milliers de protestataires – signe d’une mobilisation massive à l’échelle de la taille du pays – dénonçant en bloc ce projet mais aussi la politique générale du gouvernement, formé en décembre par Benjamin Netanyahu, avec l’aide de partis d’extrême droite et de formations ultra-orthodoxes juives. Le 13 février déjà, une manifestation monstre avait eu lieu devant le Parlement alors que la Commission des lois commençait l’examen d’une partie des articles de la loi.

«Aucune limitation»

Le projet du gouvernement comprend l’introduction d’une clause «dérogatoire» permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple certaines décisions de la Cour suprême. La réforme propose également des changements dans le processus de nomination des juges de la Cour suprême et la réduction des pouvoirs des conseillers juridiques au sein des ministères.

Pour Netanyahu et son ministre de la justice Yariv Levin, le projet de loi est nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, que le Premier ministre et ses alliés jugent politisée. Selon ses détracteurs, la réforme, en visant à réduire l’influence du pouvoir judiciaire au profit du pouvoir politique, met en péril le caractère démocratique de l’Etat d’Israël. «Sans surveillance de la justice, le gouvernement peut prendre toutes les décisions politiques qu’il veut sans aucune limitation», dénonce Kovi Skier, manifestant de 33 ans venu de Givat Shmuel, dans le centre d’Israël. Il pourrait prendre des mesures contre les femmes, contre les Arabes, contre les religieux […] Tout le monde sera affecté.»

Dimanche soir, le président israélien Isaac Herzog, qui joue un rôle essentiellement protocolaire, a fait part de ses inquiétudes sur «ce qui arrive à la société israélienne».

«Divisions et fissures»

«Nous sommes face à une épreuve cruciale. Je vois les divisions et fissures entre nous, qui deviennent de plus en plus profondes et douloureuses», a ajouté le président israélien. Dans le nord de Tel-Aviv, quelque 4 000 parents d’élèves du primaire ont manifesté avec leurs enfants, rejoints par des membres du corps enseignants.

La police a annoncé l’arrestation de huit activistes ayant tenté de bloquer dans la matinée l’entrée du domicile d’un élu ou des routes. Une tentative de blocage de la maison de Tally Gotlib, une élue du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahu, a ainsi été fermement critiquée tant par le Premier ministre que par son prédécesseur et désormais chef de l’opposition, Yaïr Lapid.

«Quand des manifestants tentent d’empêcher des élus de venir voter à la Knesset, ce n’est pas une protestation légitime», a déclaré le Premier ministre israélien. «Ce n’est pas notre manière d’agir, ce n’est pas le moyen légal de protester», a déclaré Yaïr Lapid.

Des voix de droite se sont également élevées contre la mise en place de cette réforme, notamment l’ancien chef du Shin Beth (sécurité intérieure) Yoram Cohen, qui a déclaré lundi sur la radio militaire qu’il était «impossible de changer la nature de l’Etat sur le plan judiciaire sans un accord large».

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