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Macron défend sa réforme des retraites et agite « un débat sur le travail »


Le président français était à Rungis, ce mardi matin. (photo AFP)

Comptant sur le « bon sens » des Français et assumant une « vérité qui fâche », Emmanuel Macron a défendu ce mardi depuis le marché de Rungis le recul de l’âge de départ à la retraite, et amorcé un « débat sur le travail » qu’il souhaite plus rémunérateur et évolutif.

Dès son arrivée aux aurores au marché d’intérêt national de Rungis, le chef de l’État a été interpellé dans les travées sur sa réforme très contestée des retraites. Vêtu d’une blouse blanche et naviguant entre les carcasses, Emmanuel Macron a défendu le report de 62 à 64 ans de l’âge de départ, au nom de la défense d’un système qui est un « trésor » et constitue « le patrimoine de ceux qui n’en ont pas ».

« Tout le monde a du bon sens », a-t-il plaidé devant la presse. « Ce n’est pas vrai de dire qu’on peut garder les mêmes âges (de départ), ça ne marche pas cette affaire », a-t-il ajouté, en affirmant vouloir tenir compte « des différences », des carrières longues aux métiers pénibles. « Dans l’ensemble les gens savent qu’il faut travailler un peu plus longtemps en moyenne, tous, car sinon on ne pourra pas bien financer nos retraites », a encore assuré Emmanuel Macron, qui était accompagné du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et de la ministre déléguée aux PME Olivia Grégoire.

Alors que la réforme suscite l’hostilité dans la rue comme au Parlement, Emmanuel Macron a dit en retour assumer « une vérité qui fâche ». D’autant que le report de l’âge « permet de créer plus de richesses pour le pays ». « On ne peut pas continuer à dire ‘on a une crise à l’Éducation nationale, on a une crise à l’hôpital, comment on finance ?’ « , a-t-il insisté.

En se rendant aux côtés de salariés se levant pour la plupart au milieu de la nuit, le chef de l’État revient pour la première fois au contact direct des Français depuis le lancement au début de l’année de son projet phare. Jusque-là prudemment en retrait, le chef de l’État a sobrement appelé au « calme » et au « respect » avant la grande journée d’action du 7 mars, une « mobilisation légitime » mais qui doit réserver « la possibilité à chacun et chacune de continuer à travailler et à vivre »

Cette figure imposée de Rungis, qui précède une autre visite rituelle samedi au Salon de l’agriculture, est aussi l’occasion de mettre au centre de sa communication la valeur « travail », décrite comme un fil conducteur de son action. « C’est un message de reconnaissance devant toutes celles et ceux qui permettent à la France de tourner, de vivre », a-t-il salué.

Le camp présidentiel s’était déjà emparé du thème par la voix du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour justifier l’effort demandé aux Français pour équilibrer le système des retraites. « Oui, il faut se lever tôt pour aller travailler », avait-il déclaré fin janvier.

« Trop de social » ? 

« Moi je crois dans le travail », a martelé en écho Emmanuel Macron, affirmant que « toutes les réformes que l’on fait vont dans ce sens-là ».

Entre deux étals, il a aussi répondu à un professionnel de la découpe du veau se plaignant de la pénurie de main-d’œuvre et estimant qu’il y avait « trop de social ». « Les gens, ils dorment, ils ne veulent pas se lever à 2 heures du matin », a encore grincé le boucher. « Je ne crois pas qu’il faille moins de social : il faut que le travail continue à payer davantage », lui a répondu le chef de l’État. « Le vrai débat que l’on doit avoir dans notre société c’est un débat sur le travail », a poursuivi Emmanuel Macron.

« Le travail doit continuer d’être mieux rémunéré » et « on doit adapter les carrières car quand on travaille de nuit en portant des charges, à partir d’un certain âge il faut que la carrière puisse évoluer, qu’on puisse travailler moins longtemps, qu’on puisse se reconvertir et que cela soit pris en compte dans la retraite », a-t-il plaidé.

Cette sortie rejoint les déclarations de plusieurs de ses ministres ces derniers jours, alors que l’exécutif recherche une sortie par le haut des tensions autour des retraites. Lundi, la Première ministre Elisabeth Borne avait ainsi fait valoir qu’au-delà « de la question de la durée de la vie professionnelle, il faut améliorer la qualité de vie au travail et trouver les conditions du +bon emploi+ ».

Quant à l’inflation, autre sujet latent de préoccupation de l’exécutif, Emmanuel Macron a convenu que c’était lors de « ce semestre qu’on aura le pic ». Et il a mis la pression sur certains grands producteurs de carburant, comme Total, en convoquant leur « esprit de responsabilité » pour effectuer un nouveau « geste » sur le prix du diesel.

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