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L’OTAN a besoin d’une « zone Schengen militaire en Europe »


Ben Hodges appelle de ses vœux «une zone Schengen militaire en Europe» afin d'améliorer la capacité de réaction de l'OTAN. (Photo Jean-Claude Ernst)

Le lieutenant général Ben Hodges, commandant des troupes américaines en Europe, était en visite au Luxembourg, lundi, avant le sommet de l’OTAN des 8 et 9 juillet, à Varsovie.

Depuis l’éclatement de la crise ukrainienne, et notamment l’annexion de la péninsule de Crimée en mars 2014, les agissements de Moscou inquiètent au plus haut point les membres de l’OTAN d’Europe de l’Est, dans un climat aux relents de guerre froide. Ben Hodges, commandant des forces terrestres de l’OTAN de 2012 à 2014, a d’ailleurs rappelé, lundi, le message délivré par Barack Obama lors de sa visite dans les pays baltes en septembre 2014 : «Nous sommes à vos côtés.»

Alors que les incidents de ces derniers jours en mer Baltique entre forces américaines et russes sont un sujet de «préoccupation», «dans un environnement sécuritaire qui a changé», qu’avec la militarisation de l’enclave russe de Kaliningrad, «Moscou a la capacité de bloquer l’accès à la mer Baltique», Ben Hodges a répété les propos de son secrétaire à la Défense, Ashton Carter : «Nous aurons une réponse forte et équilibrée. Les États-Unis continueront à être unis avec leurs alliés, tiendront leurs engagements et feront la démonstration de leur puissance militaire», ce qui se traduit, sur le terrain, par une plus grande présence des troupes américaines sur le flanc oriental de l’Alliance. Par «équilibrée», le haut gradé entend : «Pas de provocation, juste la démonstration de notre engagement auprès de nos alliés.»

Évoquant la multiplication des exercices conjoints avec les armées des autres pays membres de l’OTAN, le général américain a particulièrement mis l’accent sur le besoin d’améliorer la capacité de réaction de l’Alliance.

Les «passagers clandestins»

Selon lui, «les mouvements de troupes sont trop longs. Il nous faut parfois 45 jours pour obtenir le feu vert pour bouger les troupes d’un pays à l’autre.» Et Ben Hodges d’en appeler à «une zone Schengen militaire en Europe», ce qui permettrait de renforcer le pouvoir de «dissuasion» de l’OTAN. Ben Hodges insiste sur la «vitesse» dont doit faire preuve l’Alliance atlantique : «vitesse de l’identification» de la menace, «vitesse de la décision politique, vitesse de rassemblement» des troupes.

Pour le lieutenant général Andrzej Falkowski, dont le pays ne manque pas une occasion d’agiter l’épouvantail russe, «l’équilibre entre dissuasion et défense est délicat. La dissuasion est virtuelle», quand la défense est concrète, «physique». En termes de troupes, de budget, l’OTAN est bien supérieur à la Russie, mais il s’agit de «transformer cette supériorité stratégique en véritable puissance». Dans une pique à certains membres de l’Alliance comme l’Allemagne, l’Espagne ou le Canada, l’officier polonais critique les «passagers clandestins» de la Défense, ces pays qui pense que la sécurité est gratuite et qui ne respectent pas les engagements pris lors du sommet de Newport au pays de Galles en 2014 de consacrer 2% de leur PIB à leur Défense.

Selon Andrzej Falkowski, la partie russe est «rationnelle à 85%, il s’agit donc de se préparer aux 15% d’irrationnel». Un discours qui en dit sans doute long sur l’état d’esprit des dirigeants polonais vis-à-vis de Moscou.

Nicolas Klein

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