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Levothyrox : plus de 4 100 plaignants déboutés face à Merck


Les avocats de 4 113 malades de la thyroïde ayant utilisé ce traitement réclamaient une indemnisation de 10 000 euros pour chacun d’eux. (photo AFP)

La justice a débouté mardi les 4 113 malades de la thyroïde qui avaient assigné le laboratoire Merck pour « défaut d’information » autour du changement de formule de son médicament Levothyrox.

Sur la demande principale « tendant à établir l’existence d’une faute délictuelle » du laboratoire allemand, le Tribunal d’instance de Lyon a débouté les plaignants, estimant notamment que Merck avait œuvré dans les règles et de concert avec les autorités sanitaires françaises.

Le tribunal a également retenu dans son jugement que « la qualité et la valeur thérapeutique du médicament nouvelle formule » étaient « certaines » et que sa notice contenait des informations « suffisamment précises et pertinentes » pour les patients concernés. La justice estime ainsi que le laboratoire n’a commis aucune faute.

« Le juge a reconnu la pertinence, au regard du cadre réglementaire en vigueur, du dispositif d’information mis en place lors de la transition, entre mars et septembre 2017, de l’ancienne à la nouvelle formule du Levothyrox », s’est félicité le directeur juridique de la filiale française Florent Bensadoun dans un communiqué.

Les avocats de 4 113 malades de la thyroïde ayant utilisé ce traitement réclamaient une indemnisation de 10 000 euros pour chacun d’eux. « J’accuse Merck de savoir que le changement de formule allait avoir des conséquences néfastes, de faire peu de cas des malades et de privilégier les intérêts financiers de ses actionnaires », avait lancé Me Christophe Lèguevaques devant le tribunal d’instance, délocalisé dans un centre de congrès à Villeurbanne en raison d’une nombreuse assistance – quelque 200 requérants présents au procès, en majorité des femmes.

31 000 patients touchés

« Depuis le début, nous disons que le sujet ce n’est pas le médicament mais l’information autour du médicament », avait insisté Me Lèguevaques.

Mise sur le marché au printemps 2017, une nouvelle formule du Levothyrox, prescrit contre l’hypothyroïdie et fabriqué par le laboratoire Merck Serono, a été incriminée, entre mars 2017 et avril 2018, par quelque 31 000 patients victimes d’effets secondaires (fatigue, maux de tête, insomnies, vertiges, etc.).

Le fabricant a nié toute sous-information : un plan de communication « extrêmement large », consistant en l’envoi de « 300 000 communications par courrier, fax et mail auprès de 100 000 professionnels de santé », avait été engagé au moment du lancement en France, a-t-il fait valoir.

L’affaire fait par ailleurs l’objet, au pénal, d’une information judiciaire contre X instruite par le pôle santé du TGI de Marseille. Ouverte le 2 mars 2018 pour tromperie aggravée, blessures involontaires et mise en danger de la vie d’autrui, elle a été élargie depuis par le parquet au chef « d’homicide involontaire ».

Au total, trois millions de patients prennent ce médicament en France (premier marché mondial) et 2,5 millions de malades utilisent la nouvelle formule, selon Merck. La France a été le premier pays où la nouvelle formule a été introduite.

LQ/AFP

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