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Les tensions entre Moscou et Washington augmentent le risque nucléaire


Les relations tendues entre la Russie et les États-Unis à propos de l'Ukraine augmentent le risque d'un recours aux armes nucléaires, prévient la directrice de l'ICA. (photo AFP)

Les fortes tensions entre la Russie et les États-Unis sur l’Ukraine augmentent le risque d’un recours aux armes nucléaires et de provoquer un désastre planétaire, a mis en garde Beatrice Fihn, la présidente de l’ICAN, Nobel de la paix 2017.

« N’importe quel conflit impliquant un ou plusieurs pays qui disposent de l’arme nucléaire est extrêmement dangereux », a rappelé Beatrice Fihn, qui dirige la Campagne internationale pour l’abolition de l’arme nucléaire lors d’un récent entretien, sur fond de crise entre les deux premières puissances nucléaires du monde à propos de l’Ukraine.

Washington craint une invasion, Moscou dément mais accumule les troupes à la frontière. Il est urgent de calmer le jeu aux yeux de Beatrice Fihn qui juge que « dans un environnement sécuritaire trépidant les choses peuvent s’envenimer très, très rapidement ».

« J’ai peur que cela ne parte en vrille », insiste-t-elle, s’inquiétant particulièrement « pour les armes nucléaires stationnées à la frontière en Russie, mais aussi celles réparties en Europe » qui en cas de conflit généralisé pourraient devenir des cibles.

« Ce n’est pas le moment de faire les va-t-en-guerre, de lancer des menaces macho, mais bien plus de s’asseoir autour d’une table et de négocier ».

« Réduire les tensions » 

Pour la présidente d’ICAN, cette situation illustre la nécessité de promouvoir le désarmement nucléaire en général.

« Nous avons entendu des voix s’élever au Bélarus réclamant le stationnement d’armes nucléaire russes dans le pays et je pense que c’est une chose extrêmement dangereuse », rapporte-t-elle.

Pour aider à désamorcer la situation, elle suggère que le Bélarus et l’Ukraine adhèrent au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui est entré en vigueur il y a un an et qui a valu son Nobel à l’ONG qu’elle dirige. À titre d’exemple, elle rappelle que le Venezuela et Cuba ont ratifié le traité et ne pourraient donc pas laisser la Russie y stationner des armes nucléaires, comme Moscou en avait laissé pointer la menace.

Adhérer au Traité est « un pas positif » que les pays peuvent faire pour aider à la détente.

Cordons de la bourse 

Bien qu’aucune puissance nucléaire n’ait signé le texte, Beatrice Fihn estime qu’il a des effets induits et positifs, soulignant en particulier le fait que des fonds d’investissements et des banques retirent leurs investissements dans les entreprises qui participent à la fabrication de l’arsenal nucléaire.

Depuis le début, les militants espèrent que ce Traité aura peu à peu la même influence que celle qu’ont pu avoir ceux sur les mines antipersonnelles et les armes à sous-munitions. Même les pays non signataires sont obligés de tenir compte de l’opprobre qui vient avec leur usage.

Pour autant, Beatrice Fihn reconnaît qu’il faudra sans doute des années « avant de voir une tendance concrète ».

Elle rappelle que l’horloge de l’Apocalypse n’est qu’à 100 secondes de minuit ou la fin de l’humanité: cela permet de visualiser « à quel point nous sommes près de l’utilisation de l’arme nucléaire », dit-elle. Et d’ajouter: « C’est un cri d’alarme » parce que « des erreurs d’appréciation et de calcul sont si vite arrivées ».

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