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La fusée Vega-C explose après son décollage


Après cet échec, l’Agence spatiale européenne doit se tourner vers Space-X pour lancer deux missions scientifiques.  (Photo : afp)

Mauvaise nouvelle pour l’Europe de l’espace. Le premier vol commercial de la fusée Vega-C s’est soldé par un échec. L’engin a explosé à 100 km d’altitude.

L’Europe a subi, dans la nuit de mardi à mercredi, l’échec du premier vol commercial de la nouvelle fusée Vega-C au départ de Kourou, privant le continent à court terme d’une solution autonome pour lancer ses satellites, après le retard d’Ariane 6 et l’impossibilité d’utiliser la fusée russe Soyouz.

Deux minutes et 27 secondes après son décollage mardi à 22 h 47 locales, la trajectoire de la petite fusée a dévié de celle programmée, puis les télémesures ont cessé d’arriver à la salle de contrôle du Centre spatial de Kourou, en Guyane française. Lancée au-dessus de l’océan Atlantique, la fusée venait de dépasser les 100 kilomètres d’altitude et se trouvait alors à un peu plus de 900 kilomètres au nord de Kourou. Vega-C risque désormais d’être clouée au sol le temps de comprendre les causes de l’échec.

«La mission est perdue», a déploré Stéphane Israël, le président d’Arianespace, société chargée de l’exploitation et de la commercialisation des lanceurs européens.Une anomalie s’est produite sur le Zefiro 40, le deuxième étage du lanceur, a précisé la société dans un communiqué. «Le Zefiro 40 s’est allumé et a fonctionné normalement pendant environ 10 secondes. Puis nous avons observé peu après une dégradation progressive de la trajectoire», a affirmé le patron d’Avio, maître d’œuvre industriel de Vega-C, Giulio Ranzo, selon qui une «commission d’enquête va être mise en place» pour déterminer les causes de la défaillance. Un point de presse prévu à Kourou a été repoussé à 13 h.

Deux satellites d’Airbus perdus

Si la multiplication du nombre de lancements spatiaux ces dernières années, sous l’impulsion notamment de l’américain SpaceX, a tendance à banaliser l’exercice, l’échec européen rappelle la complexité de cette entreprise. «Tellement désolé d’apprendre ça. C’est un dur rappel de la difficulté des vols spatiaux orbitaux», a tweeté Elon Musk, le patron de SpaceX.

«C’est bien plus compliqué que ce que la plupart des gens pensent», a abondé Peter Beck, patron du minilanceur Rocket Lab. Vega-C devait placer en orbite deux satellites d’observation de la Terre d’Airbus, Pléiades Neo 5 et 6, permettant d’imager n’importe quel point du globe plusieurs fois par jour avec une résolution de 30 cm.

Des satellites couverts à hauteur de 220 millions d’euros 

C’est aussi un coup dur pour le géant européen, qui a développé sur fonds propres ce programme, dont les services sont vendus tant aux entreprises qu’aux militaires. Les satellites apportant des revenus commerciaux sont généralement assurés. Selon un connaisseur du secteur, Pléiades Neo 5 et 6 étaient couverts à hauteur de 220 millions d’euros par un consortium d’assureurs, permettant, si Airbus le décide, de les fabriquer à nouveau. Airbus n’a pas fait de commentaires.

La perte de ces satellites est aussi une mauvaise nouvelle pour les armées, notamment française, cliente des images haute résolution fournies par cette constellation pour surveiller notamment la situation en Ukraine, alors que le satellite militaire français d’observation CSO-3 n’a toujours pas pu être lancé faute de disponibilité des Soyouz et Ariane 6.

Troisième échec en 21 lancements depuis 2012

Initialement prévu le 24 novembre, ce vol avait été repoussé d’un mois en raison d’un élément défectueux «lié à la coiffe», a précisé Stéphane Israël. Sans rapport a priori donc avec l’échec de cette nuit. Il s’agissait du premier vol commercial de Vega-C après son tir de qualification le 13 juillet. Présentée comme la petite sœur d’Ariane 6, la fusée utilise certains éléments communs (l’étage principal P120C). Vega-C est une version améliorée du lanceur léger Vega, dont c’est le troisième échec en 21 lancements depuis 2012, quand Ariane 5 en a connu deux en 115 tirs depuis 1996 et Falcon 9 de Space X aucun en 59 tirs depuis le début de l’année.

Pour l’Agence spatiale européenne (ESA), responsable des programmes de lanceurs européens, c’est un déboire de plus. Il ne reste plus que deux Ariane 5 à lancer et le report à fin 2023 du vol inaugural d’Ariane 6, initialement prévu pour 2020, prive les Européens d’accès à l’orbite géostationnaire, à 36 000 kilomètres d’altitude, et de la capacité d’envoyer les charges les plus lourdes dans l’espace. Et faute d’accès au lanceur moyen Soyouz, dont Arianespace commercialisait les missions pour le compte de clients internationaux jusqu’en février, l’ESA a ainsi été contrainte de se tourner vers SpaceX pour lancer deux missions scientifiques.

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