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Italie, France : la gestion du Covid-19 au crible de la justice


Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, devrait être entendu par le parquet de Bergame. (Photo : AFP)

Dépôt de plaintes, ouverture d’enquêtes : à Paris comme à Bergame, les citoyens veulent la «vérité» à propos de la gestion de la pandémie par les autorités.

En France, le parquet de Paris signale l’ouverture d’une enquête visant des responsables de l’administration  pour répondre aux dizaines de plaintes qui lui sont parvenues. En Italie, les plaintes affluent à Bergame, ville martyre de l’épidémie, et le parquet de la ville souhaite entendre le président du Conseil, Giuseppe Conte.

À Paris, le procureur Rémy Heitz a annoncé l’ouverture mardi d’une vaste enquête préliminaire sur la gestion critiquée de la crise du Covid-19 en France visant notamment les chefs d' »homicides involontaires » ou « mise en danger de la vie d’autrui ». Cette enquête est une première réponse judiciaire à une quarantaine de plaintes reçues par le parquet de Paris pendant le confinement.

Elles ont été déposées par des proches de victimes, des organisations professionnelles ou encore via des plaintes-types publiées sur le site internet plaintecovid.fr. Ces plaintes contre X ciblent parfois nommément des responsables de l’administration. Cette vaste enquête à portée nationale ne concerne pas la gestion de la crise dans les établissements pour personnes âgées dépendantes, qui font l’objet à ce jour d’enquêtes locales.

Ces nouvelles investigations portent sur les principaux griefs émis quant à la gestion de l’épidémie : les mesures de protection sur les lieux de travail, la mise à disposition de masques de protection et de tests. L’enquête du parquet de Paris, qui continue à recevoir de nouvelles plaintes, est ouverte pour « homicides involontaires », « blessures involontaires », « mise en danger de la vie d’autrui », « abstention volontaire de combattre un sinistre », « non-assistance à personne en péril ».

Des enquêtes pour mettre au jour des infractions pénales

L’enquête ne cible pas le chef de l’État, irresponsable pénalement, ou les membres du gouvernement, dont l’éventuelle responsabilité pénale relève de la Cour de justice de la République, saisie à ce jour de 80 plaintes. « L’enquête pénale n’est pas là pour définir des responsabilités politiques ou administratives, mais pour mettre au jour d’éventuelles infractions pénales », a expliqué M. Heitz.

En Italie, des proches de victimes du nouveau coronavirus ont déposé une cinquantaine de plaintes mercredi au parquet de Bergame, dans le nord de l’Italie, la première action en justice du genre dans ce pays où l’épidémie a fait près de 34 000 morts.

Accompagnés de leurs avocats, des membres du Comité « Vérité et justice pour les victimes du Covid-19 », né sur Facebook et comptant 55 000 adhérents, ont remis 50 plaintes au bureau du procureur de Bergame, ville martyre de Lombardie et épicentre de l’épidémie qui a frappé l’Italie de début février à mai.

Giuseppe Conte, le président du Conseil, visé

« Nous ne portons pas plainte pour obtenir de l’argent, nous voulons juste la justice et, surtout, la vérité. Toutes deux vont de pair. L’argent ne pourra jamais nous rendre nos mère et père bien aimés », assure Diego Federici, qui lui aussi a porté plainte. C’est la première action de groupe en justice en Italie concernant le Covid-19. Des plaintes du même type ont été déposées en Espagne aussi.

Toujours en Italie, mercredi, dans le cadre d’une autre enquête de justice sur la gestion de la pandémie par les autorités, le parquet de Bergame a demandé à entendre le président du Conseil, Giuseppe Conte, et deux de ses ministres.

Le parquet de Bergame mène plusieurs enquêtes distinctes liées à cette tragédie. Celle dans laquelle les magistrats souhaitent entendre M. Conte et ses deux ministres concerne les retards dans l’instauration d’une « zone rouge » comprenant deux communes de ce département, Nembro et Alzano Lombardo, particulièrement touchées par le Covid-19.

Le gouvernement central et les dirigeants de la Lombardie se rejettent la responsabilité de ce retard, qui a eu un impact dramatique avec la saturation du système sanitaire, la hausse de la mortalité et la progression du nouveau coronavirus dans cette région.

LQ/AFP

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