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Immigration : le Royaume-Uni va héberger des migrants sur une barge


Photo : AFP

Le gouvernement britannique a ajouté mercredi à son arsenal controversé de lutte contre l’immigration illégale le recours à une barge à quai dans un port anglais pour héberger 500 demandeurs d’asile, afin de réduire les coûts et dissuader les traversées de la Manche.

Dans le sillage de sa promesse d' »arrêter les bateaux » utilisés chaque année par des dizaines de milliers de migrants pour effectuer la dangereuse traversée, le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a vanté une solution pour « économiser de l’argent et réduire la pression sur les hôtels ».

Interviewé par les télévisions britanniques, il a mis en avant l’approche « sensée » et « juste » de son gouvernement, qui prévoit aussi d’expulser au Rwanda les migrants arrivés illégalement sur le sol britannique.

Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a mis en avant une « étape importante » dans cette promesse d' »arrêter les bateaux ».

La barge, nommée « Bibby Stockholm », sera amarrée dans le port de Portland, dans le sud de l’Angleterre, et opérationnelle pendant 18 mois. Elle pourra « héberger environ 500 hommes pendant que leur demande d’asile est examinée », a précisé le Home Office.

Elle offrira des « installations basiques et fonctionnelles », soins et sécurité 24 heures sur 24 à bord, « pour réduire au minimum les perturbations pour la population locale ».

« Cruauté »

Vertement critiqué pour ce projet déjà évoqué récemment par le secrétaire d’État à l’Immigration Robert Jenrick, le gouvernement souligne que cette solution a été utilisée au Pays-Bas, mais aussi en Écosse pour accueillir des réfugiés ukrainiens.

« Le recours à de coûteux hôtels pour héberger ceux qui font des voyages inutiles et dangereux doit cesser », a souligné Robert Jenrick dans un communiqué mercredi. « Nous n’élèverons pas les intérêts des migrants dans l’illégalité au-dessus de ceux des Britanniques que nous sommes élus pour servir ».

« Nous devons utiliser des options d’hébergement alternatives, comme le font nos voisins européens, y compris l’utilisation de barges et ferries pour économiser aux contribuables britanniques de l’argent et empêcher que le Royaume-Uni ne devienne un aimant » pour les demandeurs d’asile, a-t-il ajouté.

Cette annonce a suscité l’opposition de la collectivité locale concernée et d’associations de défense des droits de l’Homme.

« Confiner des centaines de personnes à l’isolement sur une barge n’est qu’un peu plus du théâtre que le gouvernement a créé pour masquer sa mauvaise gestion patente du système d’asile », a dénoncé Steve Valdez-Symonds, directeur réfugiés et droits des migrants chez Amnesty International UK. Dénonçant la « cruauté » du projet, il a demandé son abandon.

Le directeur du Refugee Council, Enver Solomon, a quant à lui étrillé une initiative « totalement inappropriée », loin d’apporter « le respect, la dignité, le soutien » que méritent les demandeurs d’asile.

Sites militaires désaffectés

Selon le gouvernement, héberger des migrants à l’hôtel coûte six millions de livres sterling par jour (6,84 millions d’euros), 2,3 milliards de livres sterling (2,6 milliards d’euros) par an.

En décembre, le Premier ministre Rishi Sunak a annoncé qu’il voulait réduire de moitié la facture de l’hébergement des demandeurs d’asile.

La semaine dernière, le gouvernement a annoncé que deux sites militaires désaffectés seraient aussi utilisés. Le projet, qui suscite critiques d’associations et inquiétude chez les élus locaux, vise à terme à accueillir des milliers de migrants.

L’an dernier, un nombre record de migrants (plus de 45.000) a atteint les côtes anglaises en traversant la Manche à bord de petites embarcations.

Le gouvernement conservateur entend dissuader ces migrants de venir au Royaume-Uni et en a fait l’une de ses priorités alors que les plans successifs des dernières années n’ont pas permis d’endiguer le phénomène. Son projet de les expulser vers le Rwanda reste suspendu à des décisions de justice.

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