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Éthiopie : situation « incontrôlable » au Tigré, le risque d’une crise migratoire


Selon l'émissaire de l'UE, le Soudan voisin a du mal à faire face à l'afflux de dizaines de milliers de Tigréens qui y ont fui et ces réfugiés risquent de vouloir gagner l'Europe. (illustration AFP)

La crise dans la région éthiopienne du Tigré, théâtre d’un conflit entre ses autorités dissidentes et le pouvoir fédéral, semble hors de contrôle, a averti mardi le ministre finlandais des Affaires étrangères, de retour d’une mission pour l’Union européenne.

« La situation est militairement, humainement et sur le plan humanitaire, incontrôlable », a déclaré Pekka Haavisto lors d’une rencontre avec la presse à Bruxelles.

Le Tigré est le théâtre de combats depuis début novembre 2020, après la décision du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed d’envoyer l’armée éthiopienne en déloger le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirigeait alors la région et contestait depuis plusieurs mois l’autorité du gouvernement fédéral. Abiy Ahmed avait justifié l’opération militaire en accusant les forces régionales du TPLF d’avoir d’attaqué des bases de l’armée fédérale. Les troupes éthiopiennes ont pris la capitale régionale Mekele fin novembre, mais le TPLF a assuré continuer la lutte et des affrontements continuent d’être signalés, entravant l’acheminement de l’aide humanitaire.

« Cette opération a duré plus de trois mois et nous n’en voyons pas la fin », a commenté Pekka Haavisto, qui s’est rendu en février à Addis-Abeba, où il a rencontré Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix en 2019.

Pekka Haavisto a rendu compte de sa mission lundi aux ministres des Affaires étrangères des 27 pays de l’UE à Bruxelles. Il a déploré que les dirigeants éthiopiens n’aient pas réussi à fournir une « image claire » de la situation au Tigré, notamment concernant l’implication largement documentée des forces de l’Érythrée voisine. « La question des troupes érythréennes est extrêmement sensible. Nous n’obtenons donc pas de réponse claire sur l’emplacement ou l’ampleur de leur présence », a-t-il souligné.

« Une autre crise de réfugiés potentiellement importante »

Addis Abeba et Asmara nient l’implication des forces érythréennes dans le conflit, malgré les témoignages de civils, de travailleurs humanitaires et de certains responsables militaires et gouvernementaux.

L’UE s’est jointe aux États-Unis pour exiger le retrait des troupes érythréennes. Pekka Haavisto a réitéré les appels urgents de la communauté internationale pour que le gouvernement éthiopien autorise un accès humanitaire total au Tigré, y compris dans les zones échappant à son contrôle. « Nous avons besoin du feu vert du gouvernement éthiopien pour négocier l’accès aux zones contrôlées par l’Érythrée et aux zones contrôlées par l’opposition », a-t-il ajouté.

Pekka Haavisto a averti que le Soudan voisin avait du mal à faire face à l’afflux de dizaines de milliers de Tigréens qui y ont fui et que ces réfugiés risquent de vouloir gagner l’Europe, évoquant « le début d’une autre crise de réfugiés potentiellement importante dans le monde ». « Si rien n’est fait, les conditions de vie vont s’aggraver et de plus en plus de réfugiés vont arriver », a-t-il mis en garde.

La Commission européenne a en décembre suspendu le versement de quelque 90 millions d’euros d’aide budgétaire à l’Éthiopie, faute pour Addis Abeba de garantir un accès humanitaire total au Tigré.

LQ/AFP

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