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Crise en République tchèque : le ministre des Finances a « menti à répétition » selon les députés


Le ministre tchèque des Finances Andrej Babis est accusé d'avoir menti à de "nombreuses reprises". (photo AFP)

Le ministre tchèque des Finances Andrej Babis, au centre de l’actuelle crise gouvernementale et dont le Premier ministre Bohuslav Sobotka exige le départ, a « menti à répétition », accuse une résolution adoptée mercredi soir par la Chambre des députés.

Deuxième fortune du pays, M. Babis, magnat controversé de l’agro-alimentaire et chef du mouvement centriste et populiste ANO, était sous le feu des députés suite à des soupçons de fraude fiscale et à des fuites de ses conversations.

Il a « menti à répétition dans ses discours publics », ont constaté les députés, au terme d’un débat houleux d’environ huit heures.

Le ministre a également « abusé de ses média pour compromettre ses adversaires politiques », lit-on dans ce texte qui invite aussi le président Milos Zeman à « respecter la Constitution de façon conséquente et sans délai inutile ».

Sur les 118 élus présents, 94 ont voté en faveur du texte proposé par le parti d’opposition de droite ODS.

ANO de M. Babis est membre de la coalition au pouvoir depuis 2014, avec le Parti social-démocrate CSSD de M. Sobotka et les chrétiens-démocrates KDU-CSL.

Le CSSD et KDU-CSL tout comme les partis d’opposition de droite, ODS et TOP 09, reprochent au ministre Babis des transactions financières douteuses, une fraude fiscale et de multiples conflits d’intérêt.

Ils l’accusent également de tentatives de manipuler, contrairement à ses affirmations, le contenu d’un grand journal pour discréditer ses opposants. Sur ce point, les députés se sont fondés sur des conversations de M. Babis, dont les enregistrements ont récemment fui sur internet.

Les explications de M. Babis ont été une nouvelle fois jugées incomplètes par ses critiques.

« Au moment où les gens comme vous entrent dans la politique, un énorme danger apparaît », a déclaré le ministre social-démocrate des Affaires étrangères, Lubomir Zaoralek, avant d’accuser M. Babis d’utiliser son poste ministériel pour faire avancer ses intérêts économiques.

Le ministre des Finances qui refuse de démissionner, a une nouvelle fois rejeté mercredi les accusations, dénonçant une « méga-campagne » contre lui.

Il a quitté la chambre basse peu après son intervention prononcée en début d’après-midi, tout comme M. Sobotka, parti pour une visite au Luxembourg.

Parfois décrit comme le « parti d’un seul homme », ANO a jusqu’à présent dominé dans les sondages, avec 28,3% des intentions de vote en avril, selon l’institut privé STEM, devant le CSSD (16,6%) et les communistes (12,2%).

Selon un autre sondage réalisé également le mois dernier par l’institut officiel CVVM, M. Babis bénéficiait d’une cote de « confiance » de 43% et suscitait la « méfiance » chez 49% des personne interrogées.

De son côté, le président Milos Zeman ne veut prendre une décision sur un éventuel limogeage de M. Babis qu’à son retour de sa visite en Chine, prévue entre les 11 et 18 mai.

Environ 10.000 personnes ont protesté mercredi à Prague contre l’action politique de M. Babis et M. Zeman. Quelques centaines d’autres ont manifesté dans cinq autres grandes villes du pays: Olomouc, Plzen, Ceske Budejovice, Liberec et Brno.

Le Quotidien / AFP

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