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[Théâtre] Un diptyque sur la civilisation à Neimënster


Danse, jeu d'acteur, musique, vidéo : comme à leur habitude, Sandy Flinto et Pierrick Grobéty proposent un spectacle pluridisciplinaire.

Sandy Flinto et Pierrick Grobéty présenteront, samedi à Neimënster, Adaptation. Une réflexion inspirée du «singe» de Kafka et de l’histoire de Kaspar Hauser, et faite de théâtre, danse, musique et vidéo.

Après Confidences présenté en septembre 2015, le duo Sandy Flinto et Pierrick Grobéty est de retour à l’abbaye de Neumünster pour une nouvelle production théâtrale mélangeant, d’un côté, fiction et histoire, de l’autre, jeu d’acteur, danse, musique et vidéo : Adaptation. À découvrir ce samedi.

Depuis 2012, Sandy Flinto et Pierrick Grobéty ne se quittent plus. La plasticienne et le musicien aiment s’aventurer, en duo, dans l’expérimentation scénique, quelque part entre le théâtre physique, la performance et le mélange des différentes disciplines artistiques. Ce sera encore le cas ce samedi à Neimënster à l’occasion de l’unique représentation publique – une représentation scolaire est également prévue demain – de cette nouvelle production, Adaptation.

Sans lorgner une nouvelle fois le théâtre documentaire, comme c’était le cas dans Confidences, le duo réunit deux récits – un fictionnel, l’autre historique – dans sa nouvelle œuvre. D’un côté, il reprend, «avec des libertés», explique Sandy Flinto, Rapport à une académie de Kafka, l’histoire d’un singe qui, enfermé dans une cage sur un bateau, décide de se civiliser pour s’intégrer dans la société des humains. «Un singe qui a réussi et qui écrit alors un rapport sur son parcours de civilisation», résume la metteur en scène, par ailleurs initiatrice du projet. De l’autre côté, le duo se réapproprie l’histoire de Kaspar Hauser (1812-1833) qui vécut enfermé jusqu’à l’âge de 16 ans, sans aucun contact avec le monde extérieur, avant d’être déposé sur la place publique de Nuremberg en 1828. Malgré un aspect très énigmatique entourant cette histoire – qui lui valut d’ailleurs l’emprisonnement –, la société décida de le civiliser pour le sortir de cette condition primitive.

Le premier sera interprété par le comédien Pol Hoffmann. Le second par le chorégraphe et danseur Pierre-Yves Diacon. Les deux personnages étant transposés dans le contexte social actuel.

Et si on dit d’un côté et de l’autre, c’est également parce que c’est ainsi que ces deux récits vont être présentés sur la scène de la salle Krieps. «On a deux zones, une pour l’acteur, l’autre pour le danseur. C’est donc un diptyque, comme en peinture, avec deux tableaux qu’on peut voir et qui se développent en même temps. Et on joue sur la place que chacun laisse à l’autre», souligne Sandy Flinto. La lumière et la vidéo de Melting Pol, ainsi que la musique cinétique de Pierrick Grobéty viendront compléter le dispositif. «Les deux histoires vont ainsi évoluer jusqu’à un moment où elles vont se croiser. Et le public peut même, parfois, se demander qui est l’un et qui est l’autre», reprend la metteur en scène.

Une réflexion sur la liberté individuelle

Les deux personnages se trouvent à des étapes différentes de leur intégration à la société humaine. Le singe est arrivé au bout, son histoire est donc racontée comme une rétrospective. Kaspar Hauser, lui, est en pleine évolution. Son récit se développe donc sur le plateau. Et tandis que le comédien va s’exprimer principalement avec des mots, le danseur va, lui, traduire avant tout des sensations à travers un langage physique.

L’idée centrale du projet est donc une réflexion sur la liberté individuelle. «Parfois on se pose la question : « Qu’est-ce que la liberté? » et on voit souvent les côtés néfastes de l’éducation et l’adaptation, note Sandy Flinto, tandis que dans la nature, chez les animaux et les plantes, l’adaptation est justement une des qualités les plus importantes pour survivre.» «Nous, humains, cherchons la particularité et l’individualisme», ajoute-t-elle. Et encore : «Donc, c’est quoi la liberté? Faire tout et n’importe quoi? L’anarchie? Ça ne marcherait pas non plus! Quel est le bon équilibre?»

La réponse sera à chercher dans cette étonnante proposition artistique. Une seule représentation publique de la pièce est donc prévue dans le Grund. Pour ceux qui ne pourraient pas se libérer ce samedi, elle sera néanmoins reprise à la Kulturfabrik et au Kulturhaus Mersch en octobre.

Pablo Chimienti

Neimënster – Luxembourg.

Samedi à 20 h.

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