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Corée : la Chine presse Trump de ne pas mettre en jeu son commerce


Photo fournie le 28 juillet 2017 par l'agence nord-coréenne Kcna du tir d'un missile balistique intercontinental Hwasong-14 depuis un endroit non déterminé en Corée du Nord. (Photo : AFP)

La Chine a pressé lundi les États-Unis de pas lier le dossier nord-coréen aux discussions sur le commerce sino-américain, à l’heure où Washington accuse Pékin d’inaction et s’efforce d’intensifier la pression sur Pyongyang après un nouveau tir de missile intercontinental.

«Le problème du nucléaire nord-coréen et les échanges commerciaux sino-américains sont deux sujets distincts (…) qui n’ont rien à voir et ne doivent pas être discutés conjointement», a martelé le vice-ministre chinois du Commerce, Qian Keming.

Il réagissait, lors d’une conférence de presse, à un tweet de Donald Trump, dans lequel le chef de la Maison Blanche agitait le spectre de représailles contre la Chine. «Je suis très déçu par la Chine. Les ex-dirigeants (américains) ont eu la bêtise de laisser les Chinois gagner des centaines de milliards de dollars par an en commerçant (avec les Etats-Unis), et maintenant ils ne font RIEN pour nous avec la Corée du Nord, hormis parler», a écrit M. Trump sur Twitter.

«Nous ne permettrons plus que cela continue. La Chine pourrait facilement résoudre ce problème!», a-t-il déploré dans ce message posté après le tir vendredi par Pyongyang d’un missile balistique intercontinental (ICBM), le second en un mois. Le leader nord-coréen Kim Jong-Un s’est félicité que l’ensemble du territoire des Etats-Unis soit désormais «à portée de tir (…) n’importe où, n’importe quand».

« Menace sérieuse »

«La Corée du Nord représente une menace directe sérieuse et grandissante pour les Etats-Unis, le Japon», la Corée du Sud «et d’autres pays proches et lointains», ont estimé de concert dimanche, lors d’une entretien téléphonique, Donald Trump et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, selon un communiqué de la Maison Blanche.

Les deux dirigeants se sont engagés à «accroître la pression économique et diplomatique» sur Pyongyang et à «convaincre d’autres pays d’en faire de même». Donald Trump avait d’ailleurs prévenu samedi qu’il «ne permettrait plus» à Pékin de ne rien faire: il presse la Chine, l’unique grand soutien économique et diplomatique de Pyongyang, d’endiguer les ambitions de son récalcitrant voisin.

Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson avait enfoncé le clou, estimant qu’en tant que «soutiens économiques du programme nucléaire balistique» de Pyongyang, Pékin, et également Moscou, portaient une «responsabilité spéciale» dans l’aggravation de cette menace. Mais la Chine, qui a déjà interrompu ses importations de charbon nord-coréen, juge que la seule solution passe par le dialogue.

Donald Trump «choisit une fois encore de rejeter la responsabilité sur Pékin» pour les progrès du nucléaire nord-coréen comme pour le déficit commercial abyssal des États-Unis avec la Chine -près de 310 milliards de dollars l’an dernier-, a déploré lundi l’agence étatique Chine nouvelle dans un commentaire. Après l’adoption vendredi par le Japon de sanctions unilatérales contre la Corée du Nord –mais qui touchaient également deux sociétés chinoises– Pékin avait dénoncé de «mauvaises décisions» prises «en-dehors du cadre du Conseil de Sécurité de l’ONU» tout en assurant qu’elle souhaitait elle aussi «la dénucléarisation de la péninsule coréenne».

Manœuvres militaires

La Corée du Nord, elle, a surenchéri dimanche en assurant qu’elle riposterait en cas de provocations militaires de Washington. Or, en réaction au tir de Pyongyang, les Etats-Unis multiplient les manoeuvres: exercice militaire conjoint avec la Corée du Sud; opération de bombardiers américains B-1B aux côtés de chasseurs sud-coréens et japonais; test réussi d’interception d’un missile à portée intermédiaire dans le Pacifique…

De son côté, la Corée du Sud a annoncé qu’elle allait accélérer le déploiement du bouclier antimissiles américain Thaad sur son territoire — s’attirant une sévère mise en garde de Pyongyang ainsi que de Pékin, qui y est farouchement opposé. Le tir de vendredi survient après un premier test réussi, le 4 juillet, d’un missile intercontinental. Des experts estiment que le second missile serait significativement plus puissant.

Selon Kim Dong-Yub, de l’Institut des études extrême-orientales de l’Université Kyungnam, Pyongyang pourrait avoir réussi à miniaturiser des charges allant jusqu’à 750 kilos, ce qui donnerait une portée de 10 000 km à un missile… De quoi atteindre théoriquement New York ou Washington, a-t-il indiqué. L’ONU a infligé six régimes de sanctions à Pyongyang depuis 2006, et deux résolutions adoptées l’an dernier les ont particulièrement renforcées, sans que cela n’empêche le régime stalinien de poursuivre ses programmes balistique et nucléaire.

L’ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley a estimé dimanche que réunir en urgence le Conseil de sécurité de l’Onu après le nouveau tir d’un missile intercontinental serait «inutile» si cela «ne débouche sur rien».

Le Quotidien/AFP

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