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Wasserbillig : les maisons douanières se muent en une structure d’accueil pour DPI


La structure d'hébergement de Wasserbillig pour demandeurs de protection internationale a une capacité d'accueil de 63 personnes. (Photos : Fabrizio Pizzolante)

À partir de mardi, les anciennes maisons douanières de la commune seront occupées par des demandeurs de protection internationale (DPI). Visite guidée.

Il est 10 h samedi matin, et plusieurs personnes vont et viennent dans la rue du Bocksberg à Wasserbillig. Les habitants de la commune sont là pour visiter les anciennes maisons douanières, totalement rénovées à la charge de l’État, pour devenir la 57e structure d’hébergement pour demandeurs de protection internationale. Le ministre des Affaires étrangères et européennes, de l’Asile et de l’Immigration, Jean Asselborn, fait partie des visiteurs. Il s’engouffre dans la maison du 66 rue du Bocksberg, composée d’une salle commune, d’une cuisine, d’une buanderie au rez-dechaussée, de trois chambres (5 lits) au 1er étage et d’un bureau, de douches et sanitaires au 2e étage. À l’arrière de la maison, un jardin. Cette maison pourra accueillir cinq personnes.

Une structure «à taille humaine»

Au total, 11 des 16 anciennes maisons douanières ont été rénovées pour se muer en une structure d’hébergement de phase 3 pour demandeurs de protection internationale, c’est-à-dire une structure durable où un demandeur de protection internationale séjourne en principe jusqu’à réception d’une réponse à sa demande de protection internationale. La capacité maximale de la nouvelle structure est de 63 personnes (5 à 7 lits par maison). Elle est destinée à des familles, des femmes et des hommes seuls. Dans un premier temps, une vingtaine de personnes vont s’installer au fur et à mesure à partir de mardi. Quant aux enfants des familles de cette nouvelle structure, ils seront scolarisés à l’école fondamentale de Wasserbillig, où une classe spécialisée d’État (CSAE) a été créée par le ministère de l’Éducation nationale.

05092020, Wasserbillig-Meutert, Rue du Bosksberg 44, Jean Asselborn aux Portes ouvertes ˆ la structure dÕhŽbergement pour DPI ˆ Wasserbillig, © Editpress/Fabrizio PizzolanteLa gestion de cette nouvelle structure d’hébergement pour demandeurs de protection internationale sera assurée par la Croix-Rouge luxembourgeoise. « Un poste et demi à savoir une éducatrice et une assistance sociale, est dédié à cette structure. Et un agent de sécurité sera présent 24 h/24 et 7 jours sur 7 , indique Christof Muller, chargé de direction à la CroixRouge luxembourgeoise, service Migration et Réfugiés. Ce foyer est une réelle opportunité pour les personnes d’être menées vers plus d’autonomie. » Un sentiment partagé par Jeanne Raquin, l’éducatrice de la CroixRouge luxembourgeoise qui sera en charge du lieu : «C’est un foyer à taille humaine. Les demandeurs de protection internationale pourront vivre normalement dans une maison. Cela va faciliter leur intégration et ils deviendront très vite les voisins des autres résidents de la rue. »

FAB_3592_previewDe son côté, le bourgmestre de Mertert-Wasserbillig, Jérôme Laurent, estime que « c’est notre responsabilité d’accueillir des demandeurs de protection internationale sur le territoire de notre commune». « Notre commune est déjà composée de 40 % de résidents étrangers , poursuit-il. Je vois cette structure et l’arrivée des demandeurs de protection internationale comme une chance pour notre commune, sa mixité et son vivre ensemble.» Alors, bienvenue aux nouveaux «voisins».

Guillaume Chassaing


Le nouvel appel aux communes

Depuis qu’il est en charge de l’accueil des demandeurs de protection internationale (DPI) dans son portefeuille ministériel à l’issue de la formation du gouvernement actuel après les élections législatives de 2018, Jean Asselborn multiplie les appels aux communes. Le ministre des Affaires étrangères et européennes, de l’Asile et l’Immigration l’a réitéré samedi lors des portes ouvertes de la nouvelle structure d’hébergement pour demandeurs de protection internationale à Wasserbillig : « Nous avons besoin de mettre en place de nouveaux foyers d’accueil. Actuellement, 35 communes ont une structure sur le territoire, j’appelle les autres communes à en faire de même. Il faut 10 ares pour que nous puissions installer une structure modulable qui peut accueillir 30 personnes. L’accueil des demandeurs de protection internationale est un geste de solidarité .» Fin août, l’Office national de l’accueil (ONA) hébergeait dans ses 56 structures un total de 3 177 personnes (capacité totale de 4 211 lits). Dans les structures durables de l’ONA (structures de phase 3 à savoir jusqu’à la fin de la procédure de demande de protection internationale; la phase 1 à savoir le primo-accueil est assuré par le foyer de Mondercange, qui joue le rôle de primoaccueil à cause du Covid-19 depuis le début de la crise sanitaire et le foyer de la Logopédie en Ville; la phase 2 se déroule au foyer de Mersch dans les anciens bâtiments de Creos), le taux d’occupation est actuellement de 82,7 %.

05092020, Wasserbillig-Meutert, Rue du Bosksberg 44, Jean Asselborn aux Portes ouvertes ˆ la structure dÕhŽbergement pour DPI ˆ Wasserbillig, © Editpress/Fabrizio Pizzolante

Jean Asselborn demande (une nouvelle fois) aux communes de faire preuve de «solidarité».

Bientôt des foyers à Käerjeng et Frisange

« En principe, un taux d’occupation supérieur à 80 % ne peut être atteint dans les structures familiales et mixtes vu que l’utilisation de la totalité des capacités est impossible. Par exemple, un lit libre dans une chambre familiale ne peut difficilement être occupé par une personne étrangère , détaille Yves Piron, le directeur de l’ONA. Donc, oui, nos structures arrivent à saturation. » Des pourparlers sont en cours avec plusieurs communes. Et des projets vont se concrétiser prochainement comme à Käerjeng, où une structure modulable de 60 lits doit s’ouvrir au printemps, ou encore à Frisange, qui doit également accueillir une telle structure dans le courant de l’année 2021. Par ailleurs, le foyer de primo-accueil, qui se trouve actuellement à la Logopédie de la capitale, devrait aussi déménager au début de l’année prochaine dans un autre bâtiment, situé route d’Arlon à Luxembourg (capacité : 250 places).

Cette « saturation » et donc ce besoin de nouvelles structures d’accueil s’expliquent par le fait que les demandeurs de protection internationale continuent d’arriver sur le territoire malgré le Covid-19 : 537 demandes de protection internationale ont été déposées depuis le début de l’année contre 1 196 à la même période en 2019 et 1 088 à la période en 2018. Mais aussi par le fait que de nombreux bénéficiaires de la protection internationale (BPI – personne qui a obtenu le statut de réfugié et donc un résident à part entière) n’arrivent pas à trouver un logement et donc continuent d’être hébergés dans l’un des foyers en contrepartie « d’une participation aux frais », dixit Yves Piron.
En effet, aujourd’hui, les structures d’hébergement de l’ONA accueillent à 48,1 % des demandeurs de protection internationale, à 42,8 % des personnes bénéficiant de la protection internationale ou similaire et à 9,1 % des personnes dont la demande de protection n’a pas abouti et autres.

G. Ch.

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