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Vin orange : retour aux sources, « comme il y a 7 000 ans »


Les vins orange ou les vins kvevris n'ont pas grand-chose à voir avec les vins blancs traditionnels. (photo archives Jean-Claude Ernst)

Cela fait maintenant trois ans que le domaine Kox produit des vins orange et des vins mûris en kvevris, ces amphores enterrées venues de Géorgie. Deux curiosités.

Au domaine Kox, à Remich, vin orange et vin kvevri sont de très proches cousins. Dans les deux cas, il s’agit d’employer le principe de la macération pelliculaire. Plutôt que passer le vin au pressoir avant de le mettre en cuve (ce qui permet d’extraire le jus tout en évitant de le mettre au contact avec le bois de la rafle), les raisins (tout de même égrappés) sont mis à macérer directement après les vendanges soit en cuve inox dans le cas du vin orange, soit dans ces fameuses amphores géorgiennes enterrées dans le jardin familial dans le cas des vins kvevris.

« Grâce à cette méthode, nous faisons du vin comme il y a 7 000 ans !, s’enthousiasme Laurent Kox. On retrouve le vin des origines. » Pour le conserver plus longtemps, les vignerons du Néolithique et de l’Antiquité y rajoutaient du miel. « Mais nous n’en produisons pas encore assez pour appliquer ce principe », sourit le vigneron qui s’est renseigné sur les recettes utilisées par les Romains. Pline l’ancien a notamment écrit sur le sujet.

Pour se passer du miel, Laurent Kox a concédé l’ajout de la dose minimale de soufre lors de l’embouteillage, pour éviter les mauvaises surprises à l’ouverture. Hormis cette touche finale, « on ne fait rien » ! C’est la nature qui se charge de créer le vin. Le jus des baies est extrait sous le poids des raisins qui sont pigés (remués) de temps en temps. Le millésime 2014 est resté jusqu’en juin dans les kvevris, alors que le 2015 a été mis en bouteille un peu plus tôt en mars. « Il faut goûter, et se décider », souligne Laurent Kox.

Charcuterie corsée et magret de canard

Jusqu’à présent, les vins orange et les vins kvevris ont été produits avec deux cépages : le riesling et le pinot blanc. Le vigneron a d’ailleurs une préférence pour ce dernier. Toujours à l’affût de nouvelles idées à tester, le vigneron sait déjà que, cette année, il tentera de réaliser une cuvée de vin rouge sur le même modèle. « On essaiera avec du pinot noir ou du saint-laurent, je ne sais pas encore… » En plus du pinot blanc, bien sûr !

À la dégustation, il faut ouvrir grand les papilles et son esprit. Ces vins sont complètement différents de ce que vous pouvez attendre d’un riesling ou d’un pinot blanc traditionnel. Très parfumés et très aromatiques, ils sont surtout beaucoup plus complexes. Une caractéristique qui est due à la présence de tannins apportés par le contact prolongé avec la peau des raisins. En conséquence, ce sont clairement des vins de repas qui ne se contenteront pas à l’accompagnement des poissons et fruits de mer. « Ils s’allient bien avec de la charcuterie un peu forte – de cerf ou de sanglier, par exemple – et je les aime beaucoup avec du magret de canard ! », conseille Corinne Kox.

Vins nature par excellence, les vins orange ont en ce moment une cote terrible dans les bars à vins branchés de Paris, notamment. Et à Luxembourg, comment ça se passe ? « Nous en avons, mais cela reste assez confidentiel, indique Rodolphe Chevalier, sommelier de la Vinoteca à Luxembourg. Nous ne le proposons qu’à des habitués, qui connaissent déjà bien les vins luxembourgeois et qui veulent tester quelque chose de nouveau. »

Laurent Kox sait bien que les vins orange et kvevris seront des niches qui ne plairont pas à tous ses clients, mais qu’importe. « On s’ennuie si l’on ne reste que sur le chemin habituel, sourit-il. J’aime trouver la petite dérive qui donne envie de travailler encore mieux. Ce que je sais, c’est qu’il y a trois ans, nous étions moins riches en expérience qu’aujourd’hui ! »

Erwan Nonet

La cuvée transfrontalière, déjà un carton !

À peine née et déjà plébiscitée ! Créé sous les auspices du Groupement européen d’intérêt économique (GIEC) Terroir Moselle, la Grande Cuvée du Terroir mosellan a séduit sans tarder. Elle est assemblée avec des raisins luxembourgeois, allemands et français (domaine Kox, Weingut Lukashof Franz-Josef Bollig à Trittenheim et domaine Bellier à Ancy-sur-Moselle).

Les premières dégustations (au salon de l’Agriculture à Paris, au salon Prowein à Düsseldorf et au Springbreak à Luxembourg) ont convaincu les distributeurs. « Les étiquettes ne sont pas encore terminées que la première récolte est déjà pratiquement vendue, c’est une réussite totale ! », se félicite Laurent Kox.

Alors que le deuxième millésime est en train de grandir en cave, le troisième verra de nouveaux vignerons rejoindre les trois premiers domaines, ce qui permettra d’augmenter le nombre de bouteilles qui seront mises sur le marché.

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