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Un chauffeur de taxi eschois dans l’horreur de Zaventem


Le chauffeur de taxi eschois doit peut-être sa vie à deux pains au chocolat qu'il a achetés sur une aire d'autoroute de Berchem, en allant chercher un client à Zaventem. (illustration Editpress)

Un chauffeur de taxi eschois se trouvait au dépose-minute de l’aéroport de Bruxelles, mardi au moments des attentats. Il raconte l’horreur : « des images de guerre ».

Il doit peut-être sa vie à deux pains au chocolat qu’il a achetés sur une aire d’autoroute de Berchem, en allant chercher son client dans l’est du Pays. David M., 33 ans, est chauffeur de taxi à Esch-sur-Alzette. Quand les deux bombes ont explosé à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, mardi, lui était en train de manger sur le pouce, garé sur la zone «kiss and fly» juste devant l’aéroport, le temps que son client, en couple avec un Thaïlandais, retrouve son compagnon au terminal des arrivées.

«L’avion de son ami s’était posé vers 7h. Le temps qu’ils récupèrent les bagages, je me suis dit que je pouvais petit-déjeuner. D’habitude, quand je vais à Zaventem, je me prends un gâteau dans l’aéroport. Là, je me suis souvenu que j’avais les deux pains au chocolat.» Le temps de faire une sieste et de se prélasser, une heure s’est écoulé. Peu avant 8h, une première bombe explose. «J’étais en train d’envoyer des SMS, je n’ai pas compris ce qu’il se passait. Des vitres de l’aéroport ont explosé à quelques mètres de mon taxi. Je suis resté à l’intérieur, je n’ai pas pensé à un attentat, mais plutôt à un gros problème technique.» Le jeune homme se retrouve dans une espèce de «silence bizarre. Ce n’était pas la panique. Une légère fumée grise commençait à s’échapper de l’aéroport.»

Quinze secondes après, deuxième explosion. «Beaucoup plus forte selon moi. Et là, les gens ont vraiment paniqué… C’était une attaque, il n’y avait plus de doute.» David appelle tout de suite son père. «J’ai eu de la chance, dans les dix premières minutes, le réseau mobile n’était pas saturé.» Puis il sort de son taxi, toujours sans nouvelles de son client. «Je ne voulais pas rester à l’intérieur, j’avais l’impression d’être une cible facile.» Il recule de quelques mètres pour se coller près de l’hôtel Sheraton de Zaventem.

«Ce n’est pas mon sang, ça va aller»

«J’ai vu des scènes hallucinantes. Durant sept ou huit minutes, il n’y avait pas de secours. J’avais envie de rentrer à l’intérieur pour voir, pour aider. Puis je voyais les gens fuir en sens inverse, complètement affolés. Alors j’ai fait des petits pas en arrière.» David décrit une odeur de cheveux brulés. Il est encore traumatisé. «J’ai vu une personne couverte de sang, je lui ai dit : Ça va aller vous ? Elle m’a répondu : Ce n’est pas mon sang, je crois qu’on m’a sauvé la vie. Et le bruit aussi… Toutes les femmes pleuraient autour de nous, toutes.» Quelques instants plus tard, David retrouve son client. «Il avait du plâtre dans les cheveux, parce que le terminal d’arrivée est au -1. Il était comme un gamin qui ne répond que par oui ou non.»

Pas de nouvelles de l’ami de ce dernier en revanche. Ils ne le rejoindront que plus tard dans la matinée, dans Zaventem-Village, une fois la connexion des portables rétablie. «C’était des images de guerre. Les pompiers et les policiers ont assuré là-bas, je peux vous le dire.»

Le taxi de David est encore immobilisé à Bruxelles. Il ira le chercher la semaine prochaine. C’est sa copine qui a ramené toute l’équipe saine et sauve au Grand-Duché. «Et moi, ça trotte dans ma tête, j’ai besoin d’en parler…»

Hubert Gamelon

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