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Studio de cinéma : travelling arrière sur un rêve brisé à Dudelange


Le site Neischmelz de Dudelange n'accueillera pas de studios de cinéma, comme prévu initialement. (photo Claude Lenert)

Il n’y aura finalement pas de studio cinématographique dans la Forge du Sud. Interpellé par le député-maire Dan Biancalana, le ministre des Communications et des Médias, Xavier Bettel, s’est expliqué.

L’usine à rêves, dans la cité où l’ «on dirait le Sud», ne verra pas le jour. En effet, il n’y aura point de complexe cinématographique de type Cinecittà à la romaine, du côté de Dudelange. Si l’information était déjà officielle, elle a été développée et justifiée par Xavier Bettel, en sa qualité de ministre des Communications et des Médias, il y a une dizaine de jours à la Chambre des députés, dans le cadre d’une «question élargie» à la Chambre des députés.

«Compensation et projet d’envergure nationale»

Visiblement remonté par la décision prise, dès le mois de juillet, en Conseil de gouvernement, le député-maire de Dudelange, Dan Biancalana, était ainsi venu au perchoir, il y a moins de deux semaines, en vue d’obtenir des explications, après la trêve estivale : «En 2005, dans la cadre de la fermeture du laminoir dudelangeois, un accord avait été trouvé entre l’État, les syndicats et la Ville de Dudelange afin de compenser les emplois perdus, et dans l’optique de faire un projet national, qui serait à développer sur le site Neischmelz. Dans ce cadre, il était prévu de créer des emplois d’une part, et d’y implanter un projet d’envergure national pour accroître l’attractivité de la Ville de Dudelange et du site Neischmelz, d’autre part. Dans la foulée de cet accord, en 2007, les premières discussions avec l’Union luxembourgeoise de la production audiovisuelle (ULPA), qui cherchait un nouveau site pour l’industrie du film ont débuté», a tout d’abord rappelé Dan Biancalana à la tribune.

«Plans dessinés, coûts chiffrés»

Le député-maire de la Forge du Sud a poursuivi son historique en relatant que «par la suite, beaucoup réunions ont été tenues, les besoins définis, des plans dessinés, les coûts chiffrés», avec pour but que le site soit revalorisé et obtienne une nouvelle affectation. Cela dit, «malgré le grand intérêt des producteurs de films», le site ne se prêtait pas, à l’époque, à l’implantation d’un complexe cinématographique. En effet, les 40 hectares de friches appartenaient encore à ArcelorMittal. «Même si l’industrie du film s’est ensuite retournée vers Kehlen, plusieurs années après, elle a considéré cela comme une implantation provisoire, car elle avait la perspective de s’installer, à terme, à Dudelange», a encore affirmé le député-maire de Dudelange. Pour rappel, l’État a entretemps repris le site, à savoir en 2016.

«Avec beaucoup de regrets et de consternation»

Des discussions avec l’ULPA, le Fonds du film et le ministère de la Culture ont dès lors repris. Estimé à 22 millions d’euros, le coût du projet sera finalement mis à l’écart lors d’un Conseil de gouvernement, qui s’est déroulé au mois de juillet.

Avant que le conseil communal de Dudelange ne déplore, le 4 octobre dernier, qu’ «avec beaucoup de regrets et de consternation, le collège des bourgmestre et échevins vient d’être informé de la décision récente du Conseil de gouvernement d’abandonner le projet de l’implantation de l’industrie de la production audiovisuelle sur le site Neischmelz. Pourtant, la Ville avait constaté avec forte satisfaction que le projet a été repris dans l’accord de coalition gouvernemental 2018-2023, arrêté par les parties en date du 3 décembre 2018, qui affirme, dans son chapitre «secteur de production audiovisuelle», qu’entre autres «le concept d’un projet cinématographique créatif à Dudelange-Fonderie au sein de l’aciérie existante sera soutenu dans le cadre d’un partenariat public-privé entre l’État, la commune et des sociétés de production et de postproduction, ce projet offrant l’occasion d’utiliser une ancienne friche industrielle à des fins créatives».

Comprendre que la pilule est amère pour le député-maire de Dudelange, Dan Biancalana, et pour le bassin de la Forge du Sud, qui ne s’attendaient probablement pas à un tel dénouement, même si le gouvernement, par la voix de Xavier Bettel, a promis qu’un autre potentiel «projet d’envergure nationale» à Dudelange serait soutenu par le gouvernement, en lieu et place du projet Neischmelz.

Claude Damiani

7 ou 22 millions, «ce n’est pas la même chose !»

En sa qualité de ministre des Communications et des Médias, Xavier Bettel s’est justifié à la Chambre, en rappelant «le principe de la continuité des institutions. Ce n’est pas parce que le gouvernement a changé, que celui d’après ne soutenait pas le projet dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP)». Or Xavier Bettel a rappelé que le projet, analysé en 2007, avait été estimé à 7 millions d’euros. «Mais aujourd’hui, on est confronté à un projet de 22 millions d’euros : c’est pas la même chose !», a-t-il indiqué.

Dans ce contexte, Xavier Bettel a tenu à rassurer Dan Biancalana, en lui affirmant que «l’unanimité a été effective en Conseil de gouvernement, en vue de soutenir la Ville de Dudelange, si jamais un nouveau grand projet devait être soumis par le ministère de l’Économie». Cela étant, le ministre des Communications et des Médias a précisé ses propos : «Il n’y pas de volonté du gouvernement, en ce moment, de mettre 22 millions sur la table, voire de se partager les coûts à hauteur de 11 millions à charge de l’État et 11 millions à celle de la commune, car il était convenu, dès le départ, que ce projet devait être réalisé avec le secteur privé. J’ai été bourgmestre dans une autre vie et je peux vous dire que le plus coûteux n’est pas de construire une piscine, mais de parvenir à la maintenir ensuite. Ce n’est pas raisonnable. De plus, il n’y en a plus de demande de l’industrie du film, depuis que le site de Kehlen est opérationnel». Dont acte.

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