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Luxembourg : une agriculture à réinventer


Le «Karschnatz» version 2020 est mauvais, à cause des conditions climatiques : il faudra, pour les exploitants, se tourner vers de nouvelles cultures plus résistantes à la sécheresse, s'ils veulent (sur)vivre (Photo : Hervé Montaigu).

Les moissons ont globalement été mauvaises, faisant baisser les rendements céréaliers de 20 à 30 % en moyenne, la faute au changement climatique. Le monde agricole est prié de s’adapter.

Face à cette année jugée «très spéciale» et «décevante» par la ministre de l’Agriculture, Romain Schneider, les exploitations agricoles devront réagir et compenser leurs pertes «au cours des prochaines années ». Et les assises agricoles, qui se tiendront prochainement, devront servir de tremplin vers un nouveau départ pour l’agriculture nationale.

Climat : se tourner vers des cultures plus résistantes

Le message délivré par le ministre, jeudi depuis la nouvelle centrale de la Coopérative des producteurs de semences (LSG) de Colmar-Berg, a été clair et a tourné autour de la lutte contre le changement climatique : le secteur sera soutenu en vue de s’adapter à l’innovation, à la recherche. «Les systèmes de culture agricole, notamment la rotation des cultures, le travail du sol et la production fourragère, doivent être adaptés, de même que s’ouvrir à de nouveaux types de cultures, plus résistantes aux hautes températures et à la sécheresse. Du soja, des tournesols ou du mil, par exemple. Certaines de ces variétés sont déjà utilisées dans des domaines expérimentaux par l’administration des Services techniques de l’agriculture (ASTA) et du lycée agricole d’Ettelbruck, de même que par l’Institut fir Biologësch Landwirtschaft an Agrarkultur Lëtzebuerg (IBLA)», souligne le ministre.
Car il s’agit bien de la météo et, par extension, du changement climatique qui ont été désignés comme les principaux coupables de la baisse des rendements. «Il y a eu trop de précipitations en automne et en hiver, alors que le printemps a d’abord été très froid et puis sec, tandis que l’été a été chaud et très sec», a rappelé le ministre de l’Agriculture.

Les champs de colza ont baissé de 40 % en dix ans

Par ailleurs, les surfaces agricoles cultivables ont été réduites, ont indiqué des représentants du LSG et du Verband : «L’orge d’hiver, le seigle et le colza d’hiver ont tellement souffert que plusieurs zones ont dû être labourées au printemps et ensemencées de céréales d’été et de maïs à faible rendement. La sécheresse persistante au printemps et au milieu de l’été, a empêché la croissance normale de la céréale. Sans oublier que la superficie cultivée, pour les céréales et le colza, a baissé, depuis 2010, respectivement de 10 et 40 %. Mais d’un autre côté, la superficie consacrée au maïs et aux fourrages de plein champ a considérablement été étendue.»
Le ministre Romain Schneider s’est également montré inquiet de la baisse de production de la paille, destinée au bétail, et des pertes attendues en fourrage d’herbe verte et de maïs. Cela dit, ces mauvaises récoltes ne sont pas à généraliser au niveau national : certaines régions ont eu plus de rendement que d’autres, en fonction du climat mais aussi des sols. Idem pour le type de cultures par rapport aux variations climatiques. Enfin, pour ce qui est de la qualité même des récoltes, elles ont, à l’unanimité été qualifiées de «moyenne».

Claude Damiani

Un effet Covid bienvenu : la crise fait consommer local

Malgré des résultats largement en deçà des attentes, le ministre Romain Schneider a tenu a souligner que la proportion de céréales cultivées localement devrait être stabilisée et que la production agricole régionale devrait continuer à être maintenue. La crise sanitaire a démontré tout l’intérêt des consommateurs pour les produits locaux et une certaine solidarité envers les produits locaux se serait développée pendant la crise.
En ce qui concerne la production locale de céréales panifiables et de farine pour le label «Produit du terroir – Lëtzebuerger Wees, Miel a Brout», l’entreprise familiale Moulins de Kleinbettingen a de nouveau travaillé cette année avec 250 agriculteurs locaux, lesquels ont produit 18 000 tonnes de blé en moyenne, dont 380 tonnes de blé biologique (tendance à la hausse), récolté pour la farine de production régionale.

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