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Luxembourg : le jardin est une fête… le vôtre aussi ?


Le "Klouschtergaart", situé au pied du rocher du Bock, est un site exceptionnel. Mais tous les jardins luxembourgeois méritent probablement un détour aussi ! (Photo : Julien Garroy)

Lieu de vie, le jardin représente un enjeu majeur et mérite qu’on le fête. Le ministère de la Culture lance un appel à projets pour ouvrir ces coins de verdure en juin lors du «Rendez-vous aux jardins».

À l’heure où les plantes souffrent du changement climatique, de périodes caniculaires ou de sécheresse de plus en plus fréquentes, il est plus que jamais nécessaire de partager ses savoirs autour de cette thématique. C’est ce que propose le ministère de la Culture en permettant au pays de participer pour la première fois à l’évènement «Rendez-vous aux jardins», placé cette année sous le thème «transmission des savoirs». Pour permettre à ces journées d’exister du 5 au 7 juin prochain, le ministère lance un appel à projets. Celui-ci s’adresse aussi bien aux particuliers, qu’aux sociétés et organisations.

«La domestication de la nature…»

Cette idée a germé en 2018, initiée par HEREIN, un réseau européen d’information et de coopération sur le patrimoine culturel qui fédère les administrations publiques européennes responsables des politiques et stratégies nationales dans le secteur du patrimoine culturel. Au total, 2 706 jardins dans 20 pays européens avaient ouvert leurs portes au public en 2019.
«C’est vraiment une force de montrer par le développement durable la sensibilisation au patrimoine naturel. C’est pour cette raison que le ministère de la Culture a décidé de rejoindre ce réseau», explique Robert Philippart, coordinateur du patrimoine naturel.

Protéger ces espaces verts représente un enjeu «important car il faut prendre conscience que la domestication de la nature est une partie de la culture humaine de l’Antiquité jusqu’à nos jours, qui a trouvé une expression nouvelle à chaque époque et dans chaque société. Au départ, il y avait essentiellement les parcs princiers, ceux appartenant à des seigneurs ou à des abbés. C’est seulement à partir du XIXe siècle que le jardin public émerge. Le jardin privé est cultivé seulement par la suite et devient une source d’occupation saine et hygiénique pour la personne.»

Au XIXe siècle, à l’époque de l’industrialisation à tout-va, des mouvements naissent pour reconnecter l’homme à la nature et améliorer sa qualité de vie. Une philosophie prônée par Rousseau. «C’est à ce moment-là que sont nées les premières promenades publiques, reprend Robert Philippart. Aux États-Unis, en Grande Bretagne, mais aussi à Berlin, tous les grands parcs s’inscrivent dans le style anglais, le paysage idéalisé. L’ingénierie ayant permis à ce moment d’aménager des étangs sur un plateau, de créer des rochers artificiels, de créer un espace onirique. C’est dans cette mouvance qu’est né le jardin comme occupation, comme lieu de rencontre sociale, d’expression culturelle.»
C’est donc essentiel pour le coordinateur du patrimoine naturel de se «mettre en réseau au niveau européen, également dans le cadre de la convention européenne du paysage, de se rendre conscient de ce patrimoine, de le protéger et qu’il rentre dans la conscience des populations».

«Aussi important que le patrimoine construit»

Aujourd’hui, des arbres centenaires de beaucoup de parcs du pays souffrent du réchauffement climatique, mettant en péril leur splendeur. «C’est d’autant plus important que ces jardins conservent des essences rares. Car tous ces jardins publics ou privés ont été développés par des gens amoureux de la nature qui ont recherché ces essences, testé si tel ou tel type de flore pouvait survivre dans un autre environnement. Ils ont voulu faire connaître toute la végétation de la planète sur un même territoire, notamment grâce aux orangeries nées au XVIIIe siècle. Ils ont montré que les plantes méditerranéennes pouvaient survivre en orangerie en hiver et être exposées à l’extérieur en été. Ils sont à l’origine de la plantation de différents arbres, par exemple à Luxembourg-Ville autour du monument Amélie dans le parc.»
«Le patrimoine naturel est aussi important que le patrimoine construit, insiste Robert Philippart. Les deux se valent, sont équivalents et constituent l’univers dans lequel nous vivons et dans lequel nous avons nos racines communes.»

Le trésor caché du Luxembourg

L’appel à projets a été lancé tout juste hier, mais le coordinateur du patrimoine naturel imagine déjà quelques scénarios qu’il aimerait voir se réaliser : «Par exemple que quelqu’un s’installe dans un jardin et lise des poèmes qu’il a rédigés ou des extraits de romans. Que d’autres montrent ce que l’on peut faire à partir d’un jardin de plantes médicinales, comme des tisanes. Le jardin n’est pas uniquement quelque chose à voir, mais aussi à savourer. On pense tout de suite à la tarte aux fruits et toute la gastronomie issue du jardin.»
«Ce qui m’intéresse beaucoup c’est également de montrer que sur des sites industriels reconvertis l’on puisse créer des parcs contemporains : je pense à la Villa Collart à Steinfort qui est un lieu public aujourd’hui ou encore au centre Barblé à Strassen, entouré par un jardin contemporain. Le Luxembourg est un trésor caché jusqu’à présent que l’on cherchera à ouvrir à un public aussi large que possible.»
Même si le projet vient d’être annoncé, Robert Philippart est sûr de trouver en face des partenaires enthousiastes : «Les sentiers naturels à travers la vallée de la Pétrusse ou la vallée de l’Alzette, le Kloustergaart, le parc Mansfeld : ce sont des joyaux où l’on sait que les acteurs sur le terrain n’attendent rien d’autre qu’un appel pour montrer leur richesse, la beauté historique que l’on trouve sur ces sites.»

Audrey Libiez

Les critères pour participer

Les sociétés, organisations et personnes privées sont invitées à soumettre leurs projets jusqu’au 20 avril 2020. Les personnes intéressées peuvent trouver toutes les informations utiles ainsi que l’appel complet sur le site du ministère de la Culture.
Pour pouvoir participer, certains critères devront être remplis :
– Être en adéquation avec le thème «transmission des savoirs» : le partage d’informations et de connaissances avec les visiteurs (nature, culture, patrimoine, création, arts et science, biodiversité, développement durable, ressources phyto-génétiques, essences végétales, herbiers, jardins de curé, produits gastronomiques à partir de végétaux…);
– Le caractère pédagogique, encadrement/information des visiteurs (qualité et langues);
– Sécurité des lieux pour les visiteurs;
– Garantie du financement du projet.

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