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Luxembourg : la Ville ne connaît pas encore la crise


Le budget était à l'ordre du jour du conseil communal au Knuedler. Il occupera les deux prochaines séances. (illustration Julien Garroy)

Une gestion prudente des finances communales permet à la capitale de ne pas encore trop ressentir les effets de la crise et de continuer à investir.

«Un budget normal dans une période d’exception.» C’est ainsi que Laurent Mosar, échevin en charge des finances à la Ville de Luxembourg, a décrit le budget de l’année à venir de l’administration communale. Une période d’exception parce que le Covid-19 est passé par là avec son lot d’incertitudes quant à l’avenir et notamment aux ressources financières, qui ne seront pas celles dont disposaient les communes jusqu’à présent. Laurent Mosar, comme beaucoup de responsables communaux, a dû jouer les Madame Irma et consulter sa boule de cristal pour dresser le budget de l’année à venir. Elle lui a montré qu’il ne fallait pas dévier des objectifs que s’est fixés l’administration communale et «maintenir les investissements au niveau où ils l’auraient été sans la crise, car ce n’est pas le moment» .

Quatre cent quatorze millions d’euros d’investissements sont inscrits au budget de 2021 de la capitale. Un pari sur l’avenir alors que les recettes de l’impôt commercial communal vont reculer de 21% et les subsides du fonds de dotation communal de 11,5%. Les effets de la crise, eux, devraient se ressentir sur plusieurs années. Il faudra deux ans avant de retrouver le niveau économique de 2019, selon le scénario le plus optimiste établi par divers organismes financiers nationaux comme la Banque centrale ou la Cour des comptes.

«Les années à venir vont être très, très compliquées», estime-t-il, confirmant ce que la bourgmestre et le rapporteur du budget de la capitale, Claude Radoux (DP), avaient déjà annoncé plus tôt : «Nous pouvons nous avérer heureux de pouvoir disposer d’une juteuse poire pour la soif conservée par les précédents collèges échevinaux. Ils ont toujours veillé à faire des réserves pour les années plus difficiles et nous permettent ainsi de conserver un niveau élevé d’investissements.»

Cependant cette manne n’est pas infinie et l’échevin prévient que si la crise devait perdurer, il ne serait pas impossible que l’administration communale vienne à bout de ses réserves. «Les défis comme le logement, la mobilité, les aspects sociaux, la digitalisation… sont des défis que nous devons relever et qui ne s’arrêtent pas avec la crise», poursuit Laurent Mosar, qui est d’avis que pour pouvoir poursuivre sa croissance, la Ville de Luxembourg va devoir mettre en place une croissance durable «pour que cette ville reste pour les générations à venir une ville dans laquelle cela vaut la peine de vivre».

Un milliard d’investissements

Pour le moment, la Ville de Luxembourg n’est pas encore trop handicapée par les effets de la crise et du ralentissement économique. Grâce à ses reins solides, elle peut même se permettre, si cela venait à s’avérer nécessaire, de donner un coup de pouce aux commerçants sur son territoire. Une générosité sur fond de recul des recettes : 860 millions d’euros de recettes avaient été prévues au budget ordinaire et 768 millions d’euros sont effectivement rentrés dans l’escarcelle de l’administration communale.

Une différence qu’une baisse des dépenses ordinaires ne parvient pas à combler. En tout, 596 millions d’euros de dépenses étaient prévus, 595,9 millions ont finalement été effectués. Situation inverse au budget extraordinaire : 79,8 millions d’euros de recettes étaient prévus et 86 millions ont finalement atterri sur le compte de la commune. Du côté des dépenses extraordinaires, la Ville a fait des économies de 50 millions d’euros. Quatre cent vingt-sept millions devaient être engagés et, au final, seuls 377 millions ont été utilisés. Ces chiffres considérés, on constate une différence de 35 millions d’euros par rapport au budget prévu. L’exercice 2020 se clôture donc sur un déficit de 291,1 millions d’euros et sur un déficit général de 118,3 millions d’euros.

En ce qui concerne le budget communal pour l’année à venir, des recettes ordinaires de 801,8 millions d’euros et des dépenses ordinaires de 622,9 millions sont prévues. Soit un boni de 178,8 millions d’euros. Du côté des recettes extraordinaires, la Ville attend 86,8 millions d’euros. Comme annoncé plus haut, elle prévoit des dépenses extraordinaires de 421 millions d’euros. Ce qui entraînerait un déficit de 334,8 millions d’euros pour 2021 et un déficit général pour 2021 de 156 millions d’euros.

Pour la première fois dans son histoire, la Ville de Luxembourg prévoit de dépasser le milliard d’euros de dépenses, a signalé Claude Radoux lors de son rapport qui s’était attaché à démontrer l’ampleur de la croissance de Luxembourg et de son administration communale ces dernières années et s’était interrogé sur les moyens de continuer à l’accompagner si les moyens financiers venaient à manquer. «La volonté est claire : investir en croyant que le produit de ces investissements sera utilisé et que nous soutenons l’économie de cette manière», assure le conseiller qui regrette les conséquences pour le budget de la capitale de la gratuité des transports. Comme Laurent Mosar, il espère que la prise de conscience qui a accompagné le ralentissement économique dû à la crise sanitaire permettra d’engager des réflexions sur le développement de la capitale à l’avenir et «d’utiliser les objectifs du développement durable pour guider nos décisions».

Sophie Kieffer

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