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Le lycée Michel-Lucius prend un accent anglophone


Il faudra désormais l'appeler lycée Michel-Lucius et non plus lycée technique Michel-Lucius. Quant àses classes anglophones, elle seront regroupées sous la dénomination International School Michel Lucius. (photo archives LQ)

Les députés ont voté, mardi, au Parlement, une loi complétant l’offre scolaire internationale anglophone au désormais dénommé «lycée Michel-Lucius», à Luxembourg.

Cette diversification de l’offre scolaire publique et gratuite s’inscrit dans la volonté du gouvernement de proposer des classes internationales anglophones fondamentales et d’augmenter le nombre de classes postprimaires, dès la rentrée 2017/2018.

Évolution démographique et sociolinguistique, flux migratoires croissants dus aux crises internationales, globalisation du marché de l’emploi, spectre du Brexit, sans omettre les tout récents résultats controversés de l’étude PISA, qui ne tiendrait pas compte des spécificités nationales et, donc, de l’hétérogénéité des élèves issus de l’immigration  : face à ces défis, le gouvernement poursuit sa politique d’éducation internationale dans le quartier de Limpertsberg.

Les députés ont en effet voté, mardi, à une large majorité (57  voix sur 60) le projet de loi qui a pour objectif de « répondre aux réalités linguistiques de la population scolaire, en complétant l’offre scolaire du lycée technique Michel-Lucius, rebaptisé lycée Michel-Lucius, par l’enseignement international anglophone au niveau de l’enseignement fondamental et secondaire », selon les termes du député-rapporteur du projet, Lex Delles (DP).

L’International School Michel Lucius, sans frais

Pour rappel, le lycée propose déjà, et ce depuis 2011, une classe anglophone, créée à l’époque en tant que projet d’innovation pédagogique. Depuis, la demande a quasiment explosé, si bien que ce sont plus de 400 lycéens qui fréquentent aujourd’hui les classes de la section anglophone regroupées sous la dénomination «International School Michel Lucius». Et ils ne sont pas tous britanniques, comme a tenu à le souligner le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch : « Il ne s’agit pas de créer une école destinée à une seule communauté. D’ailleurs, les élèves qui suivent actuellement l’enseignement anglophone au lycée Michel-Lucius sont de 75 nationalités. »

Concrètement, cette loi Meisch, déposée en octobre dernier au Parlement, vise à diversifier encore davantage l’offre scolaire au Luxembourg, en proposant, à côté des onéreuses écoles privées internationales, la possibilité de suivre un enseignement international anglophone public et gratuit. Cela constitue une valeur ajoutée indéniable face aux frais d’inscription des autres établissements scolaires qui ont la même vocation. D’ailleurs, à l’école européenne, même les parents d’élèves doivent s’acquitter de frais de scolarité annuels s’ils ne sont pas fonctionnaires européens.

La principale nouveauté apportée par la désormais nouvelle loi sera d’encadrer légalement la section anglophone du lycée. Il s’agira surtout de proposer, à partir de la prochaine rentrée scolaire (2017/18), davantage de classes secondaires internationales anglophones, et de créer ce même type de classes pour les élèves du fondamental. C’est pourquoi le lycée a perdu le qualificatif « technique » pour simplement s’appeler lycée Michel-Lucius, tandis que les classes seront regroupées sous la dénomination «International School Michel Lucius».

Si les députés de la majorité ont forcément soutenu le texte de loi porté par le ministre Claude Meisch, ceux de l’opposition ont émis des critiques plus ou moins virulentes. Le principal parti d’opposition (CSV) s’est par exemple interrogé sur les critères d’admission, étant donné que la gratuité de l’enseignement risque de considérablement faire augmenter les demandes d’inscription  : « Cela se fera-t-il selon le principe premier arrivé, premier servi? », s’est demandé Martine Mergen.

Les deux députés déi Lénk ont, quant à eux, fait part de leur « scepticisme sur certains points » et mis en avant la menace d’une « autonomisation des écoles publiques ».

Pour le ministre de l’Éducation nationale, cette diversification va, en tout cas, dans le sens d’une demande toujours plus forte, tout en respectant une cohésion sociale certaine. Quant aux critiques émises par l’ADR (lire ci-dessous), Claude Meisch a tenu à signaler que « la section anglophone du Lucius met certes l’accent sur l’anglais en tant que langue véhiculaire, mais sans pour autant négliger les autres langues ».

Puis le ministre de l’Éducation nationale de conclure que « l’apprentissage des langues luxembourgeoise, allemande et française figure également au programme des classes internationales anglophones ».

Claude Damiani

L’ADR évoque la mise en place d’une «société parallèle»

Le député Fernand Kartheiser ne s’est pas montré avare en critiques face au texte de loi, la sensibilité politique de l’ADR a d’ailleurs voté contre le projet. La raison? Le parti profondément ancré à droite s’est interrogé sur la cohérence de vouloir à tout prix «multiplier» les écoles internationales, qui ne seraient pas propices à l’intégration et à la cohésion sociales, au lieu de privilégier « le système scolaire « normal » luxembourgeois ».

La question de l’apprentissage des trois langues du pays a notamment été remise en cause par le député. « Dans ce type de classe internationale anglophone, on n’apprend pas un mot de luxembourgeois, et pas non plus la culture de notre pays! », s’est-il exclamé avec véhémence, avant d’évoquer « la capitulation de la diversité » et la mise en place d’une « société parallèle » qui existerait sur une île isolée du Grand-Duché.

De plus, le député s’est attaché à formuler des griefs similaires à l’intention des réfugiés en demande de protection internationale (DPI) censés, parmi d’autres, fréquenter ces classes  : « Il n’y a aucune règle d’établie selon laquelle les réfugiés s’expriment tous en anglais ou ont été éduqués en anglais dans leurs pays d’origine respectifs .»

Idem pour les futurs professeurs appelés à dispenser leurs cours dans ces classes. « Ce n’est pas cela l’intégration! », a-t-il conclu.

 

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