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Woippy relance l’idée d’un monorail sur l’A31


Le monorail SkyRail du groupe chinois BYD a été présenté au président de la région Grand Est par le maire de Woippy Cédric Gouth. (Photo RL /Th.F)

Et si… Et si… Et si plutôt que d’une énième autoroute, le sillon mosellan se dotait d’un vrai mode de transport innovant et alternatif ? Ce mardi 4 juin, le maire de Woippy a soumis l’idée à son collègue président de la région Grand Est, Jean Rottner. Il lui a montré le monorail du groupe chinois BYD.

Le maire de Woippy à l’avant-garde de la mobilité… Ce mardi 4 juin, Cédric Gouth a sorti de sa manche un projet réaliste et réalisable de transport en commun pour le sillon mosellan, alors qu’il recevait le président de la région Grand Est, Jean Rottner, pour une tout autre raison… Lui faire la promotion de son projet de reconversion de 20 000 m² de friches industrielles, situées route de Thionville, en grande halle économique, culturelle et culinaire. Et tenter de le convaincre de contribuer à son financement. C’est au terme de la présentation de cette opération à 12 millions d’euros que Cédric Gouth a dégainé le SkyRail.

Un train chinois

Ce train aérien conçu par le groupe chinois BYD (250 000 salariés) est déjà opérationnel en Chine, bien sûr, mais également à Salvador de Bahia au Brésil où il roule en mode automatique entre le centre de la mégalopole et la ville de Simoes Filho. Comment est-il arrivé à Woippy ? L’un des collaborateurs de Cédric Gouth à la mairie de Woippy connaît un Amnévillois qui travaille sur le campus technologique de BYD. Il y a trois mois, cet ingénieur invite un émissaire woippycien à découvrir les activités de BYD.

De ce voyage, celui-ci ramène la maquette du SkyRail et une idée pour décongestionner l’axe Metz-Luxembourg : proposer à la Grande Région la construction d’un monorail qui relierait le Nord messin au Grand-Duché, en passant non pas à côté, mais sur l’A31. Ce train hors normes perché à une dizaine de mètres de hauteur sur des piles en béton trouverait à se loger entre les glissières de sécurité. L’emprise au sol de chaque pilier n’est que de deux mètres carrés. L’infrastructure est donc économe en terre meuble.

Plutôt un métro aérien

Les pylônes supportent deux rails pour faire circuler deux rames dans les deux sens, à la vitesse maximale de 120 km/h. Un tel train, qui se rapproche plutôt d’un métro aérien dans son fonctionnement et sa conception, peut embarquer plusieurs centaines de voyageurs et transporter près de 30 000 passagers par heure.

Son coût de construction est estimé, par Cédric Gouth, à 600 millions d’euros. Ce montant engloberait la réalisation de cinq gares d’altitude : une à Woippy, près du hub et du parking de délestage Mettis, une à Talange, éventuellement, une autre à Terville, une à Kanfen, à deux pas de la frontière, et une autre au Luxembourg, à Bettembourg.

Moins cher que l’A31 bis

À titre de comparaison, la réalisation du morceau d’A31 bis entre Thionville et Luxembourg est estimée à elle seule à quelque 500 millions d’euros sur une enveloppe globale d’1,4 milliard d’euros.

Selon les données constructeur, ce train à l’allure d’anguille serait rentabilisé en une dizaine d’années. Bijou technologique, il peut grimper une pente de 10 %, est totalement silencieux, puisqu’il glisse sur des pneumatiques, et fonctionne à l’électricité. « Là où il est en activité, il passe à travers des immeubles sans perturber les habitants », s’est renseigné le maire de Woippy.

En plus d’être une solution pour soulager les frontaliers accablés par les heures passées dans les bouchons ou dans des TER bondés aux heures de pointe, Cédric Gouth lui voit aussi un intérêt économique pour le territoire : « Ce serait une très belle vitrine technologique pour la région. »

L’objet a fait son petit effet auprès des élus réunis autour de lui ce mardi. À la pause-café, tous avaient les yeux rivés sur la miniature effilée et sous cloche. Intrigué, Jean Rottner a eu ce mot en la découvrant : « On ne doit rien se refuser… On doit se laisser tous les possibles… » Le principe d’une vision à long terme.

Des projets mort-nés

Pas certain que le Luxembourg soit très réceptif à l’idée relancée par le maire de Woippy. Le gouvernement du petit pays riche en a déjà enterré quelques-unes, des idées comme celle-là.

Mars 2018 : le ministre luxembourgeois freine des quatre fers

Pas plus tard qu’en mars 2018, le ministre du Développement durable et des Infrastructures luxembourgeois, François Bausch, mettait une dernière pelletée de terre sur le projet de relier Micheville à Luxembourg par un monorail, au motif que « cela ne correspondait absolument pas aux besoins de la région ». François Bausch estimait aussi que ce mode de transport coûte « très cher » et que son esthétique risquait de heurter la sensibilité de ses concitoyens : « Nous aurions une bonne partie de la population contre nous. » Fin de non-recevoir, donc.

Pourtant, une pétition avait circulé au Luxembourg, donnant le monorail comme une bonne alternative pour désencombrer les grands axes transfrontaliers. Côté français, c’est Anne Grommerch, députée-maire de Thionville aujourd’hui décédée, qui fut l’une des plus ferventes partisanes du monorail.

Plutôt clairvoyante, en 2016, elle déclarait dans nos colonnes : « Si on lance aujourd’hui le projet de mise à 2X3 voies, cela nous mène à l’horizon 2030. À ce moment, la solution d’aujourd’hui n’en sera plus une, tellement l’augmentation des frontaliers est exponentielle. En revanche, le monorail est une vraie innovation et un bienfait pour l’environnement. »

Ce qu’Anne Grommerch imaginait : des capsules de 60 à 70 passagers sur monorail partant du nord de Thionville pour desservir le sud de Luxembourg. À l’époque, elle était déjà bien seule à défendre cette vision des déplacements.

Thierry Fedrigo / Le Républicain Lorrain

Un commentaire

  1. La région traîne la patte pour financer la rénovation de 3 rames de TER, et là pif pouf, elle devient capable de financer un gadin comme ça, c’est magique…

    Sinon, pour comparer ce qui est comparable, il faudrait comparer le coût du machin à l’augmentation de capacité de la ligne ferroviaire NCY-MTZ-LUX, pas à la construction de l’A31 bis.

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