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Veuve et retraitée, elle doit 8 000 euros aux hôpitaux allemands


Marie-Jeanne Schrotzenberger apprécie l’aide de deux amis, Denis Barbier (à gauche) et Rodolphe Engler, pour la défendre auprès de l’Assurance maladie des mines et l’ANGDM. Photo RL /Odile BOUTSERIN

Lorsqu’elle s’est cassé la jambe à Sarrebrück, Marie-Jeanne ne s’imaginait pas vivre un bras de fer avec son assurance maladie des mines. La veuve doit payer 8 000 euros aux hôpitaux allemands.

Marie-Jeanne Schrotzenberger se réjouissait de rendre visite à sa fille installée en Suisse. C’était le 14 août dernier. Pour le voyage en bus, elle se rend donc à Sarrebrück en Allemagne.

Une mauvaise chute non loin de la gare routière, une fracture du fémur, une intervention chirurgicale et un séjour dans un hôpital allemand mettent fin à ses projets. C’est le début des soucis avec son assurance maladie, la sécurité sociale des mines. Quand elle revient à son domicile à Lixing, des amis, Denis Barbier et Rodolphe Engler, s’occupent de tout : assistante sociale, aide à domicile, aménagement de la salle de bains…

Un mois plus tard, tombent les premières factures. La clinique de Sarrebrück, les pompiers et les ambulances allemands réclament à la veuve plus de 8 000 euros de frais de séjour et de transports. «Je vis seule, j’ai 74 ans et ne bénéficie que de la pension de réversion de mon défunt mari, ancien mineur. Je n’ai pas les moyens de régler cette somme !»

Rodolphe prend les choses en main. Il adresse les factures à l’assurance maladie des mines, au siège à Arras, afin qu’elle procède directement au règlement.

«Il aurait fallu faire une demande préalable d’hospitalisation !»

Fin décembre 2021, c’est «retour à l’envoyeur» de toutes les factures avec une lettre d’explication arrivant quelques jours plus tard. «Il était mentionné que Mme Schrotzenberger devait d’abord payer l’hôpital, remplir le formulaire Cerfa en y joignant les factures acquittées avant d’espérer tout remboursement», rapporte l’ami de longue date.

Il poursuit : «Et tenez-vous bien, l’ANGDM, Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs, nous a même fait savoir qu’il aurait fallu faire une demande préalable de prise en charge pour ne pas devoir avancer l’argent ! Je rappelle qu’il s’agit quand même d’un accident et d’une urgence !»

Marie-Jeanne reste dubitative et inquiète : «À quoi servent la carte Vitale et la carte européenne d’assurance maladie si l’on doit tout de même régler la totalité des frais ? Et si je réunis l’argent, combien de temps vont-ils mettre à me rembourser sachant que cela fait huit mois que je galère avec ce dossier en recevant des rappels des prestataires allemands et des incompréhensions pour ne pas dire des négligences de mon assurance maladie ?»

Sollicités, les organismes visés n’ont pas donné suite à nos demandes.

Une assurance franco-allemande ?

Fin mars, Marie-Jeanne Schrotzenberger a adressé un courrier à Christophe Arend, député, et Gilbert Schuh, président de l’Eurodistrict Saar Moselle «pour leur raconter mon parcours du combattant».

Très au fait de l’actualité, Rodolphe Engler a souvenir de cet article de presse de novembre 2021 où les élus de Moselle-Est et Sarre avaient débattu sur une possible double assurance maladie franco-allemande. Elle permettrait aux habitants du territoire transfrontalier de faciliter l’accès aux soins sans se soucier des problèmes de remboursements.

Un projet en phase d’expérimentation. Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant sa mise en place ? Marie-Jeanne n’en a que faire. Elle est perdue. «Mais comment font les personnes âgées, seules, qui se trouvent face à un problème similaire, qui n’osent pas en parler et sombrent dans le désarroi ?», s’interrogent Denis et Rodolphe, les deux ange-gardiens de la veuve.

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