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Un couple de Thionvillois en grève de la faim pour récupérer ses enfants


Les trois filles en bas âge ont été placées le 24 août sur décision du juge des enfants de Thionville, que les parents ne cessent de contester. (photo RL/Gilles Wirtz)

Adel et Samira, un couple de Thionvillois, campent dans leur voiture devant le centre départemental de l’enfance (CDE) à Plappeville où sont placées leurs trois filles qu’ils veulent reprendre.

La route de Plappeville sépare symboliquement deux logiques pour le moment inconciliables. Sur un bord de la chaussée, Samira et Adel, un couple de tous deux 38 ans, « habitent » dans une voiture garée sur le trottoir. L’épouse en a fait le siège d’une grève de la faim engagée selon elle depuis le 14 juin pour récupérer ses trois filles, comme l’affichent en permanence des messages collés sur le véhicule de la famille.

Âgées de 1 à 3 ans et demi, elles sont placées juste en face, au numéro 137, entre les mains du CDE. Une mesure décidée le 24 août par le juge des enfants de Thionville et que les parents ne cessent de contester.

Mais ce n’est pas leur seul problème. Adel et Samira sont aussi dans une situation administrative délicate. Ancien opérateur réseau à Algérie Télécom et professeur de sciences dans un établissement de Constantine, ces deux ressortissants algériens ont déposé une demande d’asile qui, quatre ans plus tard, et après bien des péripéties, n’est toujours pas réglée.

Sans autres ressources que de l’argent envoyé par la famille, le couple affirme avoir les moyens matériels d’assurer le quotidien de ses filles. La raison de leur placement est ailleurs, indique la direction de l’ASE (Aide sociale à l’enfance) et repose sur « des carences lourdes sur le plan éducatif ». Leur constat a débouché sur un système d’assistance éducative à domicile, dont l’ASE indique que les parents ont rejeté la proposition comme celle d’un placement dans un hébergement mère-enfant.

Chez le juge sans les enfants

La procédure enclenchée aboutit dans le bureau du juge des enfants le 24 août. Il aurait voulu voir les petites filles, mais Adel et Samira sont venus sans. « Moi, j’ai toujours entendu dire que les enfants sont interdits au tribunal », dit le père. C’est pourtant cette absence qui a précipité leur arrivée au CDE voilà dix mois. Le lien est maintenu avec les adultes qui viennent voir les petites et la situation fait l’objet d’un point tous les trois mois.

De son côté, Samira a fait l’objet d’une expertise psychologique dont le rapport figure au dossier que le magistrat ouvrira lors d’une audience durant ce mois de juin. Elle sera l’occasion de poser une nouvelle fois les raisons du placement et « à envisager un élargissement des droits des parents et des liens avec leurs enfants », dit l’ASE.

Au regard d’Adel, les services se trompent sur leur cas depuis le début. Précisément depuis une admission de l’aînée de ses filles à l’hôpital pour une brûlure à l’épaule par une casserole de lait chaud renversée. Un accident qui a fait l’objet d’un signalement et d’une enquête sociale dont les conclusions « sont 100% fausses » et dont il s’était inquiété auprès de la présidence du conseil départemental. Selon lui, cette démarche aurait déplu et provoqué le placement de ses enfants.

Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)

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