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Pays-Haut : à Grand-Failly, la photo de Macron réduite… comme les aides de l’État

Le maire de Grand-Failly exprime son ras-le-bol face aux baisses des dotations de l’État. Jean-François Damien a supprimé, dans la salle du conseil municipal, un tiers de la photo officielle du Président de la République.

Jean-François Damien est maire de Grand-Failly, une commune rurale de 330 âmes près de Longuyon. À la tête du village depuis 2001, il ne se revendique d’aucune étiquette politique. Il se dit « désabusé » par la façon dont les communes sont traitées par l’État français. « J’ai l’impression qu’on nous considère, nous les maires, comme des gaspilleurs d’argent public alors que c’est bien l’inverse. Nous avons été élus pour le bien-être de nos concitoyens et nous devons toujours faire plus avec toujours moins de ressources financières. »

Un portrait amputé

« Tout cela n’encourage pas le maire que je suis à continuer à s’investir. Il nous faut réagir, sauf à faire disparaître nos communes dans le paysage rural. » Pour montrer son mécontentement, le maire a supprimé, dans la salle du conseil municipal, un tiers de la photo officielle du Président de la République, Emmanuel Macron, avec la mention « 1/3 de subvention en moins = 1/3 de photo en moins ».

Jean-François Damien fait ses comptes : « Sous le quinquennat Sarkozy, la taxe professionnelle a été supprimée et remplacée par l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau ; une première diminution de nos recettes de fonctionnement à hauteur de 5 %. Avec l’arrivée de Hollande, cette fois c’est la dotation globale de fonctionnement qui diminue de 10 à 15 %. Les rythmes scolaires imposés par le gouvernement coûtent cher à la collectivité. C’est encore de l’ordre de 10 à 15 % qui disparaissent des caisses communales », calcule le maire.

Jean-François Damien devant la photo présidentielle qu’il a retouchée, l’amputant d’un tiers. (Photo RL)

Jean-François Damien devant la photo présidentielle qu’il a retouchée, l’amputant d’un tiers. (Photo RL)

« La quête aux mariages ? »

« Grand-Failly générait 40 000 euros de revenus mais on nous en enlève 13 000 euros pour le prochain budget. Vous rajoutez à cela la disparition des subventions de la réserve parlementaire ou sénatoriale… Comment voulez-vous que l’on assure ? », dénonce le premier magistrat. « Il faut entretenir la voirie intra-muros, les bâtiments communaux, les espaces verts, les cimetières, payer les employés communaux, autant de charges incompressibles. Je comprends le courroux des administrés qui veulent toujours plus alors que nous avons de moins en moins de moyens. Faudra-t-il un jour faire la quête aux mariages pour payer les photocopies, le chauffage et l’électricité de la mairie ? »

Jean-François Damien liste quelques contraintes budgétaires à la charge des communes. La cotisation aux services de secours et d’incendie départemental : 6 000 euros. « Et maintenant, ils n’assurent plus le contrôle des bornes d’incendie, qui reste à la charge des communes ». Il ajoute l’Office national des forêts qui « prélève systématiquement 12 % de taxe sur tous les revenus forestiers, plus 2 euros à l’hectare, sans pour autant améliorer le service rendu ». Et aussi la Cofor (communes forestières) : « Encore 2 euros à l’hectare prélevés sans aucun service rendu à la commune ». Et encore le fonds national de garantie individuelle des ressources : « Environ 20 000 euros versés au conseil départemental. »

Un budget à équilibrer

Le budget 2018 de Grand-Failly, qui s’élève à environ 250 000 euros, se doit d’être en équilibre entre les recettes abondées par l’État, les taxes d’imposition, la vente de bois, le revenu des immeubles et des dépenses générées par le personnel communal, les charges courantes et autres charges (Sdis, ONF). « On nous impose d’avoir un budget en équilibre, ce qui n’est pas le cas de celui de l’État », constate-t-il amèrement.

Jean-François Damien revient sur les emplois aidés : « J’ai deux emplois à plein-temps, deux CDD et un CAE (contrat d’accompagnement dans l’emploi). Si les aides sont supprimées, il me faudra licencier, ce qui entraînera des chômeurs de plus dans la commune. Mais qui fera le travail nécessaire qu’ils font actuellement pour le bien de la commune ? »

Le Républicain Lorrain

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