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Nilvange : Irène, 94 ans, a été plus forte que le virus


Irène Martin, entourée du personnel soignant de l’hôpital Saint-François : « Aujourd’hui, je me sens bien. » (Photo DR)

Le 13 mars, Irène Martin, 94 ans, était admise en urgence à l’hôpital Bel-Air de Thionville. Diagnostiquée positive au Covid-19, la native de Hayange a été plus forte que le virus. Récit d’un combat.

Depuis sa chambre où les journées s’étirent, Irène Martin se repose. Somnole, beaucoup. « Je ne fais plus que ça », avoue-t-elle, voix un peu lasse. Les douleurs se sont envolées mais une fatigue tenace la cloue au lit. À l’hôpital Saint-François de Marange-Silvange, la nonagénaire est suspendue au ballet des soignants et aux appels de la famille. La native de Hayange est une guerrière. À 94 ans, elle a terrassé le coronavirus. Il s’était abattu sur elle début mars, insidieusement.

« Je n’étais pas trop bien. J’étais fatiguée, je ne mangeais pas », se souvient-elle. Malgré l’absence de toux, Pascal, son filleul dont elle est très proche, suspecte la maladie dans l’ère du temps. Irène, elle, ne sent pas la fièvre qui monte. Pas plus qu’elle ne s’inquiète de sa respiration, de plus en plus chaotique.

« J’ai pensé : voilà, c’est mon heure »

« Je n’ai pas l’habitude de me plaindre », souffle-t-elle. Le diagnostic du médecin, appelé en urgence, est pourtant sans appel. Le 13 mars, « à une dizaine de jours de (son) anniversaire », l’ambulance l’arrache de son logement, le foyer des personnes âgées de Nilvange, et l’emporte. Direction Bel-Air. « Si j’ai eu peur ? Non. Je me suis dit que j’étais en âge de mourir », lâche la nonagénaire. « J’ai pensé : voilà, c’est mon heure. Je ne sortirai plus. »

Vient l’attente pour la famille. Qui tord l’estomac. D’autant plus insoutenable que les visites, crise sanitaire oblige, ne sont pas permises. Irène a entamé son combat. Seule, mais portée par des soignants « formidables ». Pascal encore : « Lorsqu’on arrivait à l’avoir au téléphone, une fois par semaine tout au plus, elle avait vraiment du mal à parler. Au niveau de sa respiration, ça n’allait pas du tout. Elle n’était absolument pas en état d’échanger. Un jour, un médecin nous a dit de nous préparer au pire. »

« Personne ne peut venir, c’est embêtant »

Et puis, une lueur. L’état de santé de l’ancienne gérante d’épicerie se stabilise. La fièvre tombe. Les difficultés respiratoires s’atténuent. Irène est transférée à l’hôpital de Marange-Silvange une dizaine de jours plus tard, avant d’intégrer le service de soins de suite et de réadaptation récemment. « Moi, je me trouve bien ! », positive cette force de la nature. « Ce qui est embêtant, c’est que personne ne peut venir. »

Irène rêve de lendemains à la maison. Confie son envie de revoir ses proches. Les échanges via WhatsApp amènent des sourires mais ne remplacent pas les baisers ni la chaleur d’une main qui presse la sienne. Elle le sait, ce sera pour plus tard. « Elle m’a demandé de lui rapporter des habits, elle reprend doucement goût à la vie », apprécie son filleul. Après, il faudra réapprendre à vivre avec le confinement. Un petit obstacle supplémentaire dans une vie cabossée par la guerre. Mais la native de 1926 est prête. À l’autre bout du téléphone, on devine l’amorce d’un sourire. Celle qui a vaincu le virus n’a pas abattu ses dernières cartes.

Joan Moïse (Le Républicain Lorrain)

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