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Metz : vers une mort programmée des discothèques ?


S’agglutiner autour de tables de café et transpirer en pratiquant un art martial est à nouveau autorisé. Danser, non. Les patrons de boîte trouvent cette interdiction saumâtre… (photo archives RL/Julio Pelaez)

Pas de réouverture des discothèques avant le 21 septembre. Les patrons de boîte de nuit du pays messins peuvent d’autant plus râler qu’il leur est interdit désormais d’ouvrir en formule « bar à ambiance musicale ». Jean François, président de l’UMIH, soupçonne même un dessein étatique.

Dans la bouche d’un patron de discothèque excédé, le propos pourrait simplement passer pour de la frustration mâtinée d’agacement. Mais là, c’est bien le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de la Moselle (UMIH), Jean François, qui se demande très sérieusement : «L’État veut-il que les discothèques disparaissent ? Nous, on se pose la question…»

Derrière ce soupçon de mort programmée, il y a le rejet par le Conseil d’État, début juillet, du recours du Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs visant à sortir la tête de l’eau. Jean François rappelle la chronologie : «Le 2 juin, les discothèques avaient la possibilité de se transformer en “bar ambiance musicale”.» Mettre des tables hautes au milieu des pistes de danse, s’assurer que la clientèle ne guinche pas, garantir des protocoles sanitaires et ouvrir jusqu’à 2 h du matin (pour la Moselle), comme un café normal. La démarche était suspendue à une autorisation préfectorale, mais existait. «Et puis il y a eu la fête de la Musique, les débordements des rassemblements dansants un peu partout en France, et cette option pour les discothèques de se transformer en bar a disparu.»

Pas de réouverture avant le 21 septembre

Résultat : Metz, comme d’autres cités, devient chaque soir ville morte à 2 h du matin et quelques secondes. Une discothèque aurait-elle d’ailleurs pu vivre comme un café, même en obtenant une dérogation pour tirer le rideau au petit matin ? Pas sûr, mais peut-être. «Les frais sont bien plus élevés pour une boîte que pour un café, ça n’aurait pas toujours été rentable.» Pourtant, les oiseaux de nuit frustrés de regagner leurs pénates dès qu’ont sonné 2 h du matin constituent une clientèle demandeuse. Et leur consommation n’est pas forcément liée au fait d’aller suer sur un parquet de danse.

«En 25 ans, le nombre de discothèques à Metz a chuté de 70 % », calcule Jean François, qui ajoute : «Les jeunes changent aussi leur façon de s’amuser. Pour beaucoup, aller en boîte devient cher.» Le président de l’UMIH craint le pire : «On a dit aux patrons de boîte que la réouverture, ce ne serait pas avant le 21 septembre ! Sept mois sans bosser… Qui peut tenir comme ça ? Même avec les aides, il y aura des frais reportés à rembourser.»

Une mise à l’écart du monde du bout de la nuit qui ne le surprend cependant pas : « À l’UMIH, on craignait pour les discothèques bien avant la Covid. On voit bien que l’État n’a pas une volonté de les soutenir. Au contraire…» Anticipant un réveil compliqué,  il assure : «On les ferme au beau milieu de leur saison. Comment se relever de ça ? J’ai très peur du constat qu’on dressera à l’automne…»

Vincent Trimbour (Le Républicain lorrain)

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