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Metz : ils devaient payer pour vivre au camp Blida


Le tarif allait "de 500 à 2 000 euros par personne", selon une source judiciaire. (Photo RL/Olivier Toussaint)

Un réseau d’immigration irrégulière a été démantelé. Des Albanais payaient pour être ensuite parqués dans le bidonville messin.

La vie à la française n’a pas de prix. Même lorsqu’elle offre un confort plus que relatif et une vue détestable sur un infâme amas de déchets et de tentes souillées… Des dizaines de personnes ont payé cher pour venir à Metz et être prises en charge par des individus qui s’occupaient ensuite de leur demande d’asile. Un réseau mafieux tenu par des ressortissants albanais, pensé pour les Albanais.

La police aux frontières a surveillé pendant des mois le manège de cette équipe. Les migrants se débrouillaient d’abord seuls pour parvenir jusqu’en France ou au Luxembourg, en bus ou par avion. Ils partaient le plus souvent, avec enfants et bagages, de Macédoine ou de Thessalonique, en Grèce.

Et atterrissaient à Beauvais, jusqu’à ce que les forces de l’ordre y resserrent leurs contrôles. L’aéroport de Roissy a alors servi de base de repli. Le réseau les récupérait à leur point de chute et les amenait à Metz. Certains, écœurés par les conditions de vie du bidonville de Blida, ont obtenu d’être transportés à Annemasse (Haute-Savoie) où, dit-on, les conditions d’accueil sont meilleures.

Près de 200 000 euros en un an

Le prix demandé dépendait d’ailleurs des kilomètres effectués pour venir les chercher. «Cela allait de 500 à 2 000 euros par personne», glisse une source judiciaire.

À Metz, les Albanais étaient conduits au bureau du Dispositif de premier accueil, rue des Alliés. Le discours y est rodé : tous demandent l’asile en France pour fuir les menaces et les violences dans leur pays. Entendus par la police, ils diront tous venir en France pour des raisons économiques. «C’est un vrai détournement de la procédure de demande d’asile», observe un spécialiste. D’après les autorités, des dizaines de personnes ont profité du système. La filière a récupéré environ 200 000 euros en un an.

À l’origine du dossier, la brigade mobile de recherche zonale (BMRZ) de la PAF de Metz et l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest) ont interpellé cette semaine six personnes. Le RAID de Nancy s’est chargé du septième, la tête du réseau, un homme potentiellement dangereux et condamné par le passé en Italie dans le cadre d’un important trafic de drogues.

Renforcés par les membres du Groupe d’intervention régional, les policiers ont saisi quatre belles cylindrées et plus de 5 000 euros en numéraire. Deux individus ont été placés sous contrôle judiciaire jeudi. Des incarcérations étaient attendues vendredi soir pour les principaux donneurs d’ordre.

Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)

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