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ArcelorMittal Florange : quand polluer devient rentable


Si les intentions de départ pouvaient paraître louables, le bilan est tout, sauf positif, selon le réalisateur Antoine Costa, passionné d’économie et d’écologie. (photo archives RL)

Partant du cas ArcelorMittal Florange, Antoine Costa a réalisé un film sur les mécanismes de compensation écologique. À découvrir sur internet.

«Je cherchais une introduction à mon film et je suis tombé sur cette histoire d’ArcelorMittal Florange. » Antoine Costa vient de sortir Les Dépossédés, la rançon du progrès, un documentaire sur la compensation écologique, notamment la compensation carbone. Un mécanisme pas si simple à comprendre, mais qu’il explique aux ouvriers comme aux défenseurs de la nature.

Un milliard d’euros

« L’idée d’un marché carbone comme solution aux problèmes environnementaux émerge dès la Cop (Conférence des parties) de Kyoto en 1997. Sous la pression des Etats-Unis, les taxes, les réglementations, l’intervention des Etats sont écartées : pour sauver la planète, faisons confiance aux marchés, en accordant un quota d’émission de gaz à effet de serre aux entreprises les plus polluantes. Si celles-ci émettent moins, elles peuvent revendre leur part. Pour les dirigeants d’ArcelorMittal, ce qu’ils ont appelé une crise, avec l’arrêt des hauts fourneaux, leur a permis de recevoir de l’argent tombé du ciel : le CO2 qu’ils n’émettaient plus a pu être revendu, pour un gain de l’ordre d’un milliard d’euros, versé par l’Etat. »

Si les intentions de départ pouvaient paraître louables, le bilan est tout, sauf positif, selon Antoine Costa. Qui pointe par exemple du doigt ces usines construites en Russie ou en Chine « uniquement pour produire des gaz fluorés, des milliers de fois plus nocifs que le CO2, et ensuite les détruire. Cette « bonne action » permet de générer des crédits à polluer revendues aux entreprises d’Europe de l’Ouest. »

Le verdict est donc sans appel, pour ce passionné d’économie et d’écologie. « Le capitalisme a véritablement créé des richesses. Il a su en trouver là où l’on n’en voyait pas. Ou plutôt, il a créé de la valeur là où l’on ne voyait que des richesses. En monétarisant la nature, en donnant une valeur à chaque chose, un prix à la biodiversité, il achève dans un même mouvement de la saccager en la protégeant. Pour prouver ses dires, le réalisateur avance une foule de chiffres dans son film.

Financiarisation de la nature et du climat

Les Dépossédés permet aussi de comprendre ce que la Caisse des dépôts et consignations (CDC), filiale biodiversité, fait dans le sud de la France, dans la plaine de la Crau. « Sur le modèle des banques de compensation américaines, dont le bilan est désastreux d’un point de vue écologique, elle a acheté des terres, qu’elle revend ensuite à des entreprises qui souhaitent détruire l’environnement ailleurs. Avec cet achat, ces dernières compensent leur saccage.

Voilà ce qu’on peut appeler la financiarisation de la nature et du climat, où on s’échange des espèces en voie d’extinction ou une zone humide sur les places boursières. Et la catastrophe environnementale ne devient plus qu’une variante de plus du marché. »

Sébastien Bonetti (Le Républicain lorrain)

Film à commander sur internet (12 euros le DVD). Contact : http://lesdepossedes.tumblr.com/

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