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Alzette-Belval : dépotoir sur le site de la future Ecocité


Des habitants assurent que de l'amiante se trouve parmi les tonnes d'encombrants, déchets ménagers et industriels qui s'accumulent sur le site de la future Ecocité Alzette-Belval. (Photo RL/Pierre Heckler)

Le site de la future Écocité Alzette-Belval sert de décharge sauvage. Des habitants assurent que de l’amiante se trouve parmi les tonnes d’encombrants, déchets ménagers et industriels qui s’accumulent.

C’est un spectacle de désolation sidérant. Ici, ordures ménagères et encombrants d’une étonnante variété s’accumulent en toute illégalité, côtoient déchets industriels, matériaux concassés ou liquides suspects. Les monticules s’étalent dans un immense entrepôt ouvert aux quatre vents. Bienvenue sur le site de la future Écocité Alzette-Belval, au cœur des friches industrielles de Micheville.

Depuis plusieurs années, la situation empire au pied et à l’intérieur de ce bâtiment qui abritait l’entreprise Bétomax, à cheval sur les communes d’Audun-le-Tiche et Russange. Une enclave privée au milieu des terrains, propriété de l’Établissement public foncier de Lorraine.

Problème : la société est en liquidation judiciaire et c’est là, entre ces murs tagués, noircis par des traces de combustion, que se trouveraient les produits les plus dangereux, assurent Alexis Kuta et Frédéric Pokrandt. Ce binôme, investi au sein d’associations de défense du cadre de vie des habitants du Pays-Haut, mène une croisade auprès des parties prenantes. Et crie à la «catastrophe sanitaire» : «On trouve notamment des plaques d’eternit, qui contiennent de l’amiante, et des huiles, affirment-ils. C’est un terrain privé, certes, mais il n’y a pas de signalétique ! N’importe qui, même des enfants, peut venir ici et être en contact avec des produits toxiques.»

Devenus habitués des lieux malgré eux, Frédéric et Alexis ont surpris un étonnant manège : «Des camions-bennes viennent régulièrement déposer leurs déchets, en toute impunité. L’autre jour, en nous voyant, un conducteur a prétexté qu’il se trouvait là pour faire demi-tour ! Le site est enclavé, à l’abri des regards. On dirait une zone de non-droit ! Pourquoi les forces de l’ordre ne viennent-elles pas sécuriser l’entrée du site ?» Le dossier «dérange», selon eux. «Rien ne bouge, tout le monde se renvoie la balle !»

«Identifier les déchets»

Avec un propriétaire en liquidation judiciaire, les maires sont bien forcés d’avouer leur «impuissance», convient Lucien Piovano. Le maire d’Audun-le-Tiche a d’ailleurs reçu une missive de la préfecture lui rappelant son devoir de police sur la localité. «Nous allons très rapidement produire un arrêté municipal pour enjoindre le propriétaire à prendre les mesures qui conviennent», assure-t-il.

Conscient de cette «situation anormale», l’EPA Alzette-Belval a amorcé, voici 18 mois, des négociations auprès du liquidateur judiciaire pour un rachat anticipé du bien, situé sur son périmètre d’aménagement. L’accord est en phase de finalisation.

«Dans notre procédure d’aménagement, ce n’était initialement pas une urgence, convient Jean-Christophe Courtin, le directeur général. Au vu de la situation, nous avons proposé que l’EPFL acquière le terrain, pour le compte de l’EPA, pour l’euro symbolique. Nous assumerons en contrepartie le nettoyage du site et la démolition du bâtiment.»

En parallèle, des crédits ont été dégagés. Il s’agira, d’abord, de «missionner des bureaux d’études. Charge à eux de qualifier et quantifier les déchets afin de les répartir dans les filières de traitement adéquates. J’aimerais que tout soit nettoyé d’ici l’été prochain», espère le directeur général, précisant : «Des procédures d’urgence pourraient être engagées en cas de découverte de déchets dangereux de type amiante ou huiles.»

Ironie grinçante : le projet en cours est tourné… vers le développement économique et durable.

Joan Moïse (Le Républicain Lorrain)

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