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39 heures chez Smart : quitte ou double


Créé en 1994, Smartville a produit trois générations de véhicules. Le site espère pouvoir assurer la quatrième. (Photo : RL)

Les négociations annuelles obligatoires ayant échoué, Smart propose aux salariés de signer un avenant à leur contrat de travail pour passer aux 39 heures. A défaut, l’avenir du site serait compromis. Un vrai quitte ou double.

L’accord d’entreprise ayant été dénoncé par la CGT et la CFDT, la direction de Smart France a proposé un plan B pour obtenir le passage aux 39 heures. D’ici le 18 décembre, chaque salarié est invité à signer un avenant à son contrat de travail qui reprend l’ensemble des mesures proposées dans le pacte 2020.

Les syndicats opposés à cet accord lors des négociations annuelles obligatoires dénoncent un tel passage en force. Car en recourant à cette méthode, la direction est formelle : soit 75 % du personnel signe le document et le maintien de l’emploi est garanti, soit elle se réserve le droit « d’étudier une alternative industrielle à la production de la Fortwo sur le site de Hambach » si cet objectif n’est pas atteint. Très clairement, la (sur) vie de Smartville est en jeu. Les salariés ont leur destin en main. Une forme de quitte ou double qui a déjà provoqué une onde de choc au sein de l’usine. Comme le confie l’un des salariés, « si cette démarche n’aboutit pas, ce sera plié. Il y aura un plan de sauvegarde de l’emploi et la production s’arrêtera ».
Pacte de la dernière chance

Le plan A ayant échoué, « Annette Winkler, PDG de la marque Smart, a arraché ce plan B au directoire de Daimler. C’est le pacte de la dernière chance, il n’y en aura pas un troisième », affirme Mario Mutzette, délégué syndical central à la CFE-CGC, favorable au Pacte 2020. Manu Benner, secrétaire du comité d’entreprise et délégué CFTC, signataire du Pacte 2020, s’interroge. « Est-ce la bonne démarche ? On a tous compris ce qui risque d’arriver si 75 % des avenants ne reviennent pas signés à la direction. » La démarche ne lui convient pas car les organisations sont court-circuitées. « Mais on va laisser faire car au final, nos emplois sont en jeu »

Procédure d’alerte

Du côté des deux syndicats qui ont fait valoir leur droit d’opposition (CGT et CFDT), on critique la manière de procéder. « Il s’agit d’un chantage à l’emploi et d’une menace de délocalisation », peste Bernadette Hilpert, secrétaire générale CGT. Pour la CFDT, Didier Getrey, secrétaire général métallurgie Moselle, annonce : « Nous ne ferons pas obstacle à la démarche mais nous nous réservons le droit d’intenter une action en justice si des inégalités de traitement apparaissent. » Dans une prise de position commune, CGT et CFDT annoncent avoir enclenché au sein du comité central d’entreprise une procédure d’alerte concernant la situation économique de l’entreprise. « Nous avons établi une liste de questions et attendons des réponses écrites et argumentées », confirme Bernadette Hilpert (CGT). « Un risque sur l’emploi existe. Quelle est donc la stratégie industrielle de Daimler ? Si ce droit d’alerte est voté en CE, un cabinet de consultants sera missionné ». Les fêtes de fin d’année s’annoncent délicates pour les 800 salariés.

Fabien Siegwart (Républicain Lorrain)

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