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Les socialistes prêts à discuter avec le CSV


Paulette Lenert est apparue tout sourire à l'issue de la soirée électorale. (photo Hervé Montaigu)

Le LSAP s’en tire avec onze sièges, soit un de plus qu’en 2018. Ils ne sont pas passés loin de deux sièges supplémentaires à l’Est et au Nord. L’espoir d’être au gouvernement est bien présent.

«Je reste optimiste, car au Centre nous pouvons encore gagner un siège.» Enfin, elle apparaît sur scène, pour dire à ses troupes que le LSAP reste «le deuxième plus grand parti du pays». Elle se dit fière de l’équipe dans l’Est, dont elle était la tête de liste pour sa toute première élection. «On est passés tout près d’un deuxième siège dans l’Est et c’était osé de se lancer avec une si jeune équipe», ajoute-t-elle. Paulette Lenert affiche toujours son inséparable sourire quand tout le monde autour d’elle fait plutôt grise mine.

«On doit attendre la fin de la soirée et on espère être encore un parti du gouvernement, on est prêts pour la discussion», conclut-elle.

Au début de la soirée, quand les portes du Melusina se sont ouvertes, vers 18 h 30, Paulette Lenert a salué ses camarades, souriante, mais a refusé de s’exprimer. Toute la soirée, elle fera des apparitions furtives avant de retourner dans le restaurant mitoyen de la salle, barré d’un grand «staff only». Les socialistes sont en grande discussion et rien ne filtre. Peu avant 21 h 30, la tête de liste au Centre et ministre de l’Économie, Franz Fayot, dit regretter que le siège de l’Est leur ait échappé, comme la coalition tricéphale, d’ailleurs, dont le bilan est globalement satisfaisant selon les sondages et les études qui ont fleuri tout au long de cette campagne.

«Globalement, nous avons un bon résultat, avec un siège supplémentaire dans le Sud et au Centre, c’est important pour nous», déclare Franz Fayot. Pour le ministre socialiste, il est encore trop tôt pour renvoyer le LSAP dans l’opposition. «Il faut attendre le dernier moment et ne pas oublier notre système électoral. Il est vrai qu’en l’état actuel des choses, la majorité gouvernementale n’est plus là, mais tout est encore imaginable, y compris une coalition entre le LSAP et le CSV», explique-t-il.

Pourtant, sur le dancefloor du Melusina, les mines sont fermées et le doute gagne les rangs. Surtout, la défaite aussi cinglante des verts laisse pantois. «Ils n’ont pas démérité, au contraire. Et surtout, ils ont bien servi leur électorat», lâche Marc Angel. Le vice-président du Parlement européen est arrivé parmi les premiers au quartier général du LSAP. Il a bien soutenu les candidats pendant cette campagne parce que «c’est important», dit-il. «Parce qu’une élection nationale, c’est aussi une élection européenne, les ministres qui vont ressortir sont colégislateurs, ils sont au Conseil et il nous faut des ministres progressistes pour faire avancer tout le green deal et je ne veux pas avoir des gens qui vont bloquer tout cela», déclare-t-il.

La surprise Liz Braz

Les socialistes ne perdent pas de siège, au contraire, ils en gagnent un ou deux, les calculs ne sont pas clos. «La soirée sera longue pour avoir tous les résultats», indique Dan Biancalana. Le député du Sud conserve son siège. Il est lui aussi extrêmement surpris de la dégringolade des verts. Et forcément déçu pour Gambia, qui appartient désormais au passé.

Dimanche, des députés sortants ne sont plus sûrs de rien. Le chef de la fraction, Yves Cruchten, ne lâche pas son téléphone des yeux. Il ne sait pas encore s’il fait partie des sept candidats qui ont réussi à franchir la barre. Du moins, c’est ce qui était annoncé. Finalement, ils ne seront que six et ça fait mal au président du groupe parlementaire qui pensait devancer Simone Asselborn-Bintz d’une trentaine de voix.

En revanche, une jeune candidate qui se présentait pour la première fois ne cache pas sa satisfaction. Tout sourire, Liz Braz, la fille de l’ancien ministre de la Justice Félix Braz, est arrivée à la sixième place et fait son entrée à la Chambre. «C’est au-delà de mes espérances, je suis tellement contente et je ne pensais pas arriver à la sixième place», dit la fille de Félix Braz.

Mais le décompte final se fait attendre. Il reste encore treize bureaux de vote à Luxembourg-Ville et les socialistes espèrent les décrocher. Cela ne changera rien pour la coalition. Elle se fera entre le DP et le CSV ou entre le LSAP et le CSV. Les discussions ne font que commencer. Il est 23 h, le siège du Centre vient de leur être attribué, cela leur en fait trois dans cette circonscription, un de plus par rapport à 2018, et ça fait du bien au moral des troupes. «Peut-être que ça aidera pour les discussions de coalition», lâche Simone Asselborn-Bintz, la députée sortante qui n’a pas été réélue.

L’ombre de l’ADR

La percée de l’ADR contribue à casser l’ambiance au QG des socialistes. Le deuxième siège de l’Est échappe de 39 voix aux socialistes pour être attribué à l’ADR. Le parti que l’on nomme ici d’extrême droite parvient à obtenir cinq sièges. «En tant que citoyen, quand je vois cette tendance favorable à… (NDLR : il ne veut pas nommer le parti de Fred Keup), je me fais du souci pour notre pays. Que nous puissions verser dans cette tendance alors que nous avons un certain bien-être, cela me dégoûte.»

Les verts, le grand regret

On se demande ici où sont partis les voix des écolos. «Pas au LSAP en tous les cas, ce qu’on aurait pu penser plausible», s’interroge la militante Monique Dejeans. «Ce qui me fait peur, c’est la coalition qui risque d’arriver pour notre pays, avec le DP et le CSV. Je suis quelqu’un de gauche et le Luxembourg va être dirigé par des extralibéraux et des extraconservateurs, car ces deux partis sont déjà en discussion. Mais peut-être que d’être dans l’opposition nous fera du bien, cela permettra peut-être de rajeunir le parti c’est une chose importante.»

Dans les rangs socialistes, on pleure la défaite des verts. Cette coalition fonctionnait bien depuis dix ans et personne ne comprend comment l’électorat écolo a pu à ce point punir les ministres déi gréng, à commencer par leur tête de liste, Sam Tanson, qui reste de loin celle qui s’est démarquée dans les débats, par son intelligence et ses connaissances des dossiers.

Dans le lot des déçus, figure Paul Hammelmann : «En tant que président de la Sécurité routière, je regrette sérieusement ce qui arrive aux verts, ils ont fait un travail remarquable en matière de sécurité sur les routes.»

Un œil qui rit, un œil qui pleure

Luc Decker, président du LSAP Centre et chef de cabinet adjoint du ministre Franz Fayot, dit avoir un «œil qui rit et un œil qui pleure». Il pensait que son parti avait gagné «plusieurs sièges», mais finalement le parti n’en engrange qu’un seul, au centre. Gambia s’effondre et l’ADR gagne du terrain, pour le socialiste c’est terrifiant. «L’ADR d’hier n’est pas l’ADR d’aujourd’hui, car le parti a effectué un virage à droite et cela faut peur.»

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