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[Communales] Esch : logement, sécurité, mobilité… que contiennent les programmes des candidats ?


Face au LSAP et au DP, Line Wies (déi Lénk), Meris Sehovic (déi gréng) ainsi que Pierre-Marc Knaff et Daliah Scholl (DP) ont aussi des arguments à faire valoir. (Photos : Julien Garroy/Fabrizio Pizzolante)

Si à Esch, l’élection communale devrait se transformer en duel CSV-LSAP, tous les candidats espèrent intégrer la prochaine coalition pour tenter d’y imposer les mesures de leur programme. En cinq grands thèmes, voilà ce que chacun propose pour la ville.

Un logement abordable pour tous

De nombreux logements abordables sont prévus, notamment au quartier Metzeschmelz, mais les efforts doivent se poursuivre pour résoudre la problème. (Photo archives Editpress/Tania Feller)

S’il y a un sujet sur lequel tous les partis sont d’accord, c’est bien l’immobilier. Comme de nombreuses villes du Grand-Duché, Esch est en manque de logements abordables. «On est bien conscients qu’il y a un problème, assume Georges Mischo. On a réagi et acheté 321 logements abordables pour les années à venir.» En complément, le CSV prévoit, pour la prochaine mandature, de maintenir son engagement pour la construction de 500 logements sociaux. Le DP souhaite quant à lui un acteur principal pour s’occuper de la construction et de la gestion des bâtiments. «Il y a des choses qui traînent trop comme la rénovation de nos logements sociaux vides. Il faut soigner ce volet et avoir une structure qui puisse travailler convenablement.» Un constat porté également par déi Lénk et Line Wies, qui veulent que la commune dispose d’un nombre de logements d’urgence suffisant. «Nous souhaitons imposer une taxation sur les logements vides.»

La colocation et l’habitat intergénérationnel peuvent aussi être des solutions. Le LSAP veut favoriser ces formes de logement tout en accompagnant les propriétaires désireux de louer leurs biens. Steve Faltz souhaite ainsi leur proposer des baux emphytéotiques sur 30 ans. «Et si quelqu’un me dit, « moi, je veux rénover ma maison en vue de la louer », la Ville doit être une aide et non un frein.» Pour les verts, en plus des logements abordables, c’est aussi le logement étudiant qui doit être mis en avant. «On a beaucoup d’étudiants qui profitent à la ville et lui donnent un dynamisme», analyse Meris Sehovic.

Le Parti pirate plaide pour un mètre carré à 10 euros. «C’est difficile à faire, concède Sam Vagnarelli. Les communes, en collaboration avec l’État, doivent créer plus de logements pour contrôler les prix du marché.» Enfin, l’ADR souhaite encourager les nouvelles constructions, mais voit avant tout dans ce sujet un problème national.

Sécurité : de nombreux remèdes pour un même mal

Les caméras de surveillance sont un point de friction entre majorité et opposition. (Photo illustration Pixabay)

C’est un mot qui revient très vite quand on demande aux candidats de dérouler leur programme. La sécurité fait partie des défis majeurs qui attendent le prochain conseil communal. Sujet clivant par excellence, il divise aussi à Esch où chaque parti en a sa propre perception. Pour la majorité actuelle, l’idée est d’accompagner le plan local de sécurité présenté en mars dernier. Le CSV, tout comme le DP, soutient l’idée d’une police municipale et veut mettre l’accent sur un éclairage plus performant.

Le parti assume également l’installation de caméras. «Mais je ne veux pas d’un système avec un centre (technique) à la commune où il y aurait une surveillance 24 h sur 24», nuance Georges Mischo. Le DP soutient lui aussi leur présence, mais en nombre limité. «On pourrait installer des caméras flexibles qu’on déplacerait d’un lieu à l’autre. Ça peut rendre la ville plus sûre», estime Pierre-Marc Knaff. Attendant les conclusions de l’étude d’impact de Visupol, déi gréng restent plus prudents sur le sujet. «Il ne faut pas se faire d’illusions. Ce qu’on voit dans les études, c’est que les cameras délocalisent le problème dans d’autres quartiers, si nos actions se limitent à ça, ce n’est pas assez», affirme Meris Sehovic. Les verts préconisent donc un urbanisme qui évite les zones d’angoisse, notamment par l’éclairage.

Dans l’opposition, le LSAP regrette que la décision d’installer des caméras ait été prise avant les résultats de l’étude d’impact. «On sait qu’à Luxembourg, les caméras n’ont fait que déplacer le problème», rappelle Steve Faltz qui souhaite avant tout augmenter le nombre de street workers et les envoyer plus souvent sur le terrain, un point sur lequel il est rejoint par Pierre-Marc Knaff. Les pirates mettent en garde contre la violation de la vie privée que peut représenter un tel dispositif de surveillance et militent pour plus de policiers dans les villes. À l’ADR, on se montre tout aussi prudent. «On ne dit pas non à leur présence sur les places principales, mais on n’est pas pour le tout-caméra à Esch.» Pour déi Lénk, le sujet n’est pas une priorité et le sentiment d’insécurité peut être combattu par l’éducation et la médiation tout en élargissant, là aussi, le service street workers. «Il faut également permettre aux gens d’avoir un travail.»

Commerces : la rue de l’Alzette au centre des préoccupations

La rue de l’Alzette est au centre des réflexions quand il s’agit de relancer l’activité économique.
(Photo archives Editpress/Julien Garroy)

Pas de doute, même si elle a connu des jours meilleurs, la rue de l’Alzette reste l’une des fiertés des Eschois. Chaque liste en a sa propre vision et la majorité met en avant la transformation entamée sous ce mandat. «On a créé de nouveaux instruments, rappelle Pierre-Marc Knaff. Comme Claire (Concept local d’activation pour la revitalisation commerciale d’Esch) qui doit identifier les locaux vides et leurs propriétaires afin de les mettre en relation avec de potentiels investisseurs.» À cela s’ajoutent deux pop-up stores et une bourse aux locaux disponibles.

Pour continuer à revitaliser le centre-ville, le DP propose de louer au nom de la commune des locaux vides afin de les relouer derrière, à un prix inférieur. Le CSV plaide quant à lui pour un système de coaching des nouveaux commerçants via des experts tout en continuant le réaménagement de la rue de l’Alzette. Déi gréng rappellent que des bonus sont disponibles pour les nouveaux entrepreneurs et qu’une taxe sur les locaux commerciaux vides a été instaurée. Pour aller plus loin, les verts sont favorables à l’introduction d’une monnaie locale uniquement utilisable dans les commerces eschois afin «qu’une certaine valeur reste dans le circuit de la ville».

Mais pour l’opposition, la revitalisation de la rue de l’Alzette n’a pour le moment pas été à la hauteur des espérances. «Ça commençait bien avec une participation citoyenne, mais à la fin, à part des bacs à fleurs, ils n’ont rien fait», se désole Steve Faltz. Le socialiste veut ainsi intervenir de manière ciblée sur le marché de l’immobilier commercial et mettre en place un city manager chargé d’attirer les entreprises. Une boutique pour l’artisanat où clients et entrepreneurs peuvent échanger est aussi prévue en centre-ville. Sur le même constat, déi Lénk entend soutenir l’économie circulaire et solidaire en lien avec la transition énergétique. Le parti de gauche souhaite également que la Ville fasse l’acquisition de locaux afin d’augmenter son emprise sur l’offre commerciale.

Mobilité : priorité aux pistes cyclables

Les grandes pistes cyclables, comme celle qui relie Belval à Esch-sur-Alzette, sont privilégiées par de nombreux candidats. (Photo : archives Editpress/Claude Lenert)

Les grandes pistes cyclables, comme celle qui relie Beval à Esch-sur-Alzette, sont privilégiées par de nombreux candidats. En avril, Esch-sur-Alzette a présenté son nouveau plan local de mobilité devant répondre aux besoins d’une population qui devrait atteindre les 50 000 habitants dans les années à venir. Piétons, cyclistes, transports en commun et voitures, tous les réseaux doivent être repensés pour offrir un espace public plus sûr pour chacun. Mais sur ce thème aussi, l’opposition n’est pas convaincue. «Beaucoup de choses ne sont pas claires, comme la suppression de la gare actuelle pour en ajouter deux autres, sur la Metzeschmelz et les Terres rouges», dénonce Line Wies.

La conseillère déi Lénk reproche également à la majorité ses pistes cyclables éphémères et dangereuses pour les usagers. Son parti milite donc pour de «vraies» pistes rapides reliant les différents quartiers entre eux. Une idée que l’on retrouve dans la plupart des programmes. «En tant que déi gréng, on aimerait étendre le Vëlodukt qui relie Belval et le centre-ville et créer un chemin cyclable express tout autour d’Esch», propose Meris Sehovic. «Et le tram qui arrive est une énorme chance pour réaménager les quartiers situés le long du tracé.»

Le DP souhaite lui aussi des pistes cyclables bien identifiées. «Et il faut munir la ville d’emplacements pour vélos près des magasins, plaide Daliah Scholl. Pareil pour les nouveaux bâtiments d’habitation, il faut prévoir des places par logement. On aimerait également étendre le car sharing.» Car si la voiture doit céder de la place, en particulier en centre-ville, l’idée n’est pas de la chasser complètement. Le CSV imagine notamment une vignette permettant aux habitants de se garer une heure gratuitement dans un autre quartier et souhaite construire de nouveaux parkings de délestage en centre-ville afin de réduire le trafic.

«Nous avons besoin de parkings en silos dans les quartiers», annonce quant à lui Steve Faltz du LSAP. «Si on arrive à sortir 200 à 250 voitures, là, on pourra parler de mobilité douce.» Les pirates, eux, sont favorables à des shared spaces (des espaces partagés) où tous les modes de transport cohabitent grâce à une signalisation particulière. «Il faut aussi développer le transport public», estime Sam Vagnarelli.

Esch 2022, réussite pour les uns, fiasco pour les autres

Le Bridderhaus fait partie des nouvelles infrastructures nées à la suite d’Esch 2022. (Photo archives Editpress/Tania Feller)

Placée sous le signe de la culture, l’année 2022 n’a pas conquis tout le monde. Pour Line Wies (déi Lénk), «Esch 2022, c’est une grosse fête néolibérale. L’inauguration a été un gros flop et au niveau du contenu, c’était complètement à côté de la plaque.» Selon elle, les institutions nées d’Esch 2022, comme la Konschthal, l’Ariston et le Bridderhaus, doivent être développées et disposer de plus de ressources. Le Bâtiment 4 doit être pérennisé et placé sous la responsabilité communale.

Steve Faltz n’est pas plus tendre avec l’année culturelle. «C’est un projet qui est passé à côté des Eschois, j’ai eu du mal à me retrouver dans ce programme mal structuré.» Le Parti socialiste souhaite donc soutenir plus fortement les associations culturelles locales et construire une Maison des associations où elles pourraient se retrouver afin d’organiser répétitions et manifestations. Une scène en plein air permanente est aussi au programme.

Dans la majorité, on se félicite au contraire de la réussite d’Esch 2022, en particulier les têtes de liste du DP, Pierre-Marc Knaff et Daliah Scholl. «En plus des quatre institutions créées, on a élargi notre stratégie culturelle. On a voulu que la culture tienne compte du développement durable, du bien-être de la population et l’ouvrir aux personnes à mobilité réduite.» Les libéraux veulent continuer sur cette dynamique et proposer, comme ils l’ont déjà fait cette année, une nouvelle enveloppe pour soutenir les acteurs culturels locaux.

«On a quand même eu 160 projets qui avaient le label Esch 2022. Et ce n’était pas seulement Esch, c’était tout le territoire Pro-Sud ainsi que la France», défend Georges Mischo qui souhaite lui aussi une Maison des associations ainsi qu’un centre culturel, notamment en réutilisant d’anciens bâtiments industriels. Déi gréng, enfin, veulent mettre en avant la culture participative et soutenir plus fortement les petites structures, «souvent bien intégrées dans les quartiers. La culture, ce n’est pas que les stars internationales et les grandes salles.»

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