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Esch : de nouvelles perspectives pour la rue de l’Alzette


«Il ne s’agit pas pour nous de tout raser et de tout refaire, mais de suivre une évolution», résume Perry Arrensdorff, de Papaya. (Photo : alain rischard)

La rue de l’Alzette s’apprête à changer de visage. C’est le projet du cabinet Papaya qui a été retenu pour redonner du souffle à cette rue commerçante en déclin. Début des travaux prévu en 2024.

La rue de l’Alzette, la plus longue rue piétonne du Luxembourg (quelque 900 mètres), va faire peau neuve et c’est un changement majeur qui s’annonce, le plus important depuis sa transformation en zone piétonnière dans les années 1990. Après une série d’enquêtes citoyennes menées en 2018 suivies de premiers aménagements, la commune d’Esch-sur-Alzette a lancé au début de l’été un concours pour redynamiser son artère principale et les rues qui lui sont perpendiculaires (Dicks, Gare, Libération…).

C’est le projet du cabinet eschois Papaya Urbanistes et architectes paysagistes, associés aux Allemands de Chora Blau, qui a séduit le jury composé de représentants de la commune, de membres de l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI) ainsi que de commerçants. Son approche de la planification et l’utilisation de l’espace urbain, ainsi que la «mise en scène cohérente du décor historique et les nombreux «ingrédients» d’ambiance», ont participé à faire la différence parmi les cinq candidats initialement retenus.

«Esch se remet en mouvement»

Le projet de Papaya, baptisé «Esch kommt in Schwung», ou «Esch se remet en mouvement», se veut mobile et évolutif. «Il ne s’agit pas pour nous de tout raser et de tout refaire, mais de suivre une évolution. La rue possède déjà une certaine identité qu’il faut faire ressortir», résume Perry Arrensdorff, urbaniste aménageur associé.

Cette idée de mouvement sera d’ailleurs clairement visible au sol grâce à des pavés de différentes couleurs qui serpenteront de la place de l’Hôtel-de-ville à la place de la Résistance et symboliseront les méandres du cours d’eau qui circule sous les pieds des piétons.

Le mobilier urbain sera mobile, afin d’être déplacé et rangé facilement et permettre ainsi de gagner de la place lors des manifestations. (Image : papaya/chorablau)

Car on l’oublie souvent, mais la rue de l’Alzette doit son nom à la rivière qui passe par-dessous! Une contrainte technique dont les urbanistes ont dû tenir compte, comme l’explique Laura Alldis, ingénieure paysagiste associée : «La rue a été canalisée entre 1855 et 1911. Ce réseau de canalisation prend beaucoup de place. Nous ne disposons donc que peu d’espace pour implanter des éléments. Et comme des travaux seront sans doute à prévoir dans l’avenir au niveau des canalisations et autres câblages, nous avons opté pour des pavés, qui peuvent être remplacés aisément, tandis qu’avec une coulée en béton, les travaux laisseraient des traces.»

De surcroît, «la rue de l’Alzette est une rue de manifestations et de rassemblement. La vie communautaire s’organise autour de cette rue. Pour cette raison aussi, il faut de la place», ajoute Perry Arrensdorff.

Les architectes ont donc choisi d’utiliser du mobilier urbain mobile, qui pourra se ranger facilement en cas de cavalcade ou défilé, et dont l’esthétisme fera écho aux lampadaires de Peter Rice pour plus d’harmonie. Des luminaires suspendus en forme de sphère de différentes tailles complèteront l’éclairage dans certains secteurs, par exemple devant l’Escher Theater et dans la partie étroite de la rue de l’Alzette. Quant aux arbres, si ceux déjà existants demeureront en place, les nouveaux seront désormais plantés dans des bacs.

Croisements à thèmes

Autre élément phare du projet : l’aménagement des croisements, qui correspondront chacun à une thématique différente. «Cela permettra aux gens de se repérer plus facilement pour se donner rendez-vous, mais permettra aussi aux automobilistes de comprendre qu’à partir de tel endroit, le piéton prime», indiquent les associés.

Ainsi, le croisement entre la rue de l’Alzette et la rue Dicks aura pour thème la «végétation»; celui de la rue Xavier-Brasseur, plutôt destiné aux enfants, aura pour thème les «jeux». L’«eau » marquera le croisement de la rue de la Libération et sera aménagé d’une fontaine et de jets, tandis qu’au croisement avec l’avenue de la Gare, dont le thème est celui de l’«écoute», des tuyaux permettront d’écouter l’Alzette couler. «Il y aura une terrasse centrale, au croisement de la Libération, où les gens pourront s’installer, sans être obligés de consommer», annonce Laura Alldis.

Le piéton au centre des réflexions

Si le piéton prime clairement dans ce nouvel aménagement, il y aura cependant toujours des places de parking dans les rues adjacentes à celle de l’Alzette. Elles seront réparties en alternance à gauche à droite, et plus seulement tout le long d’un même trottoir, pour plus d’ouverture.

«Nous avons pensé aux futurs aménagements possibles», signale Perry Arrensdorff. «Nous avons donc a fait attention à ce que sous chaque place de parking, il n’y ait pas de réseau de câbles ou de canalisation, de sorte qu’à terme, la voiture étant vouée à disparaître du centre-ville, des arbres pourront être plantés en lieu et place des stationnements. Tout est évolutif. Il s’agit de penser « durable« 

Papaya attend désormais que les autorisations soient délivrées par la commune. Les travaux devraient débuter au troisième trimestre 2024, s’effectuer par tronçons afin de ne pas bloquer entièrement le centre-ville, et durer approximativement trois ans et demi, selon le planning provisoire établi par la Ville d’Esch-sur-Alzette. «C’est un travail de longue haleine qui nous attend!», prévient Perry Arrensdorff.

Tous les croisements seront mis en scène avec un éclairage, dont le visuel produit pourra être transformé par la commune en fonction des évènements. (Image : papaya/chorablau)

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