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Une tache indélébile

De l’eau a coulé sous les ponts depuis un an. Entre les révélations de l’affaire LuxLeaks et ce mois de novembre 2015, le Luxembourg s’est racheté une conduite. Au lendemain du début des hostilités, Xavier Bettel et son équipe affirmaient que les rescrits fiscaux étaient légaux, mais peut-être pas éthiques. Depuis, il a associé les autres pays d’Europe au problème tout en faisant de la transparence une marque de fabrique pour le Luxembourg.

Reste cette tache indélébile, ce nom LuxLeaks définitivement associé au Luxembourg. Et ce ne sont pas les attitudes hautaines pour ne pas dire moqueuses de l’actuel ministre des Finances, Pierre Gramegna, ou du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, devant les députés européens qui vont aider à oublier que le Grand-Duché a vécu de ces rescrits fiscaux. Convoqués devant la commission TAXE, les deux hommes ont répondu à tout, sauf aux questions qui leur étaient posées. À présent, le Luxembourg joue la carte de la transparence, pour mieux glisser sous le tapis ces mauvais souvenirs.

Sauf que l’affaire ne sera sans doute terminée que le jour où la vérité éclatera entièrement, que ce soit dans la bouche de Marius Kohl, le célèbre préposé du bureau des sociétés numéro 6, dans celle de Luc Frieden, ministre des Finances jusqu’en 2013, de Jean-Claude Juncker, son célèbre prédécesseur ou de Pierre Gramegna, son successeur.

À quoi bon mener ce combat d’arrière-garde du secret fiscal quand les citoyens européens en appellent à la responsabilité de leurs élus. LuxLeaks, c’est un boulet que le Luxembourg traîne, et avec lui l’Europe. Une entrave qui empêche le continent d’avancer dans la sérénité. C’est surtout le signe que l’idéal européen n’est qu’une réalité partielle. Chaque pays sait, quand c’est à son avantage, profiter des lacunes des textes.

Peut-être parce que les États sont prompts à croire que l’argent vaut plus que les idéaux sur lesquels ils se sont construits. Que la parole des fiscalistes est d’or alors qu’elle n’est qu’airain.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)

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