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Un passeport local

Des terrasses ouvertes de 6 h à 18 h, des tables espacées d’un mètre cinquante l’une de l’autre, pas plus de deux clients par table sauf s’ils sont du même foyer, port du masque obligatoire évidemment pour le personnel qui sert… À partir du 7 avril, les cafés et restaurants du pays retrouveront quelques réflexes du quotidien. Mais nous serons loin de l’ambiance qui prévalait avant le début de la pandémie. Sans compter que beaucoup d’établissements ne pourront pas installer de terrasse, n’ayant pas assez de place pour la disposer devant leurs fenêtres. En Allemagne, à Tübingen (lire également en page 6), la commune a décidé d’arrêter de se demander quels commerces pouvaient ouvrir et dans quelles conditions. Elle a inventé le passeport sanitaire local où, pour résumer, tous ceux qui sont testés «négatif» reçoivent un Tagesticket, un sésame qui leur permet d’ouvrir toutes les portes des commerces sans restrictions, de se rendre au cinéma ou de profiter d’une pièce de théâtre. Bref, vivre.

Alors que l’Union européenne se penche sur la création d’un passeport sanitaire pour voyager d’un pays à l’autre, la petite ville de Tübingen va encore au-delà et autorise une partie de la population de passer d’un magasin à l’autre. Certains disent que c’est un progrès dans la lutte contre la pandémie… c’est évident si seulement on a passé le test. Dans la ville de Tübingen, il y a dorénavant plusieurs classes de citoyens qui cohabitent et qui n’ont pas les mêmes avantages. Malgré ses défauts, le système séduit outre-Moselle. La Sarre, par exemple, compte l’utiliser pour desserrer l’étau des restrictions liées au coronavirus dès le début de la semaine prochaine.

On imagine la routine qui va se mettre en place peu à peu tous les jours chez nos voisins sarrois : on se lève, on boit son café, on prend sa douche, on se brosse les dents et, pour profiter d’une vie normale, on va se faire tester. Si c’est vraiment ça le «monde d’après» il y a de quoi avoir peur… Vivement que la campagne de vaccination prenne de la vigueur sur le continent européen et permette de réduire la pression du nombre des contaminations. Sinon, certains inventeront un passeport pour avoir le droit de passer d’une rue à l’autre.

Laurent Duraisin

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