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TINA va mal

Camouflet pour Theresa May et victoire pour Jeremy Corbyn. La Première ministre était partie en campagne la fleur au fusil, persuadée que son intransigeance face à l’UE et son projet de saignée sociale lui apporteraient un triomphe facile. Le leader travailliste était promis à une cuisante défaite, y compris, dans son camp, par les tenants de la «troisième voie» libérale de Tony Blair qui ont multiplié les tentatives de putsch à son égard depuis 2015. À chaque fois, Corbyn a surmonté l’obstacle, renforcé par la base d’un parti qui, sous sa direction, a renoué avec ses fondamentaux de gauche.

Tout un chacun salue la qualité de la campagne menée par l’ancien syndicaliste, proche des gens, «chic type» doté d’une intégrité devenue rare en politique. Son projet social, ses propositions positives, ont fait la différence avec May, le Brexit étant passé au second plan dans une campagne par ailleurs émaillée d’attentats. La promesse de mieux répartir les richesses touche une part grandissante des électeurs dans un pays où, comme ailleurs, les inégalités se creusent alors que les indicateurs économiques sont au beau fixe.

Dans ce sens, ce score du Labour marque une rupture dans l’histoire politique britannique de ces 40 dernières années. Le credo de Margaret Thatcher, selon qui la seule politique possible est néolibérale et dérégulatrice, s’était imposé à tous au Royaume-Uni. Connu sous la forme de l’acronyme TINA pour «there is no alternative» (il n’y a pas d’autre choix), cette posture purement idéologique a contaminé l’Europe, jusqu’aux sociaux-démocrates et socialistes qui y perdent leur électorat.

L’idée selon laquelle les intérêts de classe ont disparu est battue en brèche par le résultat de Corbyn, tout comme elle l’est dans l’Hexagone par la France insoumise ou comme l’a montré Bernie Sanders pendant la primaire démocrate aux États-Unis. Cette gauche qui émerge, porteuse d’idées nouvelles, grandit au fil des scrutins, se jouant des diatribes et caricatures dont l’affublent ses adversaires politiques et une partie des médias. Comme si la «belle machine» du TINA s’enrayait.

Fabien Grasser

Un commentaire

  1. Bon sang Fabien vous avez fumé la moquette de la salle de rédaction ou quoi ?

    Ok, Jeremy Corbyn a fait un joli score mais en attendant Theresa risque de rester aux commandes un certain temps.

    En France, la gauche est morte et il est probable qu’on n’entendra plus parler de Mélenchon avant les prochaines présidentielles… Bernie, après avoir flingué les espoirs d’Hillary, restera aussi inaudible pour un bon bout de temps. Podemos et Syriza implosent, idem pour le PS en Belgique. Et j’en passe.

    Qu’est ce qu’il nous reste alors ? Ah, oui Mère Angela qui redistribue largement les richesses de l’Allemagne aux réfugiés et à la Grèce. Et les Allemands aiment tellement ça (l’austérité et le partage) qu’ils vont réélire Mutti sans la moindre hésitation.

    Autrement, il reste la méthode Coué. Allez, reprenez après moi : c’est la luuuutte finaaale…etc.

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