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Se protéger du protectionnisme?

« USA : toute-puissance qui possède les deux tiers des autos, la moitié des engins nucléaires, le quart de l’acier et la quasi-totalité des emmerdements du monde », écrivait en 1981 l’économiste Georges Elgozy dans son Antidictionnaire. Une définition amusante, mais, à part le peu glorieux poids de son arsenal nucléaire, périmée.

En effet, que pèse désormais la puissance américaine quand on considère sa dette irremboursable (20 000 milliards de dollars) détenue en bonne partie par la Chine? Chine qui l’a détrônée sur le podium des premiers producteurs d’automobiles… mais aussi d’acier. Or, sur l’acier justement, les États-Unis viennent de prouver qu’ils concentrent – ou plutôt provoquent – toujours la quasi-totalité des emmerdements du monde.

Ces derniers jours, la main de fer américaine fait trembler l’acier luxembourgeois. Il est en effet menacé par les récentes déclarations de Donald Trump, qui souhaite taxer les importations d’acier (à 25 %) pour protéger son économie. «Une idée qui n’est pas des meilleures à nos yeux», réagissait lundi le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn. On peut comprendre sa fébrilité. La déclaration de guerre commerciale américaine, en plus de faire hurler de Bruxelles à Pékin, menace directement le secteur sidérurgique luxembourgeois, dont 10 % de la production s’en va rejoindre les gratte-ciels américains.

Mais surtout, cette négation du libre-échange vient alimenter un phénomène mondial grandissant, généralement redouté par les économistes et plébiscité par les populistes : le protectionnisme.
Or, au Luxembourg, le libre-échange n’est pas un débat. C’est l’ADN du pays : en 2016, 83,3 % de notre croissance économique était imputable au commerce extérieur, et l’Union européenne était la destination de 82 % de nos exportations et l’origine de 87 % de nos importations.

Certes, le protectionnisme n’est pas toujours un vilain mot. D’ailleurs, il est déjà appliqué par la plupart des pays qui dénoncent la décision américaine, à commencer par la Chine. Mais au Luxembourg, où la prospérité repose entièrement sur la mondialisation, son retour serait le pire des scénarios.

Romain Van Dyck

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